Citation de enkidu_
Notre homme venait de voir avec quelle inertie la réalité résistait au changement. Il avait également découvert beaucoup de choses sur son propre caractère, surtout en assistant au comportement de l’autre lui-même au moment fatal. Il comprit que pendant toutes ces années il n’avait cherché par sa seule façon de vivre qu’à se détruire, si bien que la fortune héritée ou une réussite accidentelle ne l’aurait pas sauvé. Il devenait clair que si sa femme ne l’avait pas fait, il se serait fait lui-même justice. Il eut également l’intuition qu’en s’emparant du revolver son alter ego avait agi en tant qu’agent de l’Univers auto-correcteur. Il avait bien sûr agi de son propre chef mais, vous savez, l’Univers amène toujours les gens à coopérer.
Cependant, il n’était nullement découragé car il estimait avoir presque réussi sa deuxième tentative. S’il tenait l’arme hors d’atteinte de l’autre, s’il le dominait, ils pourraient enfin se fondre l’un dans l’autre, et tout se passerait comme prévu.
Il lui semblait que l’Univers, comme un gros animal endormi, suivait de près ses tentatives tout en s’efforçant de les contrecarrer. Cette impression d’opposition ne fit que renforcer sa détermination. Mais il n’était pas le premier à succomber à une telle tentation.
D’ailleurs, jusqu’à un certain point, son plan était assez efficace. La troisième fois qu’il intervint dans le passé, tout se passa au début comme lors de la tentative précédente.
L’autre se traîna pitoyablement jusqu’à lui, à la recherche du revolver qu’il avait eu soin de cacher. Notre homme était prêt à user de la force mais l’autre n’en vint pas aux mains. Sa physionomie abattue fit bientôt place à l’expression d’un intense désespoir. Il tourna les talons et alla à la porte-fenêtre scruter la nuit poisseuse. « Il doit commencer à se faire à l’idée de ne pas mourir », se réjouit notre homme. Quelques étoiles filantes passèrent dans le ciel. Alors, couvrant les bruits de la ville, un sifflement puissant leur parvint. L’autre tressaillit comme s’il venait de prendre froid. Puis il se retourna en s’effondrant sur le sol, un trou sombre entre les yeux.
Notre homme prit la décision de ne plus jamais essayer de modifier le passé, tout au moins son propre passé. Il en avait assez et vouait maintenant un sincère respect à un Haut Commandement capable de modifier le passé, quoiqu’avec difficulté.
Cependant, il n’était nullement découragé car il estimait avoir presque réussi sa deuxième tentative. S’il tenait l’arme hors d’atteinte de l’autre, s’il le dominait, ils pourraient enfin se fondre l’un dans l’autre, et tout se passerait comme prévu.
Il lui semblait que l’Univers, comme un gros animal endormi, suivait de près ses tentatives tout en s’efforçant de les contrecarrer. Cette impression d’opposition ne fit que renforcer sa détermination. Mais il n’était pas le premier à succomber à une telle tentation.
D’ailleurs, jusqu’à un certain point, son plan était assez efficace. La troisième fois qu’il intervint dans le passé, tout se passa au début comme lors de la tentative précédente.
L’autre se traîna pitoyablement jusqu’à lui, à la recherche du revolver qu’il avait eu soin de cacher. Notre homme était prêt à user de la force mais l’autre n’en vint pas aux mains. Sa physionomie abattue fit bientôt place à l’expression d’un intense désespoir. Il tourna les talons et alla à la porte-fenêtre scruter la nuit poisseuse. « Il doit commencer à se faire à l’idée de ne pas mourir », se réjouit notre homme. Quelques étoiles filantes passèrent dans le ciel. Alors, couvrant les bruits de la ville, un sifflement puissant leur parvint. L’autre tressaillit comme s’il venait de prendre froid. Puis il se retourna en s’effondrant sur le sol, un trou sombre entre les yeux.
Notre homme prit la décision de ne plus jamais essayer de modifier le passé, tout au moins son propre passé. Il en avait assez et vouait maintenant un sincère respect à un Haut Commandement capable de modifier le passé, quoiqu’avec difficulté.
