Jorge Luis BORGES et
John MARTIN : fini mundi
Dans le
jardin du Désert de RETZ,
Olivier BARROT parle de l'ouvrage publié par
Franco Maria RICCI, éditeur de la revue FMR, "Fini Mundi",
recueil de
textes de JL
BORGES et de tableaux du
peintreJohn MARTIN.
D'année en année, au fur et à mesure que s'impose la répudiation de tout produit artistique dépourvu du label de l'avant-garde, l'art de Tamara échoue lui aussi, temporairement, dans les « poubelles de l'histoire », du moins l'histoire de la peinture internationale. Semblablement, dans ces mêmes poubelles, ont abouti on ne sait combien d'imperturbables figuratifs, Balthus et Deineka, Edward Hopper et Anton Raederscheidt, Paul Delvaux, Raphaël Soyer et Alberto Martini, aussi bien que tous faits, choses, personnes relevant d'une grande illusion apostate.
Ce qui retient dans ses tableaux c'est, chez les sujets représentés, la densité de la chair, cérébrale, et immédiate : plus exactement, une synthèse acrobatique du logos et de l'éros, du gel et du feu, qui inspire jusqu'à des rapprochements avec Ingres, avec les apprentis maniéristes de chez Raphaël, avec des proto- romantiques parmi les plus achevés. La singularité des nus et des portraits de Tamara de Lempicka (l'anthropomorphisme est, chez elle, manie, voire obsession) tient avant tout à une mise en page qui les révèle d'emblée et avec éloquence.
Il serait quand même trop restrictif d'inscrire l'œuvre de Tamara de Lempicka dans un catalogue de l'art post cubiste et classico-déco. L'intensité psychique et somatique de ses modèles, de leurs méta-anatomies et tics, pour ne pas dire rictus, cristallisés dans les visages,
introduisent dans sa manière l'outrance très particulière de la « Neue Sachlichkeit ».