AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de AuroraeLibri


La Réforme a surtout pour conséquence d'accélérer le processus de démocratisation et, finalement, de sécularisation de la société occidentale, en imposant un pluralisme religieux. Les penseurs des Lumières s'engouffrent dans la brèche ouverte par les réformateurs et quelques humanistes catholiques, tels Montaigne ou Erasme qui prônent une véritable tolérance religieuse. L'avènement d'un Etat de droit, démocratique et laic, est la clé de voûte des sociétés modernes, dorénavant fondées sur l'humanisme des droits de l'homme. Certes, cet humanisme s'inspire en profondeur du message évangélique, mais il entend s'appuyer sur la raison et non plus sur la foi, et s'émancipe totalement du pouvoir clérical. Perdant son emprise sur la société, l'Eglise catholique s'oppose ainsi pendant des siècles à toutes les valeurs fondatrices de la modernité : laicité, démocratie, liberté de conscience, droits de l'homme. (Voir à ce sujet le "Receuil des erreurs modernes" Syllabus du pape PieIX en 1864).
Ce n'est qu'avec le concile Vatican II (1962-1965) qu'elle entreprend de se réconcilier avec le "monde de son temps" en quittant la posture défensive de condamnation systématique des "idées modernes" qui était la sienne depuis le XVIe siècle et le traumatisme de la Réforme...c'est-à-dire la fin du monopole qu'elle exerçait sur la foi en Occident depuis Théodose. C'est la raison pour laquelle certains catholiques affirment que Vatican II constitue la "clôture de l'ère constantinienne"; l'acceptation par l'Eglise romaine de la fin de l'emprise qu'elle a longtemps exercée sur la société; le retour au message évangélique proclamant la pauvreté, le primat de l'amour et la séparation des pouvoirs temporel et spirituel. Les traditionalistes l'ont bien compris, à commencer par Mgr Lefebvre, qui refusent le concile de Vatican II, principalement à cause de son décret sur la liberté religieuse. Il va sans dire que l'élection de Benoît XVI, à la sensibilité très conservatrice, et à la manière dont il a tenté de réintégrer en 2009 les plus extrémistes des traditionalistes dans le giron de l'Eglise (ceux qui continuent de récuser toute légitimité au concile de Vatican II) inquiètent à juste titre les catholiques attachés au concile et à ses avancées en terme de dialogue avec le monde moderne et les autres religions.
Le schisme des intégristes, toutefois, n'est pas lié à une définition de foi. Il est lié à une certaine conception de l'Eglise et du rôle qu'elle doit exercer dans la société. Soulignons que les vives tensions qui agitent celle-ci depuis près de cinquante ans touchent toujours des questions de discipline ecclésiastique, de politique, de société, de morale, mais jamais de dogme. (...)
En fait, depuis la fin du Ve siècle, les controverses sur la nature du Christ se sont éteintes -ou l'ont été par la force.

Epilogue
Commenter  J’apprécie          50





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}