Frederick Salomon Perls

[Un patient] ... j'ai compris l'intérêt de se mettre à la place des autres pour voir si "leurs chaussures vous vont". Triste à dire, mais on les enfile sans difficulté !"

Faites plutôt la chose suivante : passez un moment à dire à tout le monde : Tat Twam Asi - l'autre est moi-même. Et faites la même chose à chaque fois que vous ressentirez une violente réaction , particulièrement de peur ou de désespoir passif. Soyez attentif à l'initiative, au rejet, à l'admiration, à l'agression projetés Mettez-vous à la place de l'agresseur, de l'admirateur, de celui qui rejette, du téméraire. Plus souvent que vous ne le pensez, le renversement se déclenchera.

Quand vous essayez d'interpréter un rêve, au début en tout cas, considérez toutes les personnes et toutes les caractéristiques présentes comme des projections - c'est-à-dire comme des parties de votre personnalité. Après tout, c'est vous qui faites le rêve, et tout ce que vous y mettre doit être en vous et donc disponible pour construire le rêve.

On peut faire la distinction entre un préjugé et une notopn simple, stupide, qu'on est trop paresseux ou pas assez concerné pour corriger, en se demandant sio  on peut ou non laisser tomber le sujet. Si on ne peut pas - si c'est un danger imminent, qui vous hante - alors, c'est un préjugé.

La seule manière, en fait, de se débarrasser d'"un sentiment indésirable", c'est de l'accepter, de l'exprimer puis de le décharger.

La délinquance pathologique est fréquemment caractérisée par une conscience morale trop sévère.

Comme Socrate l'a dit, il y a bien longtemps, le mal est simplement une erreur. 

La délinquant est, dans une grande mesure, un problème de mauvaise orientation, une incompréhension du rôle de l'individu dans la société.

Ne craignez pas, en ne tenant plus compte de votre conscience morale, de devenir un criminel ou un psychopathe impulsif. Vous serez surpris de constater, quand vous laisserez à votre organisme le soi de se régler lui-même et à vos pulsions de s'extérioriser, que les principes selon lesquels vous devriez vivre naîtront de vous-même et seront évidemment appropriés à votre vie, sans regard de la situation sociale dans laquelle vous vous trouvez.

Le perfectionnisme est un autre écran à projections. Il est fondé sur l'idéal du moi (distinct du sur-moi ou de la conscience). Alors que la conscience sert [...] d'écran pour projeter les agressions et les exigences cruelles que la personne dissocie d'elle-même, le moi idéal reçoit par projection son amour et son admiration dissociés. Cet amourdissocié est souvent homosexuel. Et l'amour homosexuel peut fréquemment être une projection antérieure d'un amour de soi plus primitif. Qui est une rétroflexion pour laquelle on a été puni ou à cause de laquelle on a eu honte.

Ce n'est pas l'introjection qui donne la force à la conscience ; elle ne fait que fournir le noyau - l'écran approprié sur lequel une personne peut projeter son agressivité. La preuve en est que la conscience est toujours plus exigeante que les tabous, et quelquefois possède des exigences qui, socialement, n'existent pas. La force de la conscience est la force de la réaction de colère de l'individu !

Les personnes sur lesquelles nous nous projetons sont des "écrans appropriés" - c'est-dire qui manifestent un trait ou une attitude particulière, suffisante pour encourager la projection de notre fardeau.

Un patient : "J'ai été très étonné de découvrir avec quelle fréquence j'utilisais la forme impersonnelle dans mes discours. "Il me vient à l'esprit...", "il se trouve que...", etc. Toutes me semblent très communes et je les utilise très largement. En essayant consciemment de changer la syntaxe de mon discours, je ressens une conscience accrue de l'environnement immédiat et à quel point j'en suis responsable.

Un patient : "La dernière partie de cette expérience n'est qu'un grossier exercice de sémantique. Traduire les phrases au mode passif est à peu près aussi constructeur en termes psychologiques que de faire des mots croisés."

Ecoutez et traduisez le langage des autres de la même façon. Cela vous révélera beaucoup de choses sur leurs relations interindividuelles. Vous finirez par comprendre que, comme en art, bien que le contenu de ce qui est dit soit important, c'est plus la structure, la syntaxe, le style qui révèlent le caractère de la motivation sous-jacente.

Prêtez attention au contenu détaillé de vos expressions au mode passif ; traduisez la structure verbale en fantaisie visuelle. Si vous dites "une pensée m'a frappé", quand et où vous a-t-elle frappé ? A-t-elle utilisé une arme ? Qui vouliez-vous frapper à ce moment-là ? Qui vous dites ; j'ai mal au coeur", désirez-vous quelque chose de tout coeur ? Si vous dites "j'ai mal à la tête", contractez-vous vos muscles de sorte que vous vous faites mal à la tête ? - ou même pour blesser votre tête ?

Quand les premiers psychanalystes ont introduit le concept du ça ou du it, comme source de pulsions et de rêves, ils exprimaient une vérité puissante ; la personnalité n'est pas restreinte à l'étroite sphère du "moi", de ses petites pensées et plans "intelligents" autocontrôlés. Ces autres pulsions et rêve ne sont pas des ombres, mais des faits réels de sa personnalité. Etant parvenu jusque-là, l'analyse irthodoxe n'a pas suffisamment insisté sur la prochaine étape - libérer et élargir les habitudes du "moi" et les transformer d'une forme fixée à un système de processus mouvants, de sorte qu'il puisse sentir les faits du ça et ses propres faits, utiliser ses hallucinations comme l'enfant le fait en jouant) et exercer ses pulsions dans un ajustement créateur.

Contrairement à l'opinion répandue que l'attitude du projecteur, victime-passive, appartient seulement au type masochiste et féminin-passif, nous pensons qu'elle est typique de l'homme moderne. Elle est incrustée dans notre langage, notre attitude envers le monde, nos institutions.

la deuxième source importante de la jalousie paranoiaque est aussi une projection Le partenaire jaloux réprime son impulsion homosexuelle et imagine donc que son conjoint aime un autre homme ou une autre femme - et évoque des images de ce couple ensemble. Les hypothèses qu'il applique alors aux amants imaginaires sont celles-là même qu'il applique à se propre impulsion taboue.

... souvent, celui qui projette trouve des "preuves" qui justifient son comportement. Ces rationalisations et justifications sont toujours disponibles pour celui qui les cherche. La plupart des situations ayant des subtilités et des facettes multiples, le projecteur (jusqu'au stade de la véritable paranoïa) peut s'attache à un détail authentique, à un grief véritable mais insignifiant, puis l'exagérer et broder dessus. Alors, il se fait du mal - ou, selon son langage - on lui fait du mal.