Je me sens étranger partout, mais pas exilé. En Suisse, quand j'étais enfant, j'avais un fort accent français et on m'appelait « le titi parisien ». Je me sentais plus proche des immigrés italiens et espagnols que des Suisses. Pourtant, la langue française aurait dû nous réunir. J'ai eu une scolarité très brève, j'ai donc peu étudié la grammaire ; j'ai dû l'apprendre par moi-même, en lisant. Je ne suis pas tout à fait à l'aise dans ma langue maternelle, comme si elle m'était un peu étrangère. Mais j'aime la langue française, je l'aime de plus en plus. Comme toutes les langues vivantes, elle dégénère plus qu'elle n'évolue, et cela m'afflige. Au fond, je suis attiré par un certain classicisme, celui des XVIIIe et XIXe siècles.