Si on ne conteste pas mon tempérament artistique, on m'en veut de m'y adonner entièrement, comme s'il se fût agi chez moi non d'un métier mais d'un vice. Pour beaucoup de monde, un artiste ne le devient vraiment que lorsque le commerce de son art atteint une rentabilité socialement acceptable, un revenu équivalent ou supérieur à un SMIC. Montant en deçà duquel il reste un dilettante, c'est-à-dire quelqu'un de pas sérieux, vaguement prétentieux, un jean-foutre.
Je ne suis pas de ces hommes qui vont souvent au théâtre, au cinéma, voir des expositions. Je suis contaminé par l'amour de l'art de l'intérieur. J'aime moins en consommer qu'en produire. Naufragé sur une île déserte, je sculpterais mes noix de coco au lieu de les manger.
Je donnerais cher pour ne pas être artiste.