Maintenant que les mots ne viennent plus
que le sable a comblé
la place du marché
que le temple est vide
Tu redeviens l’étranger
par qui l’inquiétude ancienne
psalmodie ses silences
sur nos mémoires effrangées
Vieille idole sacrifiée
tu retournes
dans les limbes sans coup
de feu sans intrigues
Alors parmi les ombres il ne restera
sur la piste muette
au centre du cercle rompu
que la silhouette d’un homme seul
un danseur
virevoltant
sur une valse
à quatre temps
Puisqu’il faut être là
sans ambages et tout d’une pièce
devant toi
Ne feins pas l’indifférence
du siècle déclinant
Reste je t’en prie
Je mettrai mes pas dans les tiens
Nous échangerons
nos atomes nos paroles
et le monde recommencera
Peut-être
Chaque langue a sa manière d’exprimer le sentiment amoureux. Par ce biais se raconte également le rapport que toute langue entretient avec sa littérature…
Dans la langue de Molière, on notifie sa flamme par une expression qui englobe et réduit toutes les nuances de l’affection en une seule locution rendant du coup le sentiment qu’il exprime impératif : je t’aime. En le soutenant devant l’être aimé, il peut induire un silence imperceptible... Moment de suspension qui est aussi moment de grâce où tout est possible.
« Je t’aime » est une déclaration magistrale. Elle engage celui que le dit comme celui qui la reçoit. Le commandement n’est pas loin et oblige le destinataire à se déclarer de concert. Un seuil est franchi où la prise de risque est complète et l’exposition maximale. Si le sentiment est partagé, tout va bien. L’amour préserve sa légèreté et prodigue alors des ailes aux amants transfigurés par leur reconnaissance mutuelle !
Mais que faire si on en pas aimé en retour ? Angoisse et déception. D’où la tentation de mettre à distance cette assertion intempestive, d’en jouer d’autant plus que le sentiment qui le porte peut devenir éphémère ou cacher le jeu de la séduction. Aussi bien alors s’en divertir... D’où le sarcasme à la Gainsbourg : « Je t’aime ! Moi non plus ! »
La langue italienne à cet égard est plus souple, moins absolutiste. Car si on aime une personne, on lui veut forcément du bien ! L’amour est tout entier tourné vers l’autre et non sur soi comme en français qui convoque d’emblée le moi. « C’est moi qui t’aime et pas un autre ! ». En italien on est moins obligé. On peut alors déclarer son amour sans exclusive.
…. « Entre deux expressions de l’amour, aurait dit Paul Valéry, dont la mère était italienne, il faut choisir la moindre ». Ti voglio bene.
le cybersexe est-il Méduse, dissimulée sous le masque avenant de la fée Interactivité, ou Aphrodite nous initiant aux nouveaux jeu de l'amour ?
Alors que la ville remue tout bas
alors que la lueur gravite sur son axe
alors que le désert abrase le souvenir
que le scirocco dévale les ruelles safran
que sa densité éprouve mon désir
alors que
toi là-bas
tu entres dans l’oubli