Citations de Genovefa Etienne (12)
On lui [Winston Churchill] attribue d’ailleurs une phrase ironique qu’il niera avoir prononcée : « Les traditions de la Navy ? Abjectes ! Quoi d’autres à part le rhum, la sodomie, les prières et le fouet ? »
Mais l’enquête sur le Bureau secret ordonnée par Alexandre Ier révéla que, dans la plupart des cas, il n’existait aucun dossier […] permettant de savoir ce qui avait justifié l’arrestation des suspects. Un certain Barnaoulski Zavod passa ainsi 44 ans en cellule à Ekaterinbourg sans que l’on n’en sût jamais le motif. Et lui-même ne put s’en expliquer : son emprisonnement l’avait rendu fou.
Entre 1741 et 1801, les régiments Préobrajensky et Semionovsky renversèrent trois tsars pour placer leur élu sur le trône.
Ainsi, dans la nuit du 25 au 26 novembre 1741, Elisabeth, fille cadette de Pierre le Grand, prit la tête de la Garde pour arrêter Ivan VI. La chose, du reste, était sans grand risque, le bébé empereur n’étant âgé que de quinze mois… A l’été 1762, Pierre III fut renversé six mois après son accession au trône. Une affaire de famille, puisque le complot cette fois était l’œuvre de son épouse, Catherine, une princesse allemande qui devait devenir Catherine II la Grande. Une fois de plus, les régiments de la Garde étaient à la manœuvre. Dans la nuit du 11 au 12 mars 1801, Paul Ier, fils de Catherine, était assassiné par des officiers de la Garde ivres morts, qui l’assommèrent dans sa chambre à coups de tabatière en or (!) avant de l’étrangler avec un foulard.
[Lafayette Baker, chef du renseignement de l’Union] Sa réputation était […] tellement détestable que, durant la procédure intentée en 1867 pour destituer le successeur de Lincoln, Andrew Johnson (17e président des États-Unis), un membre du Congrès lancera : « Il est douteux que Baker ait, en une seule occasion, dit la vérité, même par accident… »
A cette absence d’une politique du renseignement s’ajoute un tel aveuglement (et un tel sentiment de supériorité !) que l’état-major [français] est persuadé que l’armée allemande ne pourra opposer qu’une faible résistance à la meilleure armée du monde. La preuve de cette attitude est que les officiers en campagne, s’ils disposent de nombreuses cartes géographiques de la Prusse, ne sont pas dotés d’une seule carte des régions frontalières françaises puisque l’on n’envisage pas un seul instant, à Paris, que la guerre puisse se porter sur le sol français !
Un certain Charles Théveneau de Morande […] s’est fait une spécialité de vivre du chantage. Il compose des libelles orduriers sur telle ou telle personnalité – dans lesquels se marient rumeurs, calomnies et un fond de vérité – et en fait parvenir un exemplaire à l’intéressé. S’il paie, la prose ne paraît pas, sinon tant pis pour lui. En fait, voilà un auteur qui gagne sa vie en n’écrivant point. […]
Mais Théveneau exagère et prend pour cible Mme du Barry, la propre maîtresse de Louis XV. A la cour, on s’inquiète puis on se fâche. Louis XV demande aux Anglais de livrer Théveneau à la France. Londres répond que cette mesure ne semble pas souhaitable, mais que, si, par accident, le sieur Théveneau était discrètement enlevé et que, bien entendu, aucun Anglais ne soit mêlé à cette pénible affaire, on fermerait les yeux. Les services de Louis XV ont une certaine expérience de ce genre de manœuvre. N’ont-ils pas, en 1744, fait disparaître en Allemagne, très exactement à Francfort, un autre publiciste qui mourra de mauvais traitements dans un cachot du Mont-Saint-Michel ? Et en Angleterre, un malheureux marquis de Fratteau ne s’est-il pas évaporé de cette manière en 1752 avant de se retrouver à la Bastille ?
Tout cela ne va pas, d'ailleurs, sans accroc : on n'intercepte pas des milliers et des milliers de lettres par an sans que se produise, de temps à autre, un accident. Ainsi, l'ambassadeur de Londres à Vienne se plaint un jour d'avoir reçu des copies des lettres qu'on lui envoyait en lieu et place des originaux. Il ne s'attire du chancelier Kaunitz que cette magnifique et cynique réponse : "Dieu ! Comme mes gens sont maladroits !"
Louis XV finit par lui attribuer une rente, mais, parallèlement, le comte de Guerchy fait courir le bruit dans Londres que le chevalier d'Eon est une femme. Cette nouvelle fait sensation : aussitôt des paris sont organisés et la sexualité d'Eon devient une affaire de bourse.
En 1604, un secrétaire de la chancellerie de Paris, Nicolas L'Hoste, est démasqué : à la solde de l'Espagne, ce filleul du secrétaire d'Etat informe Madrid sur tous les dessous de la diplomatie française, [...]. Il tente de s'enfuir et se noie dans la Marne. Le cadavre sera embaumé pour que l'homme puisse être jugé comme s'il était bien vivant...
Car n'en doutons pas : tel qu'il a commencé, des Twin Towers à la guerre en Ukraine, le XXIe siècle sera un siècle d'affrontements, un siècle de violences.
[...] notre ambition est de montrer comment, au fil des siècles - si ce n'est des millénaires - est née cette profession dont les spécialistes disent qu'elle est le réel plus vieux métier du monde (pour aller voir une prostituée, ne faut-il pas, d'abord, connaître son adresse ?).
Et puis, si l'on va au fond des choses, il y a cette guerre éternelle que la barbarie, jamais vaincue, mène contre la civilisation, jamais victorieuse.