M. Berg n’arrêta pas de flûter, il joua toute la soirée. C’était un rite quotidien, et aujourd’hui ne ferait pas exception. Pures et toujours renaissantes, les notes s’envolaient à intervalles réguliers, planaient, tels de frais éclats d’argent, au-dessus des jardins, se mêlaient à l’air du soir et se fondaient en lui. Mais qui les entendait ? qui les accueillait en son âme ? qui était capable de saisir ce message rigoureux, cette plainte lucide ? Le mourant ne les percevait pas, ne pouvait plus les percevoir; le sommeil où il avait sombré était déjà trop profond. Sinon, peut-être eût-il été celui qui eût le mieux saisi cette musique – elle échappait aux autres plus totalement encore.