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Citations de Franck Courtès (144)


Il aime ça, la littérature. Pour un peu il me sortirait l'apéritif et les olives. Il veut me la prouver là tout de suite sa culture, avec une chouette liste de lecture, Céline, Proust, Balzac, qu'il faut absolument relire, et Houellebecq à la fin, comme s'il annonçait les stations de métro d'une ligne. Oui, Houellebecq, répète-t-il dans un demi-sourire. C'est son terminus.
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Depuis ce jour du mariage, comme chez beaucoup de gens, on ne parlait plus d’amour. On s’aimait, mais on n’en parlait plus. On n’avait pas les mots. On ne le montrait pas non plus. Sans doute parce que ça allait de soi. C’était une évidence, ça avait été signé devant le curé, à la mairie, pas besoin d’y revenir. D’avoir fait la fête pendant deux jours avec les copains, la famille, en costard, d’avoir toutes ces images où on s’embrassait devant cet imbécile de photographe, ce n’était plus la peine de jouer aux amoureux. Tout le monde avait eu la preuve sur papier glacé. Nous avions repris le travail le lendemain et nous n’avions plus reparlé d’amour….. Quand je rentrais le soir du travail, elle m’était devenue aussi familière que la télé ou la table basse du salon : je la retrouvais à sa place.
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Je découvrirais au fil des années qu’il est impossible d’obtenir d’une femme ou d’un homme politique quelque chose de vrai, car leur vie entière est consacrée au rôle que leur charge leur impose. Une forme de comédie dicte leur conduite officielle. À leur image intime toujours se substitue leur image publique et, au-delà d’elle, celle d’incarnation d’idées politiques. Je devinais sur ces visages à l’expression contrôlée l’effroyable abnégation, la folle renonciation à leur véritable personnalité, et ce n’était pas sans une certaine pitié que je mettais fin à leur supplice face à mon objectif. Je sentais que mon travail participait de cette dommageable mascarade. Je savais, moi si soucieux de liberté, que je contribuais à les éloigner de la leur.
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İl faut laisser les enfants grimper aux arbres ; pour un qui se cassera la figure, neuf verront l’horizon.
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Je vais rentrer chez moi sans avoir gagné un sou. A même le trottoir, sur un carton et des linges, une femme en jupe longue et doudoune décolorée tend la main aux passants. Devant elle un gobelet contient quelques pièces que je lui envie un instant. Son regard trop plaintif, sa geignardise toute professionnelle m'agacent. Contre son flanc, d'une couverture sale émerge la tête brune d'un enfant. Son regard est sincère, c'est-à-dire dur, hostile, lourd d'un malheur caché, à l'opposé des lamentations de sa mère. Il regarde le monde avec une haine tranquille, comme n'importe quel exclu devrait le faire.
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Ces comédiens qu’on ne connaît qu’en scène, pleins de vies et de drames, et à qui on prête maintes personnalités fallacieuses, il était toujours un peu déconcertant de les découvrir « dans la vraie vie », sans le relief attendu, comme si quelqu’un les avait éteints. Souvent, j’avais l’impression d’avoir en face de moi non pas l’actrice ou l’acteur, mais quelqu’un de tout juste ressemblant.
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Construire, chercher quelque chose au-delà d’un revenu était un but. Un chien creusant le sol ne prend-il pas autant de plaisir à gratter la terre qu’à y trouver un os ? Cette forme de bonheur qu’on rencontre dans le travail en lui-même se moque du salaire, elle ne réside pas dans la réussite ou non d’un projet mais dans la satisfaction que procure la quête.
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Écrire, c’est un métier où on voit pas l’effort. Surtout au niveau des vêtements.
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L’industrie agro-alimentaire bouleversait le rapport des paysans à leur terre. Ils exigeaient de celle-ci des rendements que seul l’emploi de produits chimiques pouvait assurer. On lisait moins le ciel et les nuages que les étiquettes des bidons de produits dopants. Le vent, la pluie et le soleil moins craints que le banquier. On ne voulait pas mieux, on voulait plus.
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Souvent, ma véritable identité est un lourd bagage à porter. Je force le photographe que j'étais, l'écrivain que je suis à s'user les genoux dans des salles de bain malpropres, je plonge ses mains dans la crasse des autres, je l'oblige à exécuter des travaux sans rapport avec sa véritable vocation. Comme si l'épanouissement artistique était conditionné à l'acquittement dans la douleur d'une quelconque dette.
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....quelqu’un demande à un homme s’il croit en Dieu. Le type lui répond : ça dépend de ce que vous entendez par Dieu.
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....tout lieu pouvait faire image pour peu que l’on cherchât bien, car chaque espace contient en lui une photogénie à découvrir.
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Je passais parfois pour un libre penseur, mais cette liberté s’apparentait à un emplacement de parking disponible plutôt qu’à une véritable indépendance d’esprit.
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Je photographiais la politique, la littérature, la peinture, la musique, le sport, les métiers rares, l'entreprise, les puissants, les anxieux, les méchants. (...)
Pièce après pièce, à la manière d'un gigantesque puzzle, le monde se révélait à moi. (p. 152)
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J'aimais beaucoup, grâce au temps nécessaire du développement, ne pas voir immédiatement le résultat de mes recréations. Je rentrais chez moi avec l'impression d'avoir fait l'école buissonnière, quelque bêtise de collégien. Après une prise de vue, je sentais mon appareil photo plus lourd, empli de transfert d'une puissance, ensemencé. Je me hâtais vers la maison, de crainte que les images prises à l'intérieur ne s'en échappent comme les génies des lanternes. (p. 139)
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À l’adolescence, alors que les adultes ne le prenaient plus pour un enfant, ni les filles encore pour un homme, Quentin continuait d’aller pêcher dans les douves, malgré l’interdiction de son père. Une fois, il disparut presque une nuit entière. Hubert, soupçonnant une histoire de fille, raisonna sa femme inquiète : —Qu’il en profite ! Il ne sait pas ce qui l’attend plus tard !
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Cette année, la Plateforme a profité du mois d’août pour apporter quelques changements à son règlement. Dorénavant, bénéficier d’une meilleure exposition auprès des clients et obtenir un passe-droit sur certaines missions plus rémunératrices est conditionné au versement préalable de cent euros mensuels. Somme perdue si je ne réussis pas à travailler suffisamment pour l’amortir.
Les concepteurs ont bien gambergé, c’est beau à voir, tant de maîtrise des comptes, tant de génie dans l’avidité. À vingt euros en moyenne par mission, l’entier bénéfice des cinq premières interventions du mois va directement dans les poches de la Plateforme avant que je ne touche un centime.
Ces dirigeants d’un nouveau genre, parfaitement adaptés à leur époque et au nouveau monde, incapables de formuler une seule phrase, un seul slogan sans l’égayer d’un mot d’anglais, manie plus servile que savante, ces dirigeants épanouis ont trouvé dans le chômage des autres de quoi prospérer.
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Au bout du village, c'était la campagne où l'on disait qu'il n'y avait plus rien. Combien de fois ai-je entendu dire d'un terrain bâti qu'il "n'y avait rien ici, avant?" Il y avait pourtant tout, des arbres, des prés, des insectes, de l'eau, des bruits la nuit à vous faire dresser les poils. "Rien?" Et l'espace libre? À l'heure des espaces de tout, espace beauté, espace détente, espace loisir, comment pouvait-on vouloir détruire " l'espace espace? " Un lieu précieux, ni géré, ni surveillé, pas javellisé, où l'on sentait bien l'espace justement, la vie sans nous, où l'on pouvait encore se croire individu, unique, où l'on pouvait voir l'invisible.
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Certes, on demandait à la photographie de raconter le monde, mais elle devait aussi à mon avis assumer sans compromis son extraordinaire pouvoir poétique. (p. 149)
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L'appartement avait pris des airs de crèche, les pièces envahies de jouets. Partout où les enfants passaient, ils laissaient derrière eux les traces d'un saccage. En plus de dévaster le salon, de vandaliser les murs de leurs chambres, ils nous épuisaient. Leurs cris comme des alarmes, jour et nuit! Terrifiant. Dans la rue, Catherine et moi ne pouvions plus laisser nos mains se rencontrer. Possédée par son rôle de mère, elle portait les enfants, moi les courses.(...) Heureusement, avec le temps, les choses s'étaient calmées, et puis surtout il y avait eu la rentrée des classes. Les enfants allaient empoisonner quelqu'un d'autre, une institutrice bien gentille, mal payée, en meute, trente par classe. Mes gosses, on me les aurait taxés pour la peine qu'ils lui donnaient, j'aurais pas rouspété.
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