François-Xavier Amherdt

C'est à une double contemplation que notre spiritualité nous pousse: celle de l'évangile et aussi celle des frères et des sœurs que nous croisons, avec leurs interrogations, leurs soucis, leurs expériences.

La spiritualité est aussi vitale à notre être que l'air pour les poumons.

Nous partons de l’intuition que Dieu se laisse trouver en toutes choses, ainsi que l’affirme la tradition jésuite : dans le cosmos et dans les frères et sœurs, dans les événements et dans la prière. Encore faut-il chausser les bonnes lunettes et ouvrir notre cœur à sa présence d’immensité comme de proximité.
(page 16)

Si seulement nous mettions en pratique la parole de Mère Teresa : "Seigneur fait que toute personne que je rencontre s'en aille enrichie de notre conversation !"

Beaucoup se rendent compte que ni les avancées technologiques, ni les outils numériques, ni les découvertes scientifiques - malgré leurs nombreux bienfaits -, ni l’aisance financière ne suffisent à donner « sens », c’est-à-dire « direction », à l’existence.
Les éléments matériels comblent les besoins superficiels sans atteindre la profondeur du cœur.
Il faut un « plus », une ouverture à la Transcendance, pour qu’un authentique bonheur puisse se déployer.
L’être humain est littéralement « sur-naturel », il ne peut se contenter de satisfactions physiologiques ou naturelles, il aspire à un « supplément d’âme » qui caractérise son être propre.
(page 7)

Les dons de l’Esprit : les capacités réceptives
Par l’intelligence (intrus legere en latin, lire à l’intérieur) : comprendre la réalité, les événements et les personnes, pénétrer dans le dessein du Seigneur, tenu caché depuis des siècles, manifesté en Jésus-Christ par la croix et destiné à tout récapituler en sa personne de Fils (cf. Ephésiens 1, 9 ; Colossiens 1, 16.20).
(page 40)

« Rappelez le plus souvent que vous pouvez parmi la journée votre esprit en la présence de Dieu. »
« Ressouvenez-vous donc, Philothée, de faire toujours plusieurs retraites en la solitude de votre cœur pendant que corporellement vous êtes pour les conversations et affaires ; et cette solitude mentale ne peut nullement être empêchée par la multitude de ceux qui vous sont autour, car ils ne sont pas autour de votre cœur, mais autour de votre corps, si (bien) que votre cœur demeure, lui, tout seul en présence de Dieu seul. » (François de Sales)
(page 68)

Une communion intime avec Jésus : voilà ce à quoi nous sommes conviés, puisque le christianisme n’est pas une « religion du livre », à la différence du judaïsme avec la Torah ou de l’Islam avec le Coran. Le christianisme est bien une tradition centrée sur une Personne, le Fils du Père dans l’unité de l’Esprit, et qui ouvre pour nous « le chemin de la vérité et de la vie » (Jean 14, 6)
(page 11)

Le choix de la vie
« Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui » (Deutéronome 30, 19-20). Toute la théologie de l’Alliance se base sur ce discernement entre les deux voies placées devant nous. (…) Ainsi donc, nous sommes appelés à éviter les fausses routes de l’autodestruction des promesses existentielles mal situées, les pactes avec la mort, pour au contraire décider de nous mettre sur un chemin de vie, découvrir une issue dans les conditions qui sont les nôtres et renoncer à toute complicité avec les forces mortifères et destructrices. Un choix « à la vie à la mort » dont dépend notre bonheur authentique.
(page 31)

Comprenons bien : les activités de la chair ne se situent pas nécessairement dans le corps, mais dans toutes les dimensions de notre personne œuvrant selon les règles de la loi ancienne et mondaine. Tandis que les œuvres de l’esprit concernent l’ensemble de l’être humain, y compris sa réalité corporelle et charnelle, lorsqu’il se laisse animer et guider par l’Esprit.
(page 18)

C’est donc cette ouverture du cœur à l’invite de l’Esprit qui compte en premier lieu : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (Apocalypse 3, 20).
(page 23)

L’Esprit Saint n’agit pas sans nous, il ne force pas notre liberté. Notre collaboration avec Dieu est requise. Si l’Esprit prend les devants, nous avons à faire notre part, à œuvrer (labor-cum) avec lui. (…) Ce qu’il y a de magnifique, c’est que le Saint-Esprit frappe autant de l’extérieur que de l’intérieur, puisqu’il est à la fois hors de moi (transcendant) et en moi (immanent).
(page 28)

Puisque nous sommes des créatures, ne nous prenons pas pour Dieu, ne nous mettons pas à sa place, ce en quoi réside le péché des origines : nous sommes créés et aimés dans les limites debout être humain. Pas de transhumanisme envisageable, selon les Saintes Écritures. Ce serait, sinon renouveler la faute originelle, de toute façon plonger l’humanité dans l’impasse.
(page 32)

La foi est une question de confiance, de « fiance » et de fidélité - tous ces mots viennent du latin vides - comme celle que se promettent les fiancés au mariage, dans l’abandon à la tendresse divine de la part du croyant. C’est une affaire avant tout de désir et d’ajustement à la volonté d’amour du Seigneur, en s’appuyant sur sa Parole et sa fiabilité et non d’abord sur un savoir ou une soumission aveugle.
(page 20)

L'être humain, une triple dimension anthropologique
Contrairement à ce que nous pensons spontanément sous l'influence de la philosophie grecque aristotélicienne et platonicienne et de la pensée cartésienne, la personne n'est pas un composé dualiste "d'un corps et d'une âme" mais, dans la visée biblique, une totalité tridimensionnelle à la fois corporelle, psychologique et spirituelle. "Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ" (1 Thessaloniciens 5, 23).
(page 17)

Dis, mais c'est vrai que dans la chenille il y a déjà le papillon, et que pour que naisse le papillon il faut que meure la chenille.

... le christianisme représente une source majeure de la civilisation occidentale. Pas la seule, mais l'une des racines essentielles.

Un mystère est littéralement ce devant quoi nous restons bouche bée.
Tellement c'est grand,
Tellement c'est beau,
Tellement c'est vrai,
Tellement c'est immense.