Citations de François Polet (37)
« la « sécurisation » permet à l’État de monopoliser le traitement de certains problèmes, en même temps qu’il les soustrait de la sphère publique où ils pourraient être soumis à la dynamique du débat démocratique et à la réflexion sur des politiques alternatives »
Si l’instauration d’un climat idéologique international (certes ambigu) favorable à l’élargissement de la protection sociale est une donnée importante, elle ne peut remplacer la construction, fatalement lente et non programmable, de consensus nationaux en faveur de la redistribution et de l’élargissement des droits sociaux
Elle résulte également de stratégies actives d’adaptation de la part des régimes ayant renoncé à tout programme autre que la seule reproduction du pouvoir personnel du leader
les conséquences en chaîne du couple crise économique-ajustement structurel ont des effets proprement déstructurants sur les institutions nationales
Longtemps critiquées, les conditions économiques libérales imposées par le FMI et la Banque mondiale aux pays en développement ont fait l’objet d’une série de révisions sur la forme et le fond, dans la foulée des crises. La réforme tant attendue de la doctrine économique sous-jacente s’avère cependant toute relative. Et la rhétorique de l’« appropriation » cache mal la poursuite d’une conditionnalité actualisant un rapport néocolonial entre pays.
La cécité de genre des responsables publics est telle que de nombreuses réactions gouvernementales ont accentué les désavantages socio-économiques des femmes et parfois réduit leur participation publique
La redécouverte des retombées socio-économiques spécifiques du secteur manufacturier se fait paradoxalement dans le contexte d’une reconfiguration industrielle mondiale entraînant une « désindustrialisation précoce » dans plusieurs pays du Sud
une protection sociale « transformatrice », c’est-à-dire qui permet non seulement de s’extraire de la pauvreté, mais qui transforme également la structure inégalitaire des sociétés en redistribuant le revenu et le pouvoir
L’illicite et le crime affaiblissent les démocraties, profitent de la libéralisation des marchés et affectent les secteurs sociaux vulnérables
Les effets environnementaux, économiques, politiques et sociaux de l’éradication par épandage aérien sont : les dommages à la santé humaine, à la végétation, à la faune et à l’eau ; la perte de cultures légales ; les déplacements de population des aires aspergées et l’intensification du conflit armé
Pour avoir un impact durable et des résultats soutenables, les interventions en matière de développement dans les zones de culture de la coca devraient veiller à connaître et systématiser la réalité socio-économique, technico-productive, politico-institutionnelle et culturelle et l’état des ressources naturelles valorisables, non seulement dans les zones en proie à ce phénomène, mais dans les zones alentours, viviers de migrants
Les mouvements sociaux sont révélateurs des tensions et des aspirations qui travaillent des sociétés dont les asymétries internes historiques, produit de leur trajectoire précoloniale, coloniale puis postcoloniale, sont exacerbées par les politiques économiques qui prévalent depuis une trentaine d’année
À l’heure où les programmes de restructuration des dettes se multiplient, jusqu’à quel point ces reformulations ont-elles rompu-avec l’orthodoxie néolibérale ? Dans quelle mesure des marges de manœuvre nationales ont été restituées aux États du Sud dans la définition de leurs stratégies de développement ? À quelles conditions un système international de redistribution des richesses peut-il s’articuler avec la préservation d’une autonomie de décision économique pour les pays « bénéficiaires » ?
D’instrument visant à corriger des déficits extérieurs conjoncturels et à garantir le remboursement des créanciers, la conditionnalité est devenue un levier au service du projet politique de l’intégration des pays en développement à l’économie mondiale dans les termes très libéraux du « consensus de Washington » (discipline macroéconomique, libéralisation interne, libéralisation externe)
Cette contestation a parfois eu des conséquences politiques importantes, au-delà des revendications sociales de départ. Elle a pu déboucher sur des évolutions démocratiques majeures (au Chili), mais a le plus souvent entraîné un durcissement des régimes autoritaires. Nous accordons une place particulière dans ce numéro au cas du Soudan, dont le processus de transition démocratique a été déstabilisé par le renchérissement des produits de base exigé par le programme du FMI, engendrant une crise politique qui a contribué à la confiscation du pouvoir par les militaires
La majorité des contributeurs et contributrices à cet Alternatives Sud relèvent le problème du déni de souveraineté économique que continuent à poser les conditionnalités pour les pays engagés dans des programmes du FMI et de la Banque mondiale
Les transferts de richesses considérables que suppose la prise en charge partagée des défis mondiaux exigent de passer du paradigme de l’aide au paradigme de l’investissement public mondial, qui demande que chaque pays contribue en fonction de ses moyens au financement de biens publics mondiaux dont la sauvegarde bénéficie à l’ensemble de l’humanité
Une révolution fiscale globale s’impose dès lors, qui mette un terme à l’évasion, accentue la pression fiscale sur les acteurs financiers, renforce la progressivité de l’impôt dans les régions en développement et relève les contributions publiques des États riches au financement du développement
La conditionnalité étant elle-même le symptôme d’une dépendance financière, sa mise en cause est indissociable d’un questionnement des mécanismes internationaux de l’endettement », annulation des dettes, « Au-delà de la nécessité d’annulation et de restructuration massives de la dette des pays en développement – les programmes d’austérité ne sont tout simplement pas compatibles avec les politiques transformatrices qu’exigent les crises multiples –, il y a urgence à définir un nouveau cadre de coopération multilatérale permettant de financer les objectifs de développement durable, sans plonger les pays récipiendaires dans le surendettement vis-à-vis de créanciers publics ou privés
Ces conditions ont souvent des effets nocifs sur l’économie des pays en voie de développement : stagnation économique, réduction progressive du soutien de l’Etat à l’agriculture et aux industries nationales, érosion de la souveraineté nationale et pression en faveur de la déréglementation, de la privatisation et de la libéralisation