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François Bourgeat : L'
angoisse du bonheur]
Au
café "Le Rostand", à Paris,
Olivier BARROT reçoit
François BOURGEAT pour la présentation de son
roman "L'
angoisse du bonheur".
Qui l'a vu ? Qui l'a su ? Qui l'a dit ?
Quel romancier, quel rimailleur, quel dramaturge a édifié son oeuvre sur le caractère épique des français ?
Pas Voltaire, ce sceptique, trop occupé à faire des bons mots.
Pas Racine, cet anxieux, trop occupé à démêler les sentiments des dames.
Pas Corneille, ce forgeron, trop occupé à faire sonner le vers.
Alors qui ?
Trois poètes, pas un de plus.
D'Aubigné, jadis. Hugo, naguère. Et, éternellement, Dumas....
(extrait de "l'avant-scène Théâtre" n° 722 parue en janvier 1983)
Le lendemain, à dix heures du soir, Dumas rendait à Dieu sa grande âme chaleureuse. Victor Hugo, dès qu'il connut cette mort, écrivit ceci :
"Aucune popularité en ce siècle n'a dépassé celle d'Alexandre Dumas. Ses succès...ont l'éclat de la fanfare. Ce qu'il sème, c'est l'idée française. Alexandre Dumas séduit, fascine, intéresse, amuse, enseigne. De tous ses ouvrages, si multiples, si variés, si vivants, si charmants, si puissants, sort l'espèce de lumière propre à la France".
Comme ils avaient raison, Alexandre Dumas fils et Victor Hugo ! Près d'un siècle a passé : l'oeuvre du bon géant est là, prodigieusement vivante. Ses héros caracolent entre des pages toujours fraîchement imprimées.
Et ils s'appellent d'Artagnan, Porthos, Athos, Aramis, tous ils sont un peu Dumas.
Un souhait souvent avait été exprimé par Alexandre Dumas : devenir l'ami de ses lecteurs. C'est fait.
(extrait de l'introduction signée Alain Decaux et insérée au début du volume paru aux éditions rencontre - Genève)
Planchet
-. Cela sonne creux ?...Il y a là une trappe dessous
(il se penche, rejoint par d'Artagnan, sonde et effectivement manoeuvre une trappe) - Cris de joie -
-. Monsieur, voyez ce paradis !
D'Artagnan
-. La réserve de monsieur Bonnacieux !...Du jambon fumé ! du poulet ! du fromage ! du vin !... Monsieur Planchet, vous ne pensez pas, j'espère descendre par cette trappe pour faire vos provisions.
Planchet
-. Fi donc ! Ce serait voler !...Non, ce sont les provisions qui vont monter jusqu'à nous....le temps de jeter ma ligne...voilà
(Planchet plonge dans la trappe et ramène un jambon)
-. Hop !...un jambon fumé....
(extrait du neuvième tableau de la première partie de la version scénique des "trois mousquetaires" réalisée par François Bourgeat et Pierre Laville au théâtre national de Marseille en 1982 et parue dans l'avant-scène théâtre n° 722 du 15 janvier 1983)
Première Partie - Tableau 1
(Chez monsieur d'Artagnan père, non loin de Tarbes)
d'Artagnan père -. Allez à Paris, mon fils, allez à la cour. Faites votre fortune.
C'est que nous ne sommes plus riches, mon fils.
Je vous donne notre cheval. Il est né voici treize ans dans la maison de votre père, qu'il n'a jamais quittée. Tout jaune qu'il est, sans crins à la queue, et marchant tête plus bas genoux, il peut vous porter huit lieues par jour.
Ne vendez jamais cet ami à poil étrange, qu'il meure de son âge en honorable paix, et si vous vous en allez en guerre avec lui ménagez le tel un vieux serviteur.
N'oubliez pas non plus notre belle langue du Béarn, ni notre accent gascon, dont notre roi Henri IV ne parvint pas à se défaire, et que, pour ma part, j'ai perdu en étudiant la stratégie dans les écoles parisiennes de sa majesté.
Soyez-vous même mon fils.
Notre ancienne noblesse vous donne droit d'entrée à la cour.
Là, soutenez dignement votre nom de gentilhomme, faites l'y sonner : d'Artagnan.
Depuis plus de cinq cents ans, vos ancêtres le portent avec bonheur.
Ne supportez jamais rien que de monsieur le cardinal et du Roi, les seuls à pouvoir vous être utiles.
Vous êtes jeune, soyez brave.
Soyez brave pour deux raisons : la première c'est que vous êtes gascon ; la seconde, c'est que vous êtes mon fils.
Je vous ai appris à manier l'épée. Vous avez un jarret de fer, un poignet d'acier. Ne craignez pas les occasions et cherchez les aventures.
Battez-vous. Battez-vous à tout propos. Battez-vous d'autant plus que les duels sont défendus, et que par conséquent, il y a deux fois du courage à se battre.......
(lever de rideau de la pièce extraite de "l'Avant-Scène Théâtre" n° 722 paru en janvier 1983)