J'ai alors imaginé ce que pouvait être la grande obscurité d'avant ma naissance, une éternité qui avait pris fin au moment où j'étais sortie du ventre de ma mère, et aussi une autre éternité qui allait naitre après ma mort, et qui aurait pas de fin, celle-là. J'étais coincée entre ces deux éternités, à penser à la folie que c'était de sortir quelqu'un d'une éternité paisible pour le rendre conscient de la prochaine, tout ce temps passé à pas comprendre pourquoi on est au monde tous autant qu'on est, pourquoi on tient tant à la vie, à essayer de toujours repousser le grand mur de la mort, alors qu'il suffirait peut-être bien de l'escalader, ou de passer à travers pour plus se poser de questions. Parce que vivre, c'est précisément être coincé entre deux éternités, la première qu'on n'a jamais eu à choisir et la deuxième qui est l'œuvre de Dieu, à ce qu'on dit.