Freddy Eytan

Contrairement à Ben Gourion, Begin et Shamir qui concentraient leurs efforts sur le type de paix à mettre en place, le tandem Rabin-Pérès s'est laissé aller aux tentations de la paix immédiate. Ils ont signé, en grande pompe et dans l'euphorie générale, un accord de paix en brisant les tabous et en abattant nombre de cartes. On a promis un "nouveau Proche-Orient," on s'est bercé d'illusions et on a mis "la charrue avant les bœufs..."

Depuis l'opération Litani en 1978, Israël avait renforcé ses liens avec les chrétiens du Sud et lancé des opérations de ratissage contre les positions de l'OLP. Cette opération avait établi la création d'une zone de sécurité, du village de Shaba à l'est jusqu'à la côte ouest, soit sur une largeur de quatre à douze kilomètres et d'une superficie de sept cents kilomètres carrées.

Après des combats intercommunautaires à Beyrouth, un accord tacite est conclu, en mai 1976 entre Assad et Arafat dans le cadre d'une conférence des chefs arabes à Ryad. Arafat promet de ne pas intervenir dans les affaires libanaises.
Les chrétiens désespérés, se tournent vers Israël et demandent à Sharon une aide militaire. Ce n'est pas la première fois que les Israéliens sont sollicités.
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Les chrétiens libanais souhaitaient obtenir des armes pour combattre les Palestiniens qui avaient créé, dans le sud du Liban un véritable État dans l’État, le Fathaland.

Déjà, en janvier 1976, Ariel Sharon s'était opposé farouchement à l'entrée des troupes syriennes au Liban. Alors conseiller d'Itzhak Rabin, il avait proposé de lancer l'aviation israélienne contre toute intervention de Damas. Rabin avait cédé sous les pressions de américaines, le président des États-Unis, Jimmy Carter, considérant la Syrie comme facteur de stabilité dans la région. Giscard d'Estaing et Jacques Chirac étaient du même avis.

Après une campagne électorale agitée, Begin, affaibli et malade, se trouve dans l'obligation de demander au général Sharon de diriger le ministère de la Défense et à Yzhak Shamir celui des Affaires étrangères.
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Désormais, les "faucons" dirigent la ligne dure et intransigeante. Sharon, à qui on refusa de confier l'état-major de l'armée, se retrouve du jour au lendemain le chef tout-puissant de Tsahal, libre d'agir selon les plans stratégiques qu'il a lui-même conçu et mûris de longue date.

Mardi 17 mai 1977, jour des élections législatives, sera inscrit dans les anales : "révolution dans l'histoire d'Israël." L'ouragan politique a balayé du pouvoir les travaillistes qui étaient aux leviers des commandes depuis 1948. Les fondateurs de l’État juif entrent dans l'opposition...
Mehahem Begin sera dorénavant le chef tout-puissant de l’État d'Israël. Une nouvelle page s'ouvre dans la carrière politique d'Ariel Sharon.
Begin confie, au fils de l'agriculteur agronome Shemouel Scheinerman, le portefeuille de l'Agriculture et la commission ministérielle chargée du Peuplement et de l'Aménagement du territoire. Un rêve se réalise pour celui qu'on surnomme le "bulldozer."

Onze mois plus tard, Sharon démissionne de la Knesset. Un cas unique en politique, rare en Israël. Le nouveau Premier ministre, Itzhak Rabin, lui propose de devenir son conseiller personnel sur les affaires de sécurité et la lutte antiterroriste. Il accepte avec joie. Il est dans son élément et Rabin lui inspire confiance par rapport aux autres généraux.
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En désignant Sharon, d'une part, il barre la route à Shimon Pérès, son "éternel intriguant", selon l'expression d'Itzhak Rabin lui-même et, d'autre part, il lui confie les missions délicates avec les colons, surtout avec les partisans "du Bloc de la foi."

Et Sharon passe à l'offensive. Têtu et sans en informer ses supérieurs, il tente l'impensable, une mission impossible : traverser le canal. Après plusieurs échecs et de lourdes pertes, il réussit à établir des têtes de pont et franchir la voie d'eau à bord de canots, suivi d'une brigade de chars transportés sur des radeaux. A l'issue d'une bataille sanglante, qui fit des centaines de morts, il effectue une percée sur l'autre rive du canal et encercle, avec la ruse d'un vieux renard, la troisième armée égyptienne...

En dépit d'informations alarmantes et d'un avertissement du roi Hussein de Jordanie sur une éventuelle guerre, le gouvernement de Golda Meir n'ordonne pas immédiatement la mobilisation des réservistes et attend jusqu'au vendredi 4 octobre 1973...
Ce jour-là, Sharon est appelé en urgence au QG, bien qu'il ait quitté le service actif. Il vient d'être mobilisé avec toute sa division blindée, la 143.

On reproche violemment à Sharon d'être le premier général à politiser l'armée. Secret de polichinelle... Tous savent parfaitement que la politisation est alors chose courante en Israël mais, concernant Sharon "l'enfant terrible", on voit les choses différemment. On emploie la langue de bois et le double langage.
C'est une évidence que tous les chefs de l'état-major depuis 1948 appartiennent au parti travailliste.

Sharon préconise une répétition de la campagne de Suez. Dayan est catégorique et ne souhaite pas envahir cette bande côtière peuplée de réfugiés. "Gaza est un bourbier ! Une bombe humaine ! Nous devons la désamorcer et non la conquérir ! "
Le 22 mai 1967, Nasser interdit le passage du détroit de Tiran à tous les navires à destination ou en provenance d'Israël.