Franck Andersen

Le souvenir crée des sensations. Elles affluent, dans une large gamme : les personnes ont chaud ou froid, elles ont l’impression de flotter ou d’être étouffées… Tout est un peu possible, et tout est souhaitable. C’est seulement ici que le travail s’effectue. Cette « chambre » d’écoute est la bonne puisque c’est celle du sensoriel, c’est là où l’amygdale fonctionne.

Lorsque le cerveau perçoit dans la réalité un événement défavorable, alors, de façon automatique, archaïque, une pensée envahit l’esprit : « C’est dangereux, je ne vais pas m’en sortir ». Ensuite vient l’émotion, un sentiment de peur. Puis, quasiment en même temps, une sensation de malaise se diffuse dans le corps : le cœur s’accélère par exemple. Et le comportement inadapté s’ensuit : la fuite ou la lutte, comme nous l’avons vu.

Comme dans d’autres protocoles, nous allons travailler à la source, au centre du cerveau, dans la région de l’aire tegmentale ventrale et plus exactement au niveau de l’amygdale, le siège de l’émotion et de la mémoire émotionnelle. Nous nous attacherons au langage du corps, de l’inconscient, à tous ces éléments palpables qui échappent à la raison et à l’analyse. Car là est la porte d’entrée pour régler profondément le problème, pour « dissoudre » l’émotion. Pour, comme le nom de la technique l’indique, la « résoudre ».

On dit souvent qu’il n’y a pas de problème sans solutions, mais, en réalité, il n’y a pas de difficulté sans émotions. Et ça tombe bien parce que celles-ci sont le début de la solution. La résolution émotionnelle propose donc de partir de l’émotion elle-même, de mettre un mot dessus, puis de reconnaître les sensations qu’elle suscite pour mieux les intégrer.

La peur est une émotion archaïque, qui survient quand un danger est perçu. Elle nous envoie ce message de menace pour que nous y réagissions et que nous mettions tout en œuvre afin de rester en vie coûte que coûte. Et cette mécanique est valable qu’il s’agisse de la peur de l’avion, des araignées, des fantômes, mais aussi de la peur du vide, de l’ennui, du noir, ou encore de la peur de l’amour, du conflit, de la prise de parole en public, la liste est longue, peut-être même infinie.

À l’origine de nos difficultés, il y a toujours une émotion. Et, très souvent, celle-ci est une peur. Quelques secondes ou quelques heures plus tard, mais aussi quelques jours ou quelques années après, cette peur initiale donnera lieu à d’autres sensations et sentiments. Reprenons nos exemples. Évidemment, coincés dans notre voiture, nous craignons d’être en retard, nous nous inquiétons des conditions dangereuses de circulation, etc.

La peur. Nous nous sentons anxieux, angoissés, effrayés, inquiets, terrifiés, craintifs, horrifiés, préoccupés, méfiants…
La colère. Nous nous sentons agacés, contrariés, agités, froissés, irrités, hostiles, agressifs, furieux, exaspérés…
La tristesse. Nous nous sentons déçus, chagrinés, désolés, navrés, abattus, blessés, accablés, mélancoliques, désespérés…
La joie. Nous nous sentons heureux, excités, euphoriques, passionnés, amoureux, contents, enchantés, réjouis, satisfaits…
Le dégoût. Nous nous sentons intimidés, irritables, méprisants, amers, aigris, blessés, écœurés, répugnés, désabusés…
La surprise. Nous nous sentons étonnés, impatients, sidérés, stupéfaits, troublés, ébahis, curieux, interdits, médusés…

Pour l’heure, admettons que toute difficulté, quelle qu’elle soit, se manifeste, se traduit par une émotion. Et notre première tâche, notre premier pas, doit être justement de reconnaître que ce n’est pas tant la situation, certes problématique, qui nous pose problème sur le long terme, mais les conséquences émotionnelles qu’elle induit sur le moment. Nous pourrions réagir autrement que par du stress, ainsi coincés dans la voiture. Ou prendre du recul face à ce collègue que, par ailleurs, nous n’apprécions pas beaucoup.

Nous sommes tous des êtres émotifs. De notre premier cri à notre dernier souffle, le jour comme la nuit, dans les instants de bonheur comme dans les moments difficiles, nous sommes bouleversés par une foule d’émotions. Certaines sont agréables, douces ou joyeuses. Alors nous les chérissons, nous essayons de les retenir. D’autres, en revanche, sont plus inconfortables, complexes ou douloureuses.

Quand l’émotion est si forte qu’elle rejaillit au quotidien sans qu’on s’y attende, sans que l’autre, qui lui-même se débat avec ses propres états d’âme, ne puisse l’apaiser, n’y a-t-il pas urgence à en prendre soin ? Les situations de crise ne manquent pas. Sans théoriser plus avant sur les risques d’anxiété, de violence, ou de dépression qui aujourd’hui augmentent, il apparaît important de se soucier de sa santé émotionnelle. Et de se libérer de valises trop pleines, trop lourdes à porter pour soi ou pour l’autre puisque, las, on les lui aura données.
Ce qui nous empêche de vivre, ou du moins nous limite, nous bride, nous fait régulièrement passer en mode « survie », c’est la peur. Or celle-ci peut être aisément désactivée. Pourquoi ne pas essayer ? La RE est une harmonisation progressive de soi. Un nettoyage de son passé douloureux pour un avenir plus libre. Vous vous dites peut-être que vous avez tout essayé ? Que rien n’y fait et que vos angoisses persistent ? Qu’il n’y a aucune solution ? La RE est une nouvelle solution.

La résolution émotionnelle est une capacité naturelle de l’être humain à réguler l’émotion au moment même où un choc, quel qu’il soit, attente à notre sécurité, notre identité, bref, notre intégrité – pour ne pas dire notre vie, de façon réelle ou symbolique. Notre cerveau est parfaitement en mesure de « digérer » l’information, et il est capable de faire avec la peur, la colère ou la tristesse.

Ce que nous cherchons aujourd’hui est avant tout la performance. La simplicité, la rapidité, l’efficacité, voilà ce après quoi nous courons. Tout va très vite, nous sommes ultraconnectés, bombardés d’informations en continu, les tâches à exécuter se multiplient, la distance n’est plus que virtuelle, même si le sentiment de solitude persiste. N’en jetez plus, l’agenda est plein !