AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de sonatem


« Je tiens le flot de la rivière comme un violon. »
Paul Éluard, Le livre ouvert.
     
(...) Comment aussi expliquer autrement que par la poésie des sons des eaux tant de cloches englouties, tant de clochers submergés qui sonnent encore, tant de harpes d’or qui donnent de la gravité à des voix cristallines ! Dans un lied rapporté par Schuré, l’amant d’une jeune fille ravie par le Nixe du fleuve joue à son tour de la harpe d’or (1). Le Nixe, lentement vaincu par l’harmonie, rend la fiancée. Le charme est vaincu par le charme, la musique par la musique. Ainsi vont les dialogues enchantés.
     
(…) Dans la peine et dans la joie, dans son tumulte et dans sa paix, dans ses plaisanteries et dans ses plaintes, la source est bien, comme le dit Paul Fort, « le Verbe se faisant eaux ». À écouter tous ses sons, si beaux, si simples, si frais, l’eau, semble-t-il, « en vient à la bouche ». Faut-il taire ; enfin, tous les bonheurs de la langue humide ? Comment comprendre alors certaines formules qui évoquent l’intimité profonde de l’humide ? Par exemple, un hymne du Rig Véda, en deux lignes, rapproche la mer et la langue : « Le sein d’Indra, altéré de soma, doit toujours en être rempli : telle la mer est toujours gonflée d’eau, telle la langue est sans cesse humectée de salive (2). » La liquidité est un principe du langage ; le langage doit être gonflé d’eaux.
     
     
Conclusion (extraits) – La parole de l’eau, p. 256-8.
     
1. Schuré, Histoire du Lied – 1868.
2. Le Rig-Véda ou Livre des hymnes.
(trad. Langlois, tome 1, édition originale : 1848-51)
Commenter  J’apprécie          140





Ont apprécié cette citation (5)voir plus




{* *}