Ils montèrent dans la voiture et se rendirent au dernier domicile connu du couple.
- C’est à quelle adresse ? demanda Lionel.
- ça n’est pas loin, rue Gabriel Mouilleron.
De l’avenue du Colonel Pechot à la rue Gabriel Mouilleron il n’y avait que quelques minutes. Ils traversèrent le pont de l’avenue Georges Clémenceau qui permettait de passer au-dessus de la voie ferrée, croisant au passage la gare de Toul. S’ensuivait une ligne droite qui conduisait à Ecrouves. Ils tournèrent à droite juste avant de franchir la pancarte de cette ville et arrivèrent dans la rue recherchée. Il s’agissait d’un coin sympathique de la ville, résidentiel, constitué de maisons individuelles. Lionel se gara à quelques mètres de la maison de Pierre et Elisabeth.
- C’est celle-ci ? Joyce montra une jolie maison indépendante avec un beau jardin apparent.
- C’est l’adresse oui. Voyons ce qui se cache à l’intérieur de ces murs.
Ses pensées étaient troubles et elle avait des doutes quant à une possible implication de ce fameux Robert.
J’ai du mal à croire que ce type puisse avoir quelque chose à voir avec le corps. Ok, il est salement amoché et ce mec a l’alcool mauvais, mais je le vois mal tomber sur un homme pendant l’attaque du piaf, en titubant, le tuer et repartir comme si de rien n’était… Peut-être après tout… Tu as bien vu ces dernières années ce dont l’humain était capable ma pauvre Joyce. Ce serait réellement si étonnant ? Il est peut-être tombé sur cet homme tout rouge qui demandait de l’aide. Lui, complètement torché et incapable de réfléchir, a surement vu le diable en personne et a attaqué. Il lui a défoncé le cou et est reparti, heureux d’avoir vaincu un démon ou je ne sais quelle autre créature satanique… Pfiou. Je vais probablement trop loin. C’est possible qu’il se soit juste trouvé au mauvais moment et endroit.
Les rues de Toul étaient désertes à cette heure, Christophe avait décidé de rouler doucement et en silence : pas d’avertisseur sonore qui aurait pour effet de réveiller et alarmer toute la ville. Il habitait à quelques mètres du commissariat, en face du Port de France. Il en avait profité pour s’arrêter se rafraichir un instant. Son appartement avait une vue directe sur les bateaux de plaisance. Un endroit paisible où il faisait bon vivre. En apparence seulement ! Etant policier, il était parfois difficile, pour lui, d’avoir encore confiance en l’humanité, surtout dans une ville de taille moyenne comme Toul, comportant deux prisons et un quartier sensible, la Croix de Metz.
Avant qu’Elias n’ait eu le temps de prononcer le moindre mot, Norle avait déjà raccroché. Tim ne savait pas quoi penser de cette conversation. Son amour de jeunesse était à Toul depuis plusieurs années, à quelques kilomètres seulement de lui et il reprenait contact, comme ça, en lui aboyant des ordres en pleine nuit et sans lui laisser le moindre recours possible.
Dans le quartier Saint-Evre, Tim se réveilla sans se presser. Il avait encore quelques jours de congés et il était décidé à effectuer des petits travaux de rénovation dans la demeure. Depuis qu’il avait épousé son commandant, il avait abandonné sa vie nancéienne pour le rejoindre à Toul. Dès lors, d’une maison de célibataire, le domicile de Norle était devenu le foyer du couple. Pourtant, Tim n’avait jamais eu le temps de repeindre les murs ou encore d’agencer la décoration à son goût. Il avait simplement posé ses affaires, ici et là, et avait poursuivi son quotidien passionnel avec Lionel...
- On a retrouvé un corps hier, près de la fontaine.
- Nous sommes au courant. Le commandant Norle a téléphoné au maire pour le prévenir ce matin. Nos équipes sont de sortie dans tout le centre pour faire des rondes. Tout le monde est à cran, c’est rare ce genre de fait sur Toul… Chacun a pour mission de vous aider le plus possible et de bien ouvrir l’œil.
-Que voulez-vous messieurs, nous sommes à la pointe de l'innovation. Nous sommes peut-être dans une petite ville, mais nous savons recevoir! Nous n'allons pas vous faire venir pour un cadavre banal, le nôtre est particulièrement...singulier en son genre!