George Richon

La mort ne peut séparer un amour aussi fort.

Henri était là. Elle savait qu’il la regardait. Elle rêvait de lui la nuit. Dès que le moment était arrivé, elle lui avait fait comprendre qu’elle souhaitait qu’il la rejoigne dans sa chambre. Il était entré par la fenêtre, elle s’était jetée dans ses bras. Il lui avait alors fait l’amour avec tendresse. Elle l’avait accueilli en elle avec bonheur. Ils avaient fait l’amour comme si c’était la dernière fois. Il l’avait fait vibrer. Elle faisait un effort pour ne pas crier alors qu’elle avait envie de hurler de plaisir. Ils avaient atteint l’extase ensemble. Elle savait qu’elle ne laisserait plus jamais son mari la toucher. Une heure plus tard, elle était sur lui. Ils refirent l’amour les deux nuits suivantes. Puis vint le moment où Lilli devait rentrer chez elle.
Elle lui avait promis de s’arranger pour revenir de temps en temps. Elle ne pouvait l’empêcher de faire sa vie. Il avait le droit de fonder lui aussi une famille, mais ils s’étaient promis de toujours se retrouver.
 

Marie s’était mariée. Lorsque son mari l’avait touché, elle n’avait rien ressenti. Lorsqu’il se couchait sur elle, elle pensait à Henri, elle fermait les yeux et imaginait que c’était lui. C’était la seule solution qu’elle avait trouvée pour supporter.

La femme béké devait symboliser la pureté raciale. Aucune mésalliance n’était donc possible. C’était en ayant une descendance pure qu’ils pouvaient conserver leur position dominante.

Les békés ne se mariaient pas avec les femmes de couleur, mais cela ne les empêchait pas de coucher avec. Léonie se montrait toujours respectueuse et ne s’était jamais plainte que Monsieur De Saint-Serron la rejoignait parfois dans son lit. Cela durait depuis des années. Léonie n’était pas la seule, mais c’était celle qu’il avait gardée le plus longtemps. Elle était sur place, c’était pratique pour lui, d’autant plus qu’ils faisaient chambre à part.

Il reprit ses lèvres, il était si heureux qu’elle soit là. Il avait l’impression de rêver. Lilli noua ses bras autour de son cou. Les lèvres de Gilles descendirent vers sa gorge. Que c’était bon. Il avait envie d’elle. Il avait envie d’oublier tous ces problèmes dans ses bras. Ses mains la caressaient, mais soudain, Lilli le repoussa. Elle se mit à trembler. Elle avait eu peur subitement.

Il repensait à son petit sourire, à ses baisers. Il la revoyait serrée contre lui. Elle le hantait. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était de veiller à ce qu’elle soit bien. Il avait aussi donné des ordres pour que son père ait un meilleur poste. Il ne savait pas quoi faire d’autre pour l’aider.

C’était si bon. Un baiser sensuel, doux ; puis il devint plus ardent. Ils perdirent la notion du temps. Plus rien d’autre n’existait. Lilli sentait tout son corps, réagir, elle n’avait jamais éprouvé ces sensations, mais comme c’était bon. Gilles se ressaisit. Il sentait que tout pouvait basculer, mais il ne le voulait pas. Il se résout à mettre fin à leur baiser ; mais ne pouvait s’empêcher de la garder serrée encore un peu dans ses bras.

Ces hommes-là ne se marient pas avec les femmes comme nous. Oh, je ne dis pas qu’ils n’aiment pas nous avoir dans leur lit, mais ils ne marient qu’entre eux. Lilli le jeune monsieur De Saint-Serron a toujours été correct avec toutes les filles ici. Mais il y a un début à tout.

Le contact avec son fils avait réveillé son instinct maternel. Elle serrait Alexis dans ses bras. Elle demanda à Dieu de le sauver. Elle voulait qu’il vive. Elle demanda à mourir à sa place. Elle voulait donner sa vie contre la sienne.

Elle voulait voir s’il ressemblait au monstre qui l’avait violé. Non, il n’y avait aucune ressemblance. Mais elle ne voulait quand même pas le prendre dans ses bras. C’était comme si elle avait peur de l’aimer, peur de s’attacher à lui alors que sa seule présence lui rappelait ce qui lui était arrivé.

Elle l’obsédait cette petite. Le prêtre vaudou lui avait bien certifié qu’une fois ce rituel accomplit que plus rien ne pourrait l’arrêter. Plus personne ne pourrait se mettre en travers de son chemin. Il allait vers sa réussite. Un jour, il siégera à Paris. Il n’avait aucun remords.

Lilli avait déjà de belles courbes et de petits seins qu’il devinait à travers la robe. Cela faisait longtemps qu’il rêvait d’elle. De la toucher, de la posséder cette petite aguicheuse qui le prenait de haut lorsqu’elle était avec ses parents. Là elle était toute seule. Elle était à sa merci et il n’avait pas l’intention de laisser passer cette occasion.

— Tout s’achète, lui dit Solomon. Il suffit d’y mettre le prix.

Lisa était triste d’entendre cela. Elle ne pensait pas se trouver confrontée au racisme un jour. Elle avait toujours été entourée d’amis blancs et noirs. Ils étaient tous si unis. Elle ne connaissait pas la famille de Ezra. Elle était triste pour lui que son père soit d’un autre temps. Elle n’avait pas envie de rencontrer ce genre d’individus. Tout était compliqué. Elle ne voulait pas que Ezra soit partagé entre elle et sa famille. Il avait ses enfants. Elle ne voulait pas que ceux-ci souffrent à cause d’elle. S’ils restaient ensemble, il y aurait forcément des tensions.

Lisa méritait d’être heureuse. Elle avait eu une vie fantastique avec Alexis. Il fallait maintenant qu’elle tourne la page. « Je suis là mon fils et je la soutiendrai comme je te l’ai promis » pensa-t-elle. Elle regarda Gilles. Ils se sourirent. Ils se comprenaient sans se parler.
 

Il s’enfonça en elle, et commença à aller et venir doucement, lentement. Il voulait savourer chaque instant. Lisa enroula ses jambes autour de lui le serrant plus fort en elle. Il alla plus vite et lorsqu’il sentit Lisa sur le point de jouir, il s’arrêta. Lisa le regarda et le supplia de continuer. Ezra donna des petits coups, puis il accéléra la cadence pour jouir avec elle.

Les baisers qu’ils avaient échangés, ne laissaient aucun doute, Lisa ressentait la même attirance que lui. Elle vibrait dans ses bras. C’était la première fois qu’il ressentait une telle attirance pour une femme, la première à occuper toutes ses pensées. Il savait qu’il était amoureux fou d’elle. Il travaillait davantage pour essayer de ne pas trop penser à Lisa, mais rien n’y faisait. Certains de ses collaborateurs souriaient car Ezra était parfois rêveur. Il y avait certainement une femme là-dessous.

En épousant Alexis, j’ai trouvé l’amour de ma vie mais aussi la famille qui m’avait toujours manquée. Ils m’ont aidé à grandir et à devenir la femme que je suis aujourd’hui.

Il avait eu envie d’elle, envie de lui faire l’amour. Il avait envie de la toucher, partout. Il fallait qu’il trouve comment faire pour l’approcher de nouveau. Ce n’était pas possible que cela s’arrête entre eux. Son corps avait réagi, il en était sûr, elle en avait eu autant envie que lui. Pendant un moment elle avait répondu à ses baisers, elle s’était même serrée contre lui, elle s’était abandonnée et puis, elle s’était enfuie.