L'œuvre de Marot est assez considérable et assez inégale en même temps. Durant le premier tiers de sa carrière, il continua la tradition des Meschinot, des Crétin, des Molinet, et ses poésies ne sont guère, alors, que des pastiches gâtés par l'allégorie, la mythologie, l'emphase, l'obscurité de la construction. Tel est le caractère du premier recueil de ses poésies, publié en 1529, sous le titre de l'Adolescence Clémentine, et comprenant, outre les petits poèmes du Temple de l'Amour, de la Queste de fausse Amour, du Jugement de Minos, quelques épitres, complaintes, ballades, rondeaux, dizains, chansons, compliments, déclarations, épitaphes, presque toutes œuvres de commande sur les événements du jour, écrites par un poète de cour.
L'histoire des Lettres françaises au xix" siècle est dominée par deux grands faits qui marquent l'adaptation d'un art nouveau à une société nouvelle; d'un côté, c'est le dépérissement de l'idéal classique dont les formules sont désormais insuffisantes, et qui fait place au grand courant régénérateur du romantisme ; d'autre part, c'est l'échec partiel des tentatives romantiques dont la transformation, combinée avec les éléments scientifiques laissés par le XVIIIe siècle, aboutit à l'éclosion et à l'épanouissement du naturalisme.
Dans tous les cas, Lamartine avait, du premier effort, fait résonner sur la lyre romantique une note qu'elle n'oubliera plus. Son grand mérite fut de l'avoir trouvée, mais on peut regretter qu'il n'ait pas su la varier, précisément parce qu'il était incapable d'en faire entendre une autre que celle-là.
C'est une existence étrange que celle de Clément Marot : existence vagabonde, remplie de soucis et de persécutions qui eussent paralysé le talent de tout autre, et qui contribuèrent, au contraire, à développer, à affiner le sien, beaucoup mieux que ne l'auraient pu faire le calme et la tranquillité relatives dont il jouit durant plusieurs années.