1 livre 1 jour présenté par Olivier Barrot
Le voyage en Savoie - Maurice Chappaz
Le dernier cours est toujours un peu mélancolique. Demain, vous ne serez plus des élèves, vous serez des premiers prix. Vous irez, les uns au français, les autres sur les Bouleverds. Ceux qui n'ont pas de talent iront au cinéma.
Lambertin (Louis Jouvet) à ses élèves dans "Entrée des artistes" , 1938.
Ils se sont tant aimés, ces deux-là. Lucien Guitry et son fils cadet, Sacha, se ressemblaient fort, ne plaçaient rien au dessus du travail et du Théâtre. Mimétisme, influence, identité même. Les deux sont de grands gaillards ; le père, plus sanguin, le fils, plus ironique.
Des natures l'un et l'autre, cependant.
Le premier interprète aussi bien le répertoire que les contemporains, l'autre ne jouera jamais que ses propres pièces.
Entre eux, une admiration réciproque, un éclat héréditaire.
(présentation de "Le fils", premier chapitre du volume paru aux éditions "Gallimard" en 2007)
On ne sort pas indemne de la fréquentation précoce de la littérature. Dans une de ses pièces les plus noires, -Un sujet de roman-, Sacha Guitry dit à peu près que la littérature rend fou parce que c'est ce qu'il y a de plus beau. Fou, je ne sais. Mais qu'elle soit ce qu'il y a de plus beau, j'en ai la conviction. (p. 17)
Comme klee, avec qui il s'adonne volontiers au violon, Feininger ressent intuitivement l'absolue supériorité de la musique sur les autres arts, peinture comprise, son immanence. Il parle d'une "soif de sons". (p. 52)
De ce milieu du monde, agité, frénétique, innombrable, le livre m'isole le temps que je lis. Il me coupe du monde pour me le redonner. (p.10)
Mesure-t-on suffisamment l'étendue de liberté que confère la lecture ? Daniel Pennac a très bien dit qu'entre les mains de son lecteur, le livre devient le réceptacle du libre arbitre, de l'imaginaire, de la fantaisie de celui qui le tient. (...)De ce milieu du monde, agité, innombrable, le livre m'isole le temps que je lis. Il me coupe du monde pour me le redonner. Des milliards d'êtres alentour et un lecteur unique, seul, nécessairement. Quel voyage ! Et quelle éloquente parabole de la condition humaine ! (p.11)
Bellissime et succulentissime Simone ! Impératrice des fortif's, des bastringues et des guinguettes, sa sensualité, semblable à un fruit parvenu à sa parfaite maturité transforme la vraie Casque d'or en un objet adorable et violemment disputé.
Les acteurs de l'avant guerre ? Une troupe, unie par le souvenir qu'ils nous ont laissé, et l'ombre de leurs films toujours visibles. Un demi-millier de noms... Certains sont des vedettes encore illustres, d'autres des silhouettes entrevues mais remarquée. Des amis proches.

Frédérick Lemaître a tâté de la pantomime chez Debureau. À l'Ambigu qui, à l'instar de la Porte-Saint-Martin sacrifie au mélodrame, son succès est éblouissant tant il déploie de verve en dynamitant son rôle lacrymal de L'Auberge des Adrets. Il décide d'adopter une tenue de "vagabond dandy". La Porte-Saint-Martin l'engage aussitôt pour donner la réplique à Marie Dorval dans Trente ans ou la vie d'un joueur de Ducange et Goubaud. Le critique Jules Janin encense les deux artistes dans son feuilleton : "Il avait la violence, elle avait le charme, elle était aimable, il était terrible." Le Romantisme montre le bout de l'oreille. Marie Dorval crée avec éclat Antony. L'auteur, Alexandre Dumas, s'extasie : «Elle fait oublier l'illusion à force d'illusion, [...] ne laisse pas respirer un instant le spectateur, l'effraie de ses craintes, le fait souffrir de ses douleurs et lui brise l'âme de ses cris, au point qu'elle entende dire autour d'elle : "Oh, grâce, grâce, c'est trop vrai !"»
Chapitre Premier - Les boulevards, le Boulevard : 1815-1862
Des centaines de pages de texte et d'illustrations, c'est un demi-siècle de fréquentation des oeuvres, des gens et des lieux de cinéma qui les a inspirées, et à défaut d'une omniscience encyclopédique, on m'accordera je l'espère un enthousiasme manifeste.