AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de François Coppée (83)


François Coppée
A tes yeux

Telle, sur une mer houleuse, la frégate
Emporte vers le Nord les marins soucieux,
Telle mon âme nage, abîmée en tes yeux,
Parmi leur azur pâle aux tristesses d’agate.
Car j’ai revu dans leur nuance délicate
Le mirage lointain des Édens et des cieux
Plus doux, que ferme à nos désirs audacieux
La figure voilée et sombre d’une Hécate.

Hélas! courbons le front sous le poids des exils!
C’est en vain qu’aux genoux attiédis des amantes
Nous cherchons l’infini sous l’ombre de leurs cils.

Jamais rayon d’amour sur ces ondes dormantes
Ne vibrera, sincère et pur, et les maudits
Ne retrouveront pas les anciens paradis.
Commenter  J’apprécie          550
François Coppée
Etoiles filantes

Dans les nuits d’automne, errant par la ville,
Je regarde au ciel avec mon désir,
Car si, dans le temps qu’une étoile file,
On forme un souhait, il doit s’accomplir.

Enfant, mes souhaits sont toujours les mêmes :
Quand un astre tombe, alors, plein d’émoi,
Je fais de grands voeux afin que tu m’aimes
Et qu’en ton exil tu penses à moi.

A cette chimère, hélas ! je veux croire,
N’ayant que cela pour me consoler.
Mais voici l’hiver, la nuit devient noire,
Et je ne vois plus d’étoiles filer.

L’Exilée (1877)
Commenter  J’apprécie          541
François Coppée
Aubade

L'aube est bien tardive à naître,
Il a gelé cette nuit;
Et déjà sous ta fenêtre
Mon fol amour m'a conduit.

Je tremble, mais moins encore
Du froid que de ma langueur;
Le frisson du luth sonore
Se communique à mon cœur

Ému comme un petit page,
J'attends le moment plus sûr
Où j'entendrai le tapage
De tes volets sur le mur;

Et la minute me dure
Où m'apparaîtra soudain,
Dans son cadre de verdure,
Ton sourire du matin.
Commenter  J’apprécie          382
Décembre

Le hibou ; parmi les décombres ;
Hurle, et Décembre va finir ;
Et le douloureux souvenir
Sur ton coeur jette encor ses ombres.

Le vol de ces jours que tu nombres
L'aurais-tu voulu retenir ?
Combien seront dans l'avenir
Brillants et purs ; et combien, sombres ?

Laisse donc les ans s'épuiser
Que de larmes pour un baiser,
Que d'épines pour une rose !

Le temps qui s'écoule fait bien ;
Et mourir ne doit être rien,
Puisque vivre est si peu de chose.
Commenter  J’apprécie          211
François Coppée
******

BRUNE

Sur le terrain de foire, au grand soleil brûlé,
Le cirque des chevaux de bois s’est ébranlé
Et l’orgue attaque l’air connu : « Tant mieux pour elle ! »
Mais la brune grisette a fermé son ombrelle,
Et, bien en selle, avec un petit air vainqueur,
Elle va se payer deux sous de mal de coeur.
Elle rit, car déjà le mouvement rapide
Colle ses frisons noirs sur son front intrépide,
Et le vent fait flotter sa jupe et laisse voir
Un gai petit mollet, en bas rouge à coin noir.


François Coppée, Contes en vers et poésies diverses

***
Commenter  J’apprécie          210
Mois d'avril

Lorsqu'un homme n'a pas d'amour,
Rien du printemps ne l'intéresse ;
Il voit même sans allégresse,
Hirondelles, votre retour ;

Et, devant vos troupes légères
Qui traversent le ciel du soir,
Il songe que d'aucun espoir
Vous n'êtes pour lui messagères.

Chez moi ce spleen a trop duré,
Et quand je voyais dans les nues
Les hirondelles revenues,
Chaque printemps, j'ai bien pleuré.

Mais depuis que toute ma vie
A subi ton charme subtil,
Mignonne, aux promesses d'Avril
Je m'abandonne et me confie.

Depuis qu'un regard bien-aimé
A fait refleurir tout mon être,
Je vous attends à ma fenêtre,
Chères voyageuses de Mai.

Venez, venez vite, hirondelles,
Repeupler l'azur calme et doux,
Car mon désir qui va vers vous
S'accuse de n'avoir pas d'ailes.

François Coppée, Les mois (1878).
Commenter  J’apprécie          201
François Coppée
Mois de mars

Parfois un caprice te prend,
Méchante amie, et tu me boudes,
Et sur le balcon tu t'accoudes
Malgré l'eau qui tombe à torrent.

Mais, vois-tu ! Mars, avec ses grêles
A qui succède un gai soleil,
Chère boudeuse, est tout pareil
A nos fugitives querelles.

Tels ces oiseaux, pauvres petits,
Sous ce fronton, pendant l'averse,
Et telle ta bouche perverse
Où des sourires sont blottis.

Vienne un rayon, et, la première,
Tu tourneras vers moi les yeux,
Et les oiselets tout joyeux
S'envoleront dans la lumière.
Commenter  J’apprécie          200
François Coppée
Minute sentimentale

Amour plus que beauté me touche,
O ma mignonne, et j’aime mieux,
Bien mieux, ton regard que tes yeux,
Et ton sourire que ta bouche !

Pour tout le monde, c’est certain,
Ta bouche est enfantine et ronde,
Et tes yeux sont pour tout le monde
Bleus comme le ciel du matin.

Mais pour moi seul, tu me le jures,
Brilla ce regard attendri ;
Pour moi, pour moi seul, ont souri
Si doucement ces lèvres pures !

Avant de m’avoir pour amant,
A d’autres tu semblais jolie ;
Mais par moi tu fus embellie
De la beauté d’un sentiment.
Commenter  J’apprécie          190
Attention, là !
Je vais, je me lance, je parle en bon terme d'un vicaire, d'un ensoutané, et peut-être serai-je lu par des francs-maçons, des mangeurs de prêtres, qui vont encore me traiter de calotin.
Faisons-leur vite une concession et accordons-leur que l'abbé Moulin n'était qu'un faible d'esprit, puisqu'il croyait, dur comme fer, à l'Immaculée Conception et à l'infaillibilité du pape.
Ce qui est immaculé et ce qui es infaillible, c'est le suffrage universel.
Voilà qui est convenu ...
Commenter  J’apprécie          170
François Coppée
L'argent ne peut donner le talent, et parfois il peut empêcher d'y atteindre."
Commenter  J’apprécie          170
François Coppée
La plus lente caresse, amie, est la meilleure,
N’est-ce pas? Et tu hais l’instant funeste où l’heure
Rappelle avec son chant métallique et glacé
Qu’il se fait tard, très-tard, et qu’il est dépassé
Déjà le temps moral d’un bain ou d’une messe.
Car ce sont les adieux alors et la promesse
De revenir. — Et puis nous oublions encor.
Mais le timbre implacable à la claire voix d’or
Recommence. Tu veux te sauver ; tu te troubles.
Hélas! et nous devons mettre les baisers doubles.
Commenter  J’apprécie          160
François Coppée
Lendemain

Puisqu’à peine désenlacée
De l’étreinte de mes deux bras,
Tu demandes à ma pensée
Ces vers qu’un jour tu brilleras,

Il faut, ce soir, que je surmonte
L’état d’adorable langueur
Où je rougis un peu de honte,
Tout en souriant de bonheur.

Pourtant je l’aime, ma fatigue.
C’est ton œuvre, et le long baiser
De ta bouche ardente et prodigue
A pu seul ainsi m’épuiser ;

Et tu veux que je la secoue,
Petite coquette ! tu veux
Voir rimer les lys de ta joue
Avec la nuit de tes cheveux.

Tu veux que, dissipant le voile
Qui trouble mon cerveau si las,
Je dise tes regards d’étoile
Et ton haleine de lilas.

Mais la preuve, ô capricieuse,
Que je ne pense qu’à t’aimer,
C’est la fièvre délicieuse
Qui m’empêche de l’exprimer.

Ainsi, respecte ma paresse ;
Ton souvenir passe au travers.
Demande des baisers, maîtresse ;
Ne me demande pas des vers.
Commenter  J’apprécie          150
L'abbé était en présence du marquis de Capdecamp.
Oh ! superbe ! Cinquante ans et les mois de nourrice, mais superbe ! ...
Commenter  J’apprécie          130
François Coppée
Promenades et intérieurs

I

Lecteur, à toi ces vers, graves historiens.
De ce que la plupart appelleraient des riens.
Spectateur indulgent qui vis ainsi qu’on rêve,
Qui laisses s’écouler le temps et trouves brève
Cette succession de printemps et d’hivers,
Lecteur mélancolique et doux, à toi ces vers !
Ce sont des souvenirs, des éclairs, des boutades,
Trouvés au coin de l’âtre ou dans mes promenades,
Que je te veux conter par le droit bien permis
Qu’ont de causer entre eux deux paisibles amis.

II

Prisonnier d’un bureau, je connais le plaisir
De goûter, tous les soirs, un moment de loisir.
Je rentre lentement chez moi, je me délasse
Au cri des écoliers qui sortent de la classe ;
Je traverse un jardin, où j’écoute, en marchant,
Les adieux que les nids font au soleil couchant,
Bruit pareil à celui d’une immense friture.
Content comme un enfant qu’on promène en voiture,
Je regarde, j’admire, et sens avec bonheur
Que j’ai toujours la foi naïve du flâneur.

III

C’est vrai, j’aime Paris d’une amitié malsaine ;
J’ai partout le regret des vieux bords de la Seine
Devant la vaste mer, devant les pics neigeux,
Je rêve d’un faubourg plein d’enfance et de jeux,
D’un coteau tout pelé d’où ma Muse s’applique
A noter les tons fins d’un ciel mélancolique,
D’un bout de Bièvre, avec quelques champs oubliés,
Où l’on tend une corde aux troncs des peupliers,
Pour y faire sécher la toile et la flanelle,
Ou d’un coin pour pêcher dans l’île de Grenelle.

IV

J’adore la banlieue avec ses champs en friche
Et ses vieux murs lépreux, où quelque ancienne affiche
Me parle de quartiers dés longtemps démolis.
O vanité ! Le nom du marchand que j’y lis
Doit orner un tombeau dans le Père-Lachaise.
Je m’attarde. Il n’est rien ici qui ne me plaise,
Même les pissenlits frissonnant dans un coin.
Et puis, pour regagner les maisons déjà loin,
Dont le couchant vermeil fait flamboyer les vitres,
Je prends un chemin noir semé d’écailles d’huîtres.

V

Le soir, au coin du feu, j’ai pensé bien des fois
A la mort d’un oiseau, quelque part, dans les bois.
Pendant les tristes jours de l’hiver monotone,
Les pauvres nids déserts, les nids qu’on abandonne,
Se balancent au vent sur le ciel gris de fer.
Oh ! comme les oiseaux doivent mourir l’hiver !
Pourtant, lorsque viendra le temps des violettes,
Nous ne trouverons pas leurs délicats squelettes
Dans le gazon d’avril, où nous irons courir.
Est-ce que les oiseaux se cachent pour mourir ?

VI

N’êtes-vous pas jaloux en voyant attablés
Dans un gai cabaret entre deux champs de blés,
Les soirs d’été, des gens du peuple sous la treille ?
Moi, devant ces amants se parlant à l’oreille
Et que ne gêne pas le père, tout entier
A l’offre d’un lapin que fait le gargotier,
Devant tous ces dîneurs, gais de la nappe mise,
Ces joueurs de bouchon en manche de chemise,
Cœurs satisfaits pour qui les dimanches sont courts,
J’ai regret de porter du drap noir tous les jours.

VII

Vous en rirez. Mais j’ai toujours trouvé touchants
Ces couples de pioupious qui s’en vont par les champs,
Côte à côte, épluchant l’écorce de baguettes
Qu’ils prirent aux bosquets des prochaines guinguettes
Je vois le sous-préfet présidant le bureau,
Le paysan qui tire un mauvais numéro,
Les rubans au chapeau, le sac sur les épaules,
Et les adieux naïfs, le soir, auprès des saules,
A celle qui promet de ne pas oublier
En s’essuyant les yeux avec son tablier.

VIII

Un rêve de bonheur qui souvent m’accompagne,
C’est d’avoir un logis donnant sur la campagne,
Près des toits, tout au bout du faubourg prolongé,
Où je vivrais ainsi qu’un ouvrier rangé.
C’est là, me semble-t-il, qu’on ferait un bon livre :
En hiver, l’horizon des coteaux blancs de givre ;
En été, le grand ciel et l’air qui sent les bois ;
Et les rares amis, qui viendraient quelquefois
Pour me voir, de très-loin pourraient me reconnaître,
Jouant du flageolet, assis à ma fenêtre.

IX

Quand sont finis le feu d’artifice et la fête,
Morne comme une armée après une défaite,
La foule se disperse. Avez-vous remarqué
Comme est silencieux ce peuple fatigué ?
Ils s’en vont tous, portant de lourds enfants qui geignent,
Tandis qu’en infectant les lampions s’éteignent.
On n’entend que le rhythme inquiétant des pas ;
Le ciel est rouge ; et c’est sinistre, n’est-ce pas ?
Ce fourmillement noir dans ces étroites rues
Qu’assombrit le regret des splendeurs disparues !

X

Quelqu’un a-t-il noté le désir hystérique
Des collégiens qui vont finir leur rhétorique,
Et, d’après Paul de Kock, veulent être viveurs,
Devant les nudités en cire des coiffeurs ?
Car du court mantelet rose et bordé de cygne
Émergent des appas où brille un petit signe.
Tous ces adolescents trouvent délicieux
Le gros fard de la joue et le bistre des yeux,
Et, troublés à l’aspect de ces beautés de plâtre,
Rêvent d’amour avec des femmes de théâtre.

XI

C’est un boudoir meublé dans le goût de l’empire,
Jaune, tout en velours d’Utrecht. On y respire
Le charme un peu vieillot de l’Abbaye-aux-Bois :
Croix d’honneur sous un verre et petits meubles droits
Deux portraits, – une dame en turban qui regarde
Un pompeux colonel des lanciers de la garde
En grand costume, peint par le baron Gérard, –
Plus une harpe auprès d’un piano d’Érard,
Qui dut accompagner bien souvent, j’imagine,
Ce qu’Alonzo disait à la tendre Imogine.

XII

Champêtres et lointains quartiers, je vous préfère
Sans doute par les nuits d’été, quand l’atmosphère
S’emplit de l’odeur forte et tiède des jardins ;
Mais j’aime aussi vos bals en plein vent d’où, soudains,
S’échappent les éclats de rire à pleine bouche,
Les polkas, le hoquet des cruchons qu’on débouche,
Les gros verres trinquant sur les tables de bois,
Et, parmi le chaos des rires et des vois
Et du vent fugitif dans les ramures noires,
Le grincement rhythmé des lourdes balançoires.

XIII

Le Grand-Montrouge est loin, et le dur charretier
A mené sa voiture à Paris, au chantier,
Pleine de lourds moellons, par les chemins de boue ;
Et voici que, marchant à côté de la roue,
Il revient, écoutant, de fatigue abreuvé,
Le pas de son cheval qui frappe le pavé.
Et moi, j’envie, au fond de mon cœur, ce pauvre homme ;
Car lui, du moins, il a bon appétit, bon somme,
Il vit sa rude vie ainsi qu’un animal,
Et l’automne qui vient ne lui fait pas de mal.

XIV

J’écris près de la lampe. Il fait bon. Rien ne bouge.
Toute petite, en noir, dans le grand fauteuil rouge,
Tranquille auprès du feu, ma vieille mère est là ;
Elle songe sans doute au mal qui m’exila
Loin d’elle, l’autre hiver, mais sans trop d’épouvante,
Car je suis sage et reste au logis, quand il vente.
Et puis, se souvenant qu’en octobre la nuit
Peut fraîchir, vivement et sans faire de bruit,
Elle met une bûche au foyer plein de flammes.
Ma mère, sois bénie entre toutes les femmes !

XV

Volupté des parfums ! – Oui, toute odeur est fée.
Si j’épluche, le soir, une orange échauffée,
Je rêve de théâtre et de profonds décors ;
Si je brûle un fagot, je vois, sonnant leurs cors,
Dans la forêt d’hiver les chasseurs faire halte ;
Si je traverse enfin ce brouillard que l’asphalte
Répand, infect et noir, autour de son chaudron,
Je me crois sur un quai parfumé de goudron,
Regardant s’avancer, blanche, une goélette
Parmi les diamants de la mer violette.

XVI

Noces du samedi ! noces où l’on s’amuse,
Je vous rencontre au bois où ma flâneuse Muse
Entend venir de loin les cris facétieux
Des femmes en bonnet et des gars en messieurs
Qui leur donnent le bras en fumant un cigare,
Tandis qu’en un bosquet le marié s’égare,
Souvent imberbe et jeune, ou parfois mûr et veuf,
Et tout fier de sentir, sur sa manche en drap neuf,
Chef-d’œuvre d’un tailleur-concierge de Montrouge,
Sa femme, en robe blanche, étaler sa main rouge.

XVII

Tel un chasseur perclus, devant son feu qui flambe,
Échange avec son chien serré contre sa jambe
Un regard de tristesse à l’heure de l’affût,
Triste et se rappelant ce qu’autrefois il fut,
Tel un oiseau muet dans le brouillard d’octobre,
Tel un buveur malade et forcé d’être sobre,
Tel un prêtre du bruit d’un baiser éperdu,
Telle une épée au clou, tel un luth détendu,
Tel un foyer désert, et telle ma pensée
Aors qu’elle se croit du rhythme délaissée.

XVIII

L’école. Des murs blancs, des gradins noirs, et puis
Un christ en bois orné de deux rameaux de buis.
La sœur de charité, rose sous sa cornette,
Fait la classe, tenant sous son regard honnête
Vingt fillettes du peuple en simple bonnet rond.
La bonne sœur ! Jamais on ne lit sur son front
L’ennui de répéter des choses cent fois dites !
Et, sur les premiers bancs, où sont les plus petites,
Elle ne veut pas voir tous les yeux épier
Un hanneton captif marchant sur du papier.

XIX

En province, l’été. Le salon Louis Seize
S’ouvre sur un jardin correct, à la française :
Des ormeaux ébranchés, deux cygnes, un bassin,
Une petite fille, assise au clavecin.
Joue, en frappant très clair les touches un peu dures,
Un andante d’Haydn plein d’appoggiatures.
Et le grand-père, un vieux en ailes de pigeon,
Se rappelle, installé dans son fauteuil de jonc,
Le temps où, beau chasseur, il courait la laitière,
Et marque la mesure avec sa tabatière.

XX

Depuis que son garçon est parti pour la guerre,
La veuve met les deux couverts comme naguère,
Sert la soupe, remplit un grand verre de vin,
Puis, sur le seuil attend qu’un envoyé divin,
Un pauvre, passe là pour qu’elle le convie.
Il en vient tous les jours. Donc son fils est en vie
Et la vieille maman prend sa peine en douceur.
Mais l’épicier d’en face est un libre penseur
Et songe : – Peut-on croire à de telles grimaces ?
Les superstitions abrutissent les masses.

XXI

N’est-ce pas ? ce serait un bonheur peu vulgaire
D’être, non pas curé, mais seulement vicaire
Dans un vieil évêché de province, très-loin,
Et d’avoir, tout au fond de la nef, dans u
Commenter  J’apprécie          124
François Coppée
La Mort du Singe

Frissonnant jusque dans la moelle,
Pelé, funèbre et moribond,
Le vieux singe, près de son poêle,
Tousse en râlant et se morfond.

Composant, malgré sa détresse,
La douleur qui le fait mourir,
II geint : mais sa plainte s’adresse
Au public qu’il veut attendrir.

Comme une phthisique de drame
Pâmée en ses neigeux peignoirs,
II joint, avec des airs de femme.
Ses petits doigts ridés et noirs ;

Et des pleurs, traçant sur sa face
Deux sillons parmi les poils roux,
Font plus navrante sa grimace
Faite de rire et de courroux.

Vieil histrion, loin de tes planches,
Ainsi tu n’as pas regretté
Les bonds effarés dans les branches,
L’Inde immense, la liberté !

Ce que tu pleures, c’est la scène
Et ce palais de fil de fer
Dans lequel, parodiste obscène,
Grattant ton poil, montrant ta chair,

Railleur, tu faisais voir aux hommes
Ce qu’ils ont de vil et de laid,
Pour manger les trognons de pommes
Dont leur colère t’accablait !
Commenter  J’apprécie          120
Le crépuscule est triste et doux comme un adieu.
A l’Orient, déjà dans le ciel sombre et bleu,
Où lentement la nuit, qui monte, étend ses voiles,
De timides clartés, vagues espoirs d’étoiles,
Contemplent l’Occident clair encore, y cherchant
Le rose souvenir d’un beau soleil couchant.
Le vent du soir se tait. Nulle feuille ne tremble
Même dans le frisson harmonieux du tremble;

Et l’immobilité se fait dans les roseaux
Que l’étang réfléchit au miroir de ses eaux.
En un parfum ému chaque fleur s’évapore
Pure, et les rossignols ne chantent pas encore.

Pour échanger tout bas nos éternels aveux,
Chère, nous choisirons cette heure, si tu veux.
Nous prendrons le chemin tournant de la colline.
Mon front se penchera vers ton front qui s’incline;
Et nos baisers feront des concerts infinis
Si doux que les oiseaux, réveillés dans leurs nids,
Trouveront la musique, à cette heure, indiscrète,
Et se demanderont quelle bergeronnette
Ou quel chardonneret est assez débauché
Pour faire l’amour quand le soleil s’est couché.
Commenter  J’apprécie          100
Écrit pendant le siège – Lettre d’un mobile breton

Maman, et toi, vieux père, et toi, ma sœur mignonne,
Ce soir, en attendant que le couvre-feu sonne,
Je mets la plume en main pour vous dire comment
Je pense tous les jours à vous très-tendrement,
Très-tristement aussi, malgré toute espérance ;
Car, bien qu’ayant juré de mourir pour la France
Et certain d’accomplir jusqu’au bout mon devoir,
Je ne puis las songer au pays sans revoir
La maison, le buffet et ses vaisselles peintes,
La table, le poiré qui mousse dans les pintes,
La soupière de choux qui fume et qui sent bon
Entre les vastes plats de noix et de jambon,
La sœur et la maman priant, les deux mains jointes,
Avec leurs bonnets blancs et leurs fichus à pointes,
Et papa qui, pensant que je manque au souper,
Fait sa croix sur le pain avant de le couper.
Laissons cela. D’ailleurs je reviendrai peut-être.
Donc nous sommes campés sous le fort de Bicêtre
Avec Monsieur le Comte et tous ceux de chez nous.
Je vous écris ceci, mon sac sur les genoux,
Sous la tente, et le vent fait trembler ma chandelle.
Bicêtre est une sombre et forte citadelle,
Où des Bretons marins, de rudes compagnons,
Dorment dans le caban auprès de leurs canons,
Tout comme sur un brick à l’ancre dans la rade.
Aussi j’ai trouvé là plus d’un bon camarade
Parti depuis longtemps entre le ciel et l’eau,
Car Saint-Servan n’est pas bien loin de Saint-Malo,
Et nous avons vidé quelquefois un plein verre.
Mon bataillon était de la dernière affaire,
A preuve que Noël, le cadet du sonneur,
Comme on dit à Paris, est mort au champ d’honneur.
Il avait un éclat de bombe dans la cuisse.
Il saignait, il criait. Je ne crois pas qu’on puisse
Voir cela sans horreur, et chacun étouffait ;
Mais nos vieux officiers prétendent qu’on s’y fait.
On nous a portés tous à l’ordre de l’armée.
Moi, j’ai tiré des coups de feu dans la fumée
Et j’ai marché toujours en avant, sans rien voir.
Enfin on a sonné la retraite, et, le soir,
Un vieux, au képi d’or, qui tordait sa barbiche
Et qui de compliments paraît être assez chiche,
Nous a dit : « Nom de nom ! mes enfants, c’est très-bien ! »
Et quoiqu’il blasphémât, c’est vrai, comme un païen,
Et qu’il lançât sur nous un regard diabolique,
Nous avons tous crié : « Vive la République ! »
– Ce mot-là, c’est toujours du français, n’est-ce pas ? –
Quelques-uns d’entre nous se plaignent bien tout bas
Et sont, avec raison, mécontents qu’on ricane
De notre vieil abbé qui trousse sa soutane,
Marche à côté de nous droit au-devant du feu
Et parle à nos blessés du pays et de Dieu ;
Mais aux mauvais railleurs nous faisons la promesse
De bien montrer comment on meurt, après la messe.
– Nous avons traversé Paris. Il m’a fait peur.
Puis nous l’avons trouvé dans la grande stupeur,
Sombre et lisant tout haut des journaux dans les rues.
Huit jours les habitants logèrent les recrues.
Nous étions, Pierre et moi, chez des bourgeois cossus,
Où nous fûmes assez honnêtement reçus.
Pourtant j’étais d’abord chez eux mal à mon aise
Et je restais assis sur le bord de ma chaise,
Confus de l’embarras où nous les avions mis.
Mais leurs petits enfants devinrent nos amis ;
Ils riaient avec nous, jouaient avec nos armes
Et couvraient, les démons ! de leurs joyeux vacarmes
Le bruit que nous faisions avec nos gros souliers,
Bref, nous sommes partis bien réconciliés
Et, les jours de congé, nous leur faisons visite.
– Allons ! il faut finir cette lettre au plus vite,
Car le clairon au loin jette ses sons cuivrés.
Je ne sais pas encor si vous la recevrez,
Mais je suis bien content d’avoir suivi l’école :
Grâce au savoir, qu’on raille au pays agricole,
Me voilà caporal avec un beau galon,
Et puis je vous écris ces mots par le ballon.
Maintenant, au revoir, chers parents, je l’espère.
Si je ne reviens pas, ô ma mère et mon père,
Songez que votre fils est mort en défenseur
De notre pauvre France ; et toi, mignonne sœur,
Quand tu rencontreras Yvonne à la fontaine,
Dis-lui bien que je l’aime et qu’elle soit certaine
Que dans ce grand Paris, effrayant et moqueur,
Je suis toujours le sien et lui garde mon cœur.
Baise ses cheveux blonds, fais-lui la confidence
Que j’ai peur du grand gars qui lui parle à la danse ;
Dis-lui qu’elle soit calme et garde le logis
Et que je ne veux pas trouver ses yeux rougis.
– Adieu. Voici pour vous ma tendresse suprême
Et je signe, en pleurant, « votre enfant qui vous aime. »

Paris, octobre 1870.
Commenter  J’apprécie          100
François Coppée
Les mois – Mars

Parfois un caprice te prend,
Méchante amie, et tu me boudes,
Et sur le balcon tu t’accoudes
Malgré l’eau qui tombe à torrent.

Mais, vois-tu ! Mars, avec ses grêles
A qui succède un gai soleil,
Chère boudeuse, est tout pareil
A nos fugitives querelles.

Tels ces oiseaux, pauvres petits,
Sous ce fronton, pendant l’averse,
Et telle ta bouche perverse
Où des sourires sont blottis.

Vienne un rayon, et, la première,
Tu tourneras vers moi les yeux,
Et les oiselets tout joyeux
S’envoleront dans la lumière.

(Recueil : Les Récits et les Élégies)
Commenter  J’apprécie          100
François Coppée
Promenades et intérieurs (suite)

XXI

N’est-ce pas ? ce serait un bonheur peu vulgaire
D’être, non pas curé, mais seulement vicaire
Dans un vieil évêché de province, très-loin,
Et d’avoir, tout au fond de la nef, dans un coin,
Un confessionnal recherché des dévotes.
On recevrait des fruits glacés et des compotes ;
On serait latiniste et gourmand achevé ;
Et, par la rue où l’herbe encadre le pavé,
On viendrait tous les jours une heure à Notre-Dame,
Faire un somme, bercé d’un murmure de femme.

XXII

Il a neigé la veille et, tout le jour, il gèle,
Le toit, les ornements de fer et la margelle
Du puits, le haut des murs, les balcons, le vieux banc,
Sont comme ouatés, et, dans le jardin, tout est blanc.
Le grésil a figé la nature, et les branches
Sur un doux ciel perlé dressent leurs gerbes blanches.
Mais regardez. Voici le coucher du soleil.
A l’occident plus clair court un sillon vermeil.
Sa soudaine lueur, féerique, nous arrose
Et les arbres d’hiver semblent de corail rose.

XXIII

De la rue on entend sa plaintive chanson.
Pâle et rousse, le teint plein de taches de son,
Elle coud, de profil, assise à sa fenêtre.
Très-sage et sachant bien qu’elle est laide peut-être,
Elle a son dé d’argent pour unique bijou.
Sa chambre est nue, avec des meubles d’acajou.
Elle gagne deux francs, fait de la lingerie
Et jette un sou quand vient l’orgue de Barbarie.
Tous les voisins lui font leur bonjour le plus gai
Qui leur vaut son petit sourire fatigué.

XXIV

Dans ces bals qu’en hiver les mères de famille
Donnent à des bourgeois pour marier leur fille,
En faisant circuler assez souvent, pas trop,
Les petits fours avec les verres de sirop,
Presque toujours la plus jolie et la mieux mise,
Celle qui plaît et montre une grâce permise,
Est sans dot, – voulez-vous en tenir le pari ? –
Et ne trouvera pas, pauvre enfant, un mari.
Et son père, officier en retraite, pas riche,
Dans un coin, fait son whist à quatre sous la fiche.

XXV

Comme à cinq ans on est une grande personne,
On lui disait parfois : – Prends ton frère, mignonne,
Et, fière, elle portait dans ses bras le bébé.
Quels soins alors ! L’enfant n’était jamais tombé.
Très-grave, elle jouait à la petite mère.
Hélas ! le nouveau-né fut un ange éphémère ;
On prit sur son berceau mesure d’un cercueil,
Et la sœur de cinq ans a des habits de deuil,
Ne parle ni ne joue et, très-préoccupée,
Se dit : – Je n’aime plus maintenant ma poupée.

XXVI

Je rêve, tant Paris m’est parfois un enfer,
D’une ville très-calme et sans chemin de fer,
Où, chez le sous-préfet, en vieux garçon affable,
Je lirais, au dessert, mon épître ou ma fable.
On se dirait tout bas, comme un mignon péché,
Un quatrain très-mordant que j’aurais décoché.
Là, je conserverais de vagues hypothèques.
On voudrait mon avis pour les bibliothèques ;
Et j’y rétablirais, disciple consolé,
Nos maîtres, Esménard, Lebrun, Chênedollé.

XXVII

Vous êtes dans le vrai, canotiers, calicots !
Pour voir des boutons d’or et des coquelicots,
Vous partez, le dimanche, et remplissez les gares
De femmes, de chansons, de joie et de cigares,
Et, pour être charmants et faire votre cour,
Vous savez imiter les cris de basse-cour.
Vous avez la gaîté peinte sur la figure.
Pour vous, le soir qui vient, c’est la tonnelle obscure
Où, bruyants et grivois, vous prenez le repas ;
Et le soleil couchant ne vous attriste pas.

XXVIII

Assis, les pieds pendants, sous l’arche du vieux pont,
Et sourd aux bruits lointains à qui l’écho répond,
Le pêcheur suit des yeux le petit flotteur rouge.
L’eau du fleuve pétille au soleil. Rien ne bouge.
Le liège soudain fait un plongeon trompeur,
La ligne saute. – Avec un hoquet de vapeur
Passe un joyeux bateau tout pavoisé d’ombrelles ;
Et, tandis que les flots apaisent leurs querelles,
L’homme, un instant tiré de son rêve engourdi,
Met une amorce neuve et songe : – Il est midi.

XXIX

Malgré ses soixante ans, le joyeux invalide
Sur sa jambe de bois est encore solide.
Quand il touche l’argent de sa croix, un beau soir,
Il s’en va, son repas serré dans un mouchoir,
Et, vers le Champ de Mars, entraîne à la barrière
Un conscrit, le bonnet de police en arrière ;
Et là, plein d’abandon, vers le pousse-café,
Son bâton à la main, le bonhomme échauffé
Conte au jeune soldat et lui rend saisissable
La bataille d’Isly qu’il trace sur le sable.

XXX

Sur un trottoir désert du faubourg Saint-Germain,
Près d’un discret abbé qui lui donne la main,
Le marquis de douze ans vient de la messe basse ;
En noir, en grand col blanc, timide et fier, il passe,
Mais chétif et pâli par un sang trop ancien ;
Et nul ne porte un nom plus fameux que le sien.
Il rentre, c’est le jour de sa leçon d’histoire ;
Et le prêtre médite une ruse oratoire
Pour dire au noble enfant en des termes adroits
Ce que fut son aïeul, mignon de Henri Trois.

XXXI

Elle sait que l’attente est un cruel supplice,
Qu’il doit souffrir déjà, qu’il faut qu’elle accomplisse
Le serment qu’elle a fait d’être là, vers midi.
Mais, parmi les parfums du boudoir attiédi,
Elle s’est attardée à finir sa toilette,
Et, devant le miroir charmé qui la reflète,
Elle s’impatiente à boutonner son gant ;
Et rien n’est plus joli que le geste élégant
De la petite main qui travaille ; et, mutine,
Elle frappe le sol du bout de sa bottine.

XXXII

De même que Rousseau jadis fondait en pleurs
A ces seuls mots : « Voilà de la pervenche en fleurs, »
Je sais tout le plaisir qu’un souvenir peut faire.
Un rien, l’heure qu’il est, l’état de l’atmosphère,
Un battement de cœur, un parfum retrouvé,
Me rendent un bonheur autrefois éprouvé.
C’est fugitif, pourtant la minute est exquise.
Et c’est pourquoi je suis très-heureux à ma guise
Lorsque, dans le quartier que je sais, je puis voir
Un calme ciel d’octobre, à cinq heures du soir.

XXXIII

Le printemps est charmant dans le Jardin des Plantes.
Les cris des animaux, les odeurs violentes
Des arbres et des fleurs exotiques dans l’air,
Cette création, sous un ciel pur et clair,
Tout cela fait penser au paradis terrestre ;
Et tout en écoutant, sous un sapin alpestre,
Le grondement profond des lions en courroux,
On regarde, devant les naïfs tourlourous,
Tendant la trompe, avec ses airs de gros espiègle,
L’éléphant engloutir les nombreux pains de seigle.

XXXIV

En plein soleil, le long du chemin de halage,
Quatre percherons blancs, vigoureux attelage,
Tirent péniblement, en butant du sabot,
Le lourd bateau qui fend l’onde de l’étambot ;
Près d’eux, un charretier marche dans la poussière.
La main au gouvernail, sur le pont, à l’arrière,
N’écoutant pas claquer le brutal fouet de cuir,
Et regardant la rive et les nuages fuir,
Fume le marinier, sans se fouler la rate,
– « Le peuple et le tyran ! » me dit un démocrate.

XXXV

Prés du rail où souvent passe comme un éclair
Le convoi furieux et son cheval de fer,
Tranquille, l’aiguilleur vit dans sa maisonnette.
Par la fenêtre on voit l’intérieur honnête,
Tel que le voyageur fiévreux doit l’envier.
C’est la femme parfois qui se tient au levier,
Portant sur un seul bras son enfant qui l’embrasse.
Jetant son sifflement atroce, le train passe
Devant l’humble logis qui tressaille au fracas.
Et le petit enfant ne se dérange pas.

XXXVI

L’allée est droite et longue, et sur le ciel d’hiver
Se dressent hardiment les grands arbres de fer,
Vieux ormes dépouillés dont le sommet se touche.
Tout au bout, le soleil, large et rouge, se couche.
A l’horizon il va plonger dans un moment.
Pas un oiseau. Parfois un lointain craquement
Dans les taillis déserts de la forêt muette ;
Et là-bas, cheminant, la noire silhouette,
Sur le globe empourpré qui fond comme un lingot,
D’une vieille à bâton, ployant sous son fagot.

XXXVII

Hier, sur une grand’route où j’ai passé prés d’eux,
Les jeunes sourds-muets s’en allaient deux par deux,
Sérieux, se montrant leurs mains toujours actives.
Un instant j’observai leurs mines attentives
Et j’écoutai le bruit que faisaient leurs souliers.
Je restai seul. La brise en haut des peupliers
Murmurait doucement un long frisson de fête ;
Chaque buisson jetait un trille de fauvette,
Et les grillons joyeux chantaient dans les bleuets.
Je penserai souvent aux pauvres sourds-muets.

XXXVIII

Comme le champ de foire est désert, la baraque
N’est pas ouverte, et, sur son perchoir, le macaque
Cligne ses yeux méchants et grignote une noix
Entre la grosse caisse et le chapeau chinois ;
Et deux bons paysans sont là, bouche béante,
Devant la toile peinte où l’on voit la géante,
Telle qu’elle a paru jadis devant les cours,
Soulevant décemment ses jupons un peu courts
Pour qu’on ne puisse pas supposer qu’elle triche,
Et montrant son mollet à l’empereur d’Autriche.

XXXIX

J’écris ces vers, ainsi qu’on fait des cigarettes,
Pour moi, pour le plaisir ; et ce sont des fleurettes
Que peut-être il valait bien mieux ne pas cueillir ;
Car cette impression qui m’a fait tressaillir,
Ce tableau d’un instant rencontré sur ma route,
Ont-ils un charme enfin pour celui qui m’écoute ?
Je ne le connais pas. Pour se plaire à ceci,
Est-il comme moi-même un rêveur endurci ?
Ne peut-il se fâcher qu’on lui prête ce rôle ?
Fi donc ! lecteur, tu lis par-dessus mon épaule.
Commenter  J’apprécie          90
François Coppée
Croquis de banlieue
À Jules Christophe.

L’homme, en manches de veste et, sous son chapeau noir,
A cause du soleil, ayant mis son mouchoir,
Tire gaillardement la petite voiture,
Pour faire prendre l’air à sa progéniture,
Deux bébés, l’un qui dort, l’autre suçant son doigt.
La femme suit et pousse, ainsi qu’elle le doit,
Très-lasse, et sous son bras portant la redingote ;
Et l’on s’en va dîner dans une humble gargote
Où sur le mur est peint – vous savez ? à Clamart ! –
Un lapin mort, avec trois billes de billard
Commenter  J’apprécie          90



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de François Coppée (49)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz des Zombis

Vers 1497, une gravure intitulée Incabus ou Femme attaquée par la Mort représente un cadavre animé barbu en décomposition , qui agresse une femme et tente de soulever sa robe. Qui en est l'auteur?

Leonard de Vinci
Albrecht Dürer
Brueghel l'ancien

8 questions
36 lecteurs ont répondu
Thèmes : zombies , morts vivants , vaudou , littérature , horreur , fantastique , cinema , adapté au cinéma , adaptation , musique , hollywoodCréer un quiz sur cet auteur

{* *}