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Citation de sonatem


     
On lit, par exemple, dans le Prélude de Wordsworth : « Celui qui se penche par-dessus le bord d’une barque lente, sur le sein d’une eau tranquille, se plaisant aux découvertes que fait son œil au fond des eaux, voit mille choses belles — des herbes, des poissons, des fleurs, des grottes, des galets, des racines d’arbres, — et en imagine plus encore » (IV, pp. 256-273, trad. E. Legouis). (...)
     
Wordsworth a d’ailleurs développé cette longue imagerie pour préparer une métaphore psychologique qui nous semble la métaphore fondamentale de la profondeur. « C’est ainsi, dit-il, c’est avec la même incertitude que je me suis plu longtemps à me pencher sur la surface du temps écoulé. » Pourrait-on vraiment décrire un passé sans des images de la profondeur ? Et aurait-on jamais une image de la profondeur pleine si l’on n’a pas médité au bord d’une eau profonde ? Le passé de notre âme est une eau profonde.
     
Et puis, quand on a vu tous les reflets, soudain, on regarde l’eau elle-même ; on croit alors la surprendre en train de fabriquer de la beauté ; on s’aperçoit qu’elle est belle en son volume, d’une beauté interne, d’une beauté active. Une sorte de narcissisme volumétrique imprègne la matière même. On suit alors avec toutes les forces du rêve le dialogue maeterlinckien de Palomides et d’Alladine :
     
L’eau bleue « est pleine de fleurs immobiles et étranges... As-tu vu la plus grande qui s’épanouit sous les autres ? On dirait qu’elle vit d’une vie cadencée... Et l’eau... Est-ce de l’eau ?... elle semble plus belle et plus pure et plus bleue que l’eau de la terre...
     
— Je n’ose plus la regarder. »
     
Une âme aussi est une matière si grande ! On n’ose pas la regarder.
     
Chapitre II, 3 (p. 74-5)
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