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Citation de enkidu_


Le temps approche où les dragons asiatiques déferleront sur notre monde abâtardi, et il n'y aura pas lieu de se lamenter, car lorsqu'un fruit est pourri, non seulement il est indifférent qu'il tombe, mais encore il est bon de secouer l'arbre afin qu'il s'en détache promptement. Pour résister aux dragons, l'essentiel n'est donc pas de défendre n'importe quel Occident, mais que l'Occident soit tel qu'il vaille d'être défendu. Ou bien l'Europe retrouvera son génie profond, ou bien peu nous chaut qu'elle soit submergée par l'envahisseur chinois.

L'Asie me fascine depuis que je suis enfant. On me dit que celle d'aujourd'hui ne ressemble pas plus à celle dont rêvait Hôlderlin que l'Europe contemporaine à celle des moines et des chevaliers. Soit, mais l'Orient continue nonobstant de me donner le vertige. L'Orient, terre favorite de l'ascétisme et de la volupté, terre qui a vu naître Bouddha, Dionysos et Jésus-Christ.

Face à un Occident embourgeoisé, crétinisé par l'argent, la Chine communiste reste le dernier bastion de la foi. Tandis que le monde blanc s'abandonne à une laxité idéologique qui ne peut manquer de lui être fatale, les Chinois se veulent et s'avouent fanatiques avec une détermination propre à nous effrayer.

Car que disent les Chinois ? Ils disent que le capitalisme c'est le diable, et qu'on ne pactise pas avec le diable. Aux Soviétiques qui proclament qu'un compromis est préférable à la guerre – la « coexistence pacifique » – ils répondent que 'idéal est un bien sacré, que l'idéal, comme l'honneur, ne se divise pas, que l'idéal ne se vend pas trente deniers, et qu'il vaut mieux mourir en défendant les valeurs qui vous sont chères que vivre en les reniant.

A une époque où les disciples de Celui qui n'était pas venu apporter le repos mais le glaive remettent au fourreau l'épée flamboyante de leur maître et accrochent le tout à la panoplie poudreuse de la chrétienté défunte, les Chinois – qui seuls ne craignent pas la bombe atomique – conservent à l'histoire sa dimension apocalyptique. (pp. 83-85)
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