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Critiques de Frédéric Michelet (8)
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Dessous d'Histoire

Qui avait songé, afin d'en saisir le sens et l'âme, à regarder dessous l'Histoire ?

Personne ! semble-t-il.

Encore eût-il fallu y penser, et l'oser.

C'est maintenant chose faite !

Il n'aura fallu que quelques poubelles traînant dans la rue pour enfermer 2400 ans d'Histoire occidentale.

Un génie tout entier ne loge-t-il pas dans une minuscule lampe à huile ?

Bien sûr, il y a de la magie dans tout cela, la magie du spectacle, bien sûr, celle du théâtre revenu dans la rue !

Souvent la question est posée de savoir si le Théâtre, lorsqu'il a été couché sur papier, est toujours du Théâtre.

Ne serait-il pas souvent plus judicieux de se demander s'il faut assister avant de lire ou de lire avant d'assister.

Là, encore, la maîtrise des mots est telle, que la question se pose.

"Dessous d'Histoire" est "une épopée allégorique jubilatoire".

L'ouvrage est pétri de la vision passionnée qui hante son auteur.

Son ambition est de mettre en lumière la notion d'humanité à travers les grands mouvements sociaux qui ont traversé le temps.

Ce texte, magnifique, est engagé et optimiste.

A la portée de tous, il est tissé de mots et d'émotions.

Il a su naviguer hors des eaux dangereuses d'une trop grande intellectualisation, d'un symbolisme outré ou d'un verbiage forcené.

Ici, l'art populaire, d'avoir su "mettre en exergue les paroles et les actes des humbles et des oubliés", prend des airs de noblesse.

L'émotion est le fil rouge de la remontée de la rue, du voyage dans le temps et de l'évocation historique.

L'instant de cette lecture est de ceux que leur intelligence rend saisissant.

Il est fait de réflexion et de philosophie.

Il est puissamment pensé et finement écrit.

Il est humaniste, insolent, féministe et généreux.

"A chacun d'y piocher ce qu'il veut" ...

Cette pièce de Théâtre est le dernier volet d'une trilogie dont les deux premiers volets, "1789 secondes" et "Rue Jean Jaurès", ont été respectivement publiés en 2014 et 2016.

Quelque chose me dit qu'ils figureront en bonne place dans mes prochaines lectures.

Et que dorénavant je guetterai dans ma rue les "Dessous d'Histoire" ...

Je remercie les auteurs du livre et les comédiens qui lui ont donné vie, pour la part d'humanité qu'ils ont bien voulu me transmettre.

Je remercie les éditions "Deuxième Époque" de m'avoir offert ce bel instant de lecture.

Et toujours, bien sûr, pour leur confiance sans cesse renouvelée, les amis de la masse critique ...







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1789 : L'été de sang

"1789, l'été de sang" est un roman policier historique de Frédéric Michelet, adapté de sa pièce de théâtre "1789 secondes". Passionné d'histoire, cet écrivain, mais aussi metteur en scène et comédien, nous plonge en 1789, non pas au coeur de la Révolution française comme nombre d'autres romans historiques déjà publiés, mais quelques mois avant, à la fin avril.



Car là se trouve l'une des originalités de ce roman, celle de s'interroger sur l'événement déclencheur de la Révolution française. La réunion des États généraux comme on a coutume de le penser ? Et si l'origine de la Révolution était plutôt à chercher du côté des émeutes populaires du boulevard Saint-Antoine des 28 et 29 avril et de la répression qui en résulta ? Et si, comme certains historiens l'ont supposé, le duc d'Orléans était à l'origine de ces émeutes afin d'abattre le pouvoir en place ? C'est par le prisme d'une enquête policière que Frédéric Michelet développe ces deux hypothèses, laquelle se déroule entre le 19 avril et la nuit du 4 août 1789.





L'intrigue

Depuis le décès de ses parents, Joseph Beyraud a repris la direction de l'atelier de joaillerie de son père, même s'il préfère de loin son métier de portraitiste. Marqué par le décès accidentel de son épouse, il s'est enfermé dans une certaine solitude, menant une vie calme et plutôt monotone, tentant de résorber les dettes de l'atelier.



Mais sa vie se trouve bouleversée le jour où il apprend que sa soeur Anne et son beau-frère Jacques Henri Lantelme, un riche avocat, ont été assassinés à leur domicile parisien. Une soeur qu'il ne voyait plus guère, ne pouvant supporter l'attitude méprisante, arrogante et cynique de son beau-frère ainsi que l'éducation "à la dure" qu'il donnait à sa fille Marie-Louise, devenue elle-même hautaine et capricieuse.



Lorsqu'il s'aperçoit que les plus hautes sphères du pouvoir s'intéressent au plus près à ces assassinats et sont à la recherche d'un coffret contenant des lettres et des billets à ordre, Joseph comprend alors qu'il ne s'agit pas d'une simple affaire de maraudeur qui a mal tourné et que sa nièce, seule survivante et témoin du carnage, court un grand danger. En effet, nombreux sont ceux qui souhaitent mettre la main sur cette jeune fille. Et c'est sans compter sur la rapacité de son odieux et rustre oncle paternel qui aimerait bien récupérer l'héritage de Marie-Louise. Joseph prend alors son courage à deux mains et décide de garder avec lui sa nièce et de s'en occuper. Même si Marie-Louise fait preuve d'un caractère pour le moins difficile, Joseph va tout faire pour la protéger et retrouver les meurtriers de ses parents, quitte à mettre sa vie en danger et à la voir totalement bouleversée...





La Révolution vécue par le peuple

L'intrigue, qui débute le 19 avril 1789, soit peu de temps avant les émeutes populaires parisiennes et la convocation des États généraux, s'inscrit très bien dans ce contexte pré-révolutionnaire agité, tendu et électrique où l'on sent que le moindre feu de paille peut conduire à un embrasement immédiat.



En décrivant de manière minutieuse et très sensible les événements tels qu'ils ont été vécus par le peuple et non par la Cour par le biais de son narrateur, Joseph, Frédéric Michelet parvient à nous faire ressentir la souffrance, la colère et l'exaspération du peuple, mais aussi son espoir en la naissance d'une société plus juste. Non, nous ne sommes ni à Versailles ni au Louvre, non nous ne rencontrons ni Louis XVI ni Marie-Antoinette, ici il n'est question que du peuple et de ses représentants (Mirabeau, Robespierre, etc.). Aux côtés de Joseph, on chemine dans Paris, on découvre la vie quotidienne des habitants de la ville, qui peinent à trouver de quoi manger en pleine crise économique, et par contraste celle des nobles, qui semblent totalement hermétiques à la souffrance exprimée par ceux qu'ils côtoient. Ces différences entre classes sociales sont perceptibles de manière claire dès le début du roman lorsque Marie-Louise rencontre son oncle et est amenée à vivre chez lui, le décalage est flagrant !



On est au coeur même des événements puisqu'on entre également dans les salons où se réunissent les révolutionnaires, on découvre les idées débattues, les causes défendues, notamment celle des femmes, combat parfaitement illustré par le personnage de Lucile qui bouscule pas mal les idées toutes faites de Joseph !

Et l'on assiste aux émeutes populaires du boulevard Saint-Antoine des 28 et 29 avril où Joseph et Marie-Louise risquent de perdre la vie. Tout est précisément documenté, ainsi qu'en témoignent la note de l'auteur et la bibliographie situées en fin de roman.





Une intrigue qui tarde à démarrer...

Aujourd'hui, tout un chacun a accès facilement à de nombreuses activités, toutes aussi passionnantes les unes que les autres, la concurrence est donc rude. Et je ne parle même pas du nombre de romans publiés annuellement par les éditeurs ! Aussi a-t-on coutume de dire qu'il faut "accrocher" très vite le lecteur pour qu'il ne lâche plus le roman.



Malheureusement, en tentant d'installer dès les premières pages ses personnages principaux, leur caractère, leur psychologie et les relations qu'ils entretiennent entre eux, l'auteur a produit l'effet inverse : d'une part, je me suis demandé si j'étais vraiment dans un roman policier historique ou bien une romance historique et, surtout, les premières pages sont lentes, beaucoup trop lentes... et cela dure environ trente pages ! L'idée de jouer sur la chronologie est intéressante – on fait la rencontre des personnages quelques jours après le drame –, mais comme l'on ignore tout de la situation et que la présentation est extrêmement longue (et trop mièvre à mon goût), ces premiers chapitres sont comme déconnectés du reste du roman et l'on ne comprend pas le pourquoi du comment, d'où une sensation d'incompréhension, un brin d'impatience et l'envie de sauter des pages. Et je dois avouer que c'est dans ces premiers chapitres – et uniquement là – que certaines tournures de phrases m'ont décontenancée et ont rendu ma lecture plus difficile, plus heurtée ; vous allez tout de suite comprendre : "– Je n'ai plus faim, elle a lancé." Il aurait été plus léger d'inverser le sujet et le verbe, et d'écrire "– Je n'ai plus faim, lança-t-elle." Dans cet exemple comme dans le suivant, l'usage du passé composé en lieu et place du passé simple est vraiment gênant : ainsi, au lieu de "Surprise, Marie-Louise a poussé un petit cri aigu et s'est réfugiée auprès de moi", j'aurais plutôt écrit "Surprise, Marie-Louise poussa un petit aigu et se réfugia auprès de moi".



Au bout de cette trentaine de pages, l'intrigue se met enfin en place, des images bien plus nettes se forment dans l'imaginaire du lecteur et le suspense est maintenu jusqu'à la fin du roman, alternant des phases intenses et d'autres plus calmes permettant d'explorer certaines thématiques (place de la femme dans la société, contexte économique, psychologie des personnages, etc.). Tout au long de ma lecture, j'avais tellement peur que Joseph se fasse berner et souffre que je n'ai pas pu m'empêcher de me méfier de pratiquement tous les personnages, y compris ceux qui semblaient sincères et honnêtes, comme Lucile.





Une attention portée aux personnages et à leurs interactions

Si le décor est soigneusement planté, les personnages ne sont pas en reste : l'auteur a pris beaucoup de soin à installer ses personnages, à les caractériser, à les individualiser, nous montrant leurs forces et leurs faiblesses, leurs certitudes et leurs hésitations. Grâce à un suivi très fin de leur psychologie, on est témoin des bouleversements engendrés par les événements et les troubles qui y ont associés sur les différents personnages : certains personnages, plutôt effacés et soumis, font faire preuve d'un grand courage, d'autres vont se dévoiler sous un mauvais jour, d'autres enfin vont gagner en maturité, tous vont être marqués par les événements révolutionnaires et en sortiront changés, en bien ou en mal.



Le cas le plus évident est celui de la jeune Marie-Louise : enfant capricieuse, méprisante et désagréable au début du roman, surtout avec Joseph, habituée à vivre dans l'aisance, elle s'adoucit au fur et à mesure que le temps avance et qu'elle s'ouvre au monde et aux autres : dans ce roman, elle représente l'espoir, l'espoir d'une société égalitaire dans laquelle le système des classes sociales de l'Ancien Régime aura disparu.



Face à elle, le narrateur, Joseph Beyraud, portraitiste et propriétaire d'un atelier de joaillerie qui croule sous les dettes. Menant une vie plutôt retirée depuis le décès de sa femme, il se retrouve plongé du jour au lendemain dans une histoire dramatique et dangereuse avec une nièce épouvantable en prime ! Beaucoup d'émotions à la clé pour ce personnage seul et démuni qui perd ses repères, qui doute de ses convictions, de ses choix, de ses sentiments... Entre une nièce exécrable, un oncle violent et tenace, des dettes à éponger, une boutique à tenir, des hommes qui en veulent à sa vie et à celle de sa nièce, des émois amoureux incertains, notre pauvre Joseph ne sait plus où donner de la tête ! Et il n'était en tout cas pas prêt à endosser le rôle de "père" auprès de sa nièce, d'autant que celle-ci ne vient pas du même milieu. Les deux personnages vont se jauger, se tester, se donner des coups de griffes, puis finiront par s'apprivoiser et s'aimer. L'un comme l'autre apprendront beaucoup de cette expérience et en sortiront grandis, en bonne voie vers le bonheur...



Mais il est un autre personnage féminin très intéressant, celui de Lucile. Loin d'être un personnage secondaire, elle prend toute sa place dans ce roman, aux côtés de Joseph, et c'est suffisamment inhabituel dans un roman historique pour que cela soit mentionné : en général, quand un roman comporte un héros masculin il y a malheureusement peu de chance pour qu'un personnage féminin émerge avec force à ses côtés. Son évolution est assez exceptionnelle et inattendue étant donné le contexte social et son origine familiale noble : de jeune femme soumise à son père, elle va se révéler à elle-même et devenir une militante féministe, fréquentant les salons philosophiques, aspirant à la liberté de penser, d'aimer, de vivre... un bel espoir pour l'avenir (mais, bon, à relativiser si l'on regarde en détail le statut de la femme par la suite...).
Lien : https://romans-historiques.b..
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Dessous d'Histoire

Certes il est dit que le théâtre est écrit pour être joué et vu.

Le lire en est une autre approche tout aussi intéressante parce qu'elle fait intervenir imaginaire et imagination.

"Dessous d'Histoire", dans un rythme frénétique, nous entraîne dans les méandres de l'Histoire et de ses histoires.

2400 ans défilent, percutent, émeuvent et font rire par ses anachronismes judicieux qui télescopent les événements et donnent une ligne directrice aux propos : l'immuabilité de la condition humaine.

En ce sens, ce texte est pertinent et joue pleinement le rôle d'une partie de ce qu'on appelle théâtre : à savoir amener une réflexion.

Cependant il faut faire confiance à l'intelligence du spectateur-lecteur qui le recevra selon son niveau de culture et sa propre sensibilité. C'est la règle.

Toute glose excessive sur le spectacle le réduit à la vision qu'en ont leurs auteurs ou ceux qui l'analysent.

Les textes complémentaires à la pièce en sont un exemple et personnellement une courte présentation m'aurait amplement suffi.

En revanche, les citations (une vue nécessairement sélective) proposées en fin d'ouvrage viennent très à-propos.

Se laisser aller à "son regard d'enfant" comme le souligne si bien l'auteur Frédéric Michelet.



Merci à Babelio et aux Editions Deuxième Epoque (Ecritures de spectacle) pour cette découverte.
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Rue Jean Jaurès

J'ai lu Rue Jean Jaurès, une retranscription d'un spectacle de rue du même nom, crée par le comédien et metteur en scène Frédéric Michelet et par la Compagnie Internationale Alligator (CIA). Le texte est paru aux Editions Entretemps en 2016 et fait belle figure dans la collection "Scénogrammes". Au passage, merci à elles, ainsi qu'à Babelio, pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique.



Comme son titre l'indique, Rue Jean Jaurès retrace la vie du célèbre philosophe devenu homme politique sans perdre de son humanisme. "Rue Jean Jaurès", parce que nombreuses sont les villes françaises à avoir la leur. "Rue Jean Jaurès" parce qu'à travers ce spectacle sa vie va se rejouer sous nos yeux de citoyens version 2016. Il fallait y penser. D'ailleurs, ce spectacle s'inscrit, à mon avis, dans la même démarche que celle adoptée par ma collègue prof d'histoire géo lorsqu'elle a choisi d'aborder la Révolution française sous l'angle de la mise en activité des élèves. En effet, si l'on parle d'un personnage important de l'Histoire _Jean Jaurès_ en le faisant déambuler dans un décor on ne peut plus actuel, non seulement nous sommes plus sensibles à sa vie et à ses messages car il est "incarné", mais il devient en outre plus facile de mettre en miroir ses combats avec ceux de notre société actuelle. Cent ans après son assassinat, il est troublant de voir avec quelle facilité on peut faire des liens entre l'Histoire d'hier et le monde d'aujourd'hui...



En quelques phrases, en quelques répliques, à travers le jeu d'acteurs-scénaristes bien documentés, le spectateur retrace la trop courte existence de Jean Jaurès, depuis son enfance jusqu'à sa mort, en passant par son entourage familial, via le regard de ses amis et de ses opposants, en slalomant entre événements politiques et culturels de l'époque... pour arriver aux prémices de la Première Guerre Mondiale. L'ouvrage est vite lu ; on suppose la prestation théâtrale légère et sans plus de longueurs ; et pourtant, aucune étape de sa vie n'est laissé de côté. Pas même son entrée en politique, qu'on connaît finalement peu ; encore moins son investissement dans la naissance de l'Humanité ; et certainement pas ses prises de position lors de l'affaire Dreyfus. Je ne pense pas trop m'avancer en disant que chacun apprendra de Jean Jaurès et de son époque quelque chose qu'il ignorait.



Jusqu'à présent, je n'avais jamais lu d'écrit basé sur un spectacle de rue ; eh bien, j'ai beaucoup apprécié cette redécouverte du célèbre Jean Jaurès : quelqu'un aura donc enfin réussi à le libérer des manuels scolaires de 3° !



A découvrir absolument, même si vous non plus vous ne savez pas toujours faire la différence entre un acteur de théâtre et un homme saoul. Même si l'Histoire ne vous passionne pas. Surtout si elle ne vous passionne pas... car vous l'aborderez d'une nouvelle manière. D'autant plus que le texte est accompagné d'une documentation complète sans être indigeste.
Lien : http://pulco-suivezlepapillo..
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1789 : L'été de sang

La chronique jubilatoire de Dany pour Collectif Polar

Une hypothèse d’historien pour commencer et attribuer la rogne qui s’empare de Paris en avril 1789 à une émeute suivie d’un massacre rue Saint-Antoine plutôt qu’aux Etats Généraux, éclaire la Révolution d’un jour nouveau. L’auteur nous immerge au cœur des événements qui ont changé la France et relate leur succession de façon très réaliste, nous faisant baigner dans les préoccupations vitales de la piétaille et les tentatives des riches à sauvegarder leurs biens.

Joseph, jeune veuf, portraitiste et joailler, humble et sans le sou, n’était pas prêt à endosser ce rôle de « père » auprès de sa nièce éduquée dans un monde privilégié. Ces deux là vont s’affronter, se confronter et s’éduquer mutuellement et faire progresser leurs jugements.

Joseph va rencontrer une jeune militante féministe, adepte des salons philosophiques de ce siècle des lumières.

C’est donc ces trois personnages qui vont évoluer au gré d’une intrigue sordide, dans la foule des révolutionnaires et royalistes.

Une façon originale et bien peu scolaire d’approcher cette année 1789 où Robespierre est encore contre la peine de mort … au vocabulaire délicatement suranné.

Belle fresque historique, qui se termine au lendemain de l’abolition des privilèges, avec sa galerie de personnages illustres ou non et où l’ultime dénouement romantique est peut-être un peu trop improbable. Mais là n’est pas l’essentiel de ce thriller de près de 400 pages où l’on ne s’ennuie pas un seul instant.

Agréable moment de lecture par le biais de la petite histoire baignée cependant de sang, rançon de la révolte.



Pour en savoir plus c'est ci-dessous
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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Rue Jean Jaurès

La Feuille Volante n°1072 - Octobre 2016

Rue Jean Jaurès – Frédéric Michelet et la compagnie internationale Alligator – L'entretemps éditions



Avec Pasteur, Jaurès est assurément l'homme dont le nom baptise le plus grand nombre des rues de nos villes. Personnage politique, ses ouvrages, ses discours sont bien souvent cités avec sincérité ou opportunisme par les candidats à des fonctions électives, c'est donc assez dire que l'homme ne laisse pas indifférent même plus de cent ans après sa mort. Il n'est donc pas anormal que celui qui avait consacré sa vie aux plus défavorisés, qui allait volontiers à leur rencontre, les haranguait comme un authentique orateur qu'il était, et qui se voulait « l'éducateur du peuple », descende dans la rue sous la forme d'une mise en scène dynamique d'autant plus fidèle au personnage qu'il parlait sans micro dans des meetings publics et que les comédiens qui le font revivre s'approprient cette manière de s'exprimer.

Jaurès fait partie de notre histoire sans la connaissance de laquelle aucune évolution ni aucun espoir ne sont possibles. Le « mettre en rue » sur la voie publique était donc une évidence pour le metteur en scène (Manu Moser), avec tous les risques que cela pouvait comporter tant le personnage était complet et complexe et qu'il fallait impérativement faire des choix pour réaliser ce spectacle. D'emblée la III° république, si semblable à la nôtre par certains côtés, devait servir de fil rouge au déroulement de la représentation et remettre le personnage dans le contexte historique avec ses découvertes et ses scandales. Une notice de l'historienne Catherine Moulin ainsi que des extraits des interventions de Jaurès complètent d'ailleurs le texte du spectacle. Il a été conçu comme une déambulation urbaine en association avec les spectateurs, les comédiens étant juchés sur des escabeaux pour être vus et entendus d'un public debout et mobile. Ce mouvement d'échelles (et de couvre-chefs) peut, pourquoi pas, s'apparenter à une sorte de chorégraphie aussi dynamique qu'inattendue et qui souligne à sa manière « l'échelle du temps ». De plus le rôle de Jaurès n'est pas porté par un acteur unique mais par tous les artistes de la troupe, au nombre de cinq mais qui donnent vie alternativement à 139 personnages !

Ainsi, les spectateurs de la rue ont-il pu voir et entendre Jaurès refuser la guerre de 1914 qui s'annonçait autant que ses contradicteurs qui eux la souhaitaient, se faire tuer par Raoul Vilain qui plus tard fut acquitté par un tribunal qui condamna Louise Jaurès, son épouse, aux dépens. Puis par le miracle du flash-back ils ont pu assister à sa vie, depuis sa naissance en 1859, à son enfance, à l’évocation de la Commune, à un poème de Rimbaud, à l'invention de la première ampoule électrique, à son entrée dans la vie, à son engagement socialiste en politique, à son refus de la guerre si ardemment voulue par les capitalistes qui dirigeaient le pays , soutenus évidemment par les militaires et les nationalistes...alors qu'il n'a que 26 ans, à la crise de Panama, à l'affaire Dreyfus, à la création de « l'Humanité »...

Ces tableaux évoquent son combat en faveur de la classe ouvrière à laquelle il n'appartenait pourtant pas, sa volonté de créer des caisses de retraite, d'organiser la santé publique, de construire l'éducation pour tous et notamment des jeunes filles, d'instaurer la laïcité... Comme il se doit, cette évocation ne va pas sans allusions appuyées et de clins d’œil aux socialistes d’aujourd’hui que Jaurès aurait sans doute du mal à reconnaître [notamment multiplication des anaphores, cette figure de style remise au goût du jour par un candidat devenu président – vous vous souvenez « Moi, Président ... »] , à notre actualité quotidienne et aux difficultés croissantes des plus défavorisés, à la montée du chômage, de l'insécurité...

Que reste-t-il aujourd'hui du combat de cet homme intègre et exemplaire qui a lutté contre toutes les inégalités et pour un changement radical de la société dans un sens républicain ? Chacun sur l'échiquier politique se recommande de lui, s'approprient son exemple et fait semblant d'honorer ses mannes... mais se dépêche, une fois élu, de faire le contraire c'est à dire de le trahir, laissant notre société sans boussole et livrée à elle-même, capable de faire confiance au premier trublion venu surtout s'il lui promet bien fort tout et n'importe quoi !

Je remercie les Éditions l'Entretemps et Babelio qui m'ont permis, dans la cadre de « Masse Critique » de découvrir cette évocation originale de Jean Jaurès.

H.G.
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Dessous d'Histoire

Les années passent, les époques se succèdent et pourtant les problématiques et enjeux restent les mêmes.

L'auteur a été obligé de choisir des passages de l'histoire, comme il l'explique lui même apres la pièce, mais je trouve que certaines périodes sont traitées trop vaguement t

et rapidement tandis que d'autres sont plus largement contées.

Je vais chercher s'il est possible de voir la mise en scène, car se l'imaginer en la lisant c'est bien, mais la regarder c'est mieux.
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Rue Jean Jaurès

Ce livre retranscrit une pièce de théâtre sur la vie et l'histoire de Jean Jaurès, le célèbre philosophe et homme politique tarnais. A cette pièce se mêlent les principaux discours du républicain, une sélection des auteurs.

On apprécie la composition, le registre familier de la pièce vulgarise et facilite la compréhension historique de la période, et les textes à la fin du livre permettent de compléter la recherche personnelle.

Le concept (la "pièce" prend place dans la rue) donne envie de la voir "sur les planches", si j'ose dire; les scènes sont drôles et bien écrites (ce n'est pas de la grande littérature mais ce n'est pas le but).

Attention en revanche: si vous êtes familier avec l'histoire de Jaurès, ne vous attendez pas à en apprendre sur lui, ce n'est pas un essai, c'est une pièce populaire (rien de péjoratif ici) !
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