La Révolution aurait pu être une fête. Il n'en fut rien. Les nouveaux acteurs de la vie politique sont des gens très sérieux. Quand on dirige l'histoire en marche, on ne plaisante pas. Le ton est donné dès la réunion des États généraux. Le 6 juin 1789, le tiers état se dote d'un code de conduite pour les débats à venir, qui spécifie l'interdiction de rire en séance. On se croirait revenu au temps des règles monastiques : les membres doivent rester impassibles, comme il convient à la dignité de la représentation nationale ; des censeurs sont chargés d'y veiller. Pour ces bourgeois sérieux, le rire évoque la frivolité et la raillerie hautaine de l'aristocratie.