En ce soir de Noël de fin de siècle, un vilain Noël de toux et de bronchite, il faisait un froid de canard.
L'abbé Moulin s'était endormi, les pieds au feu, en lisant son bréviaire.
Il allait être réveillé par la drôle de visite d'Adam Harrison de Chicago, marchand de porc salé, qui n'était peut-être pas celui qu'il prétendait être ...
"Les vrais riches" est un recueil de deux longues nouvelles écrites par
François Coppée en 1889.
C'est un livre délicieusement naïf, mais pourtant efficacement moral.
Son écriture, au style léger et élégant, est agréable, fluide, et n'en sont pourtant pas exclues ni la précision des descriptions, ni la réalité des situations.
François Coppée a été un poète des humbles et du Parnasse, un solide dramaturge et brillant critique de théâtre, un écrivain et un journaliste à succès.
L'homme et son oeuvre ont été bousculés au Quartier Latin par les zutistes, vilipendés à deux reprises dans le fameux journal "les hommes du jour", mais aussi par
Paul Verlaine dans "les homme d'aujourd'hui".
Il fut élu à l'Académie française en février 1884 au siège de Victor de Laprade, par 24 voix contre 8 à
Emile Montégut.
Pour mieux se rendre compte de ce qu'a pu représenter
François Coppée dans le paysage littéraire, et même politique de son époque, il est bon de se plonger dans sa biographie écrite, en 1902, par
Georges Druilhet.
Cette dernière, pourtant trop élogieuse et partisane, replace judicieusement l'homme et son oeuvre dans leur contexte.
François Coppée, écrivain sans génie mais au grand talent, avait sa part d'ombre faite de paternalisme, et même de nationalisme.
Mais il fût celui qui, dès 1872, après la Commune de Paris, poussa un grand cri de réconciliation entre les français déchirés avec "Plus de sang !" un vibrant poème du recueil "les humbles".
"Les vrais riches" est composé de deux nouvelles : "on rend l'argent" et "la cure de misère".
Dans la première, un honnête abbé se fait, à quatre reprises, le messager de la rédemption d'un honnête homme par malheur devenu escroc ...
Dans la deuxième, un numéro gagnant de la loterie internationale va bouleverser l'existence d'Albéric Mesnard, un modeste employé à la correspondance chez Cahun et fils, faux cols, manchettes et plastrons mobiles, rue du Sentier à Paris ...
Ce recueil, il est vrai, a bien vieilli.
Il est plein d'une naïveté qui n'a aujourd'hui plus cours, mais qui pourtant étreint toujours un peu le coeur ...