A la belle impérieuse
L'amour panique
De la raison
Se communique
Par un frisson.
Laissez-moi dire,
N'accordez rien.
Si je soupire,
Chantez, c'est bien.
Si je demeure,
Triste, à vos pieds,
Et si je pleure,
C'est bien, riez.
Un homme semble
Souvent trompeur.
mais si je tremble,
Belle, ayez peur.
Victor HUGO , Les chansons des rues et des bois. 1865
Amour viens sur ma bouche! amour ouvre tes portes !
Traverse les couloirs, descends, marche léger,
Vole dans l'escalier plus souple qu'un berger
Plus soutenu par l'air qu'un vol de feuilles mortes.
Ô traverse les murs; s'il le faut, marche au bord
des toits, des océans, couvre-toi de lumière,
Use de la menace, use de la prière,
Mais viens, ô ma frégate, une heure avant ma mort.
Jean GENET
C'est vous quand vous êtes partie,
L'air peu à peu qui se referme
Mais toujours prêt a se rouvrir
Dans sa tremblante cicatrice
Et c'est mon âme à contre-jour
Si profondément étourdie
De ce brusque manque d'amour
Qu'elle n'en trouve plus sa forme
Entre la douleur et l'oubli.
Et c'est mon coeur mal protégé
Par un peu de chair et tant d'ombre
Qui se fait au goût de la tombe
Dans ce rien de jour étouffé
Tombant des autres, goutte à goutte,
Miel secret de ce qui n'est plus
Qu'un peu de rêve révolu.
Jules Supervielle ( " La Fable du monde")