Jean Cavaillès fut arrêté par la Gestapo en août 1943, torturé, condamné à mort et exécuté cinq mois plus tard, en février 1944. Lorsque ses juges lui demandèrent d’expliquer ses mobiles, il dit :
« qu’il était fils d’officier, qu’il avait appris de son père à aimer son pays, et qu’il avait trouvé dans la continuation de la lutte un apaisement à la douleur de la défaite ». Il dit aussi « combien il aimait l’Allemagne de Kant et de Beethoven — et, développant sa position, il démontra qu’il réalisait dans sa vie la pensée de ces maîtres allemands »
Arrivé vers la mi-Février, il devait rester deux mois en Angleterre. Il était parti, sans beaucoup d'illusions sur les milieux français de Londres. Mais ce contact avec la France libre le déçut, cependant rapidement. La légèreté des bavardages - cette"mentalité d'émigrés" dont il me parlait avec mépris - "l'esprit de chapelle" de tout ce clan gaulliste, ces "femmes qui portaient des croix de Lorraine jusque sur leurs chapeaux" - et, surtout, les calculs et les ambitions - la basse politique qui aboutit au comité d'Alger - scandalisèrent le soldat qu'il restait.