Quand je n'écris pas, j'attends. Pendant que j'écris, j'oublie que j'attends. Évidemment, je me demande ce que j'attends. Pas Godot, non. S'il existe, il nous aura fait très suffisamment mariner, il est bien le plus grand indifférent possible. S'il n'existe pas nous sommes tous des imbéciles. La vérité est sans doute entre les deux. Entre ces deux chaises sur lesquelles ne jamais s'asseoir, la vie, la mort; comment vivre sachant qu'on va mourir, comment oser "entreprendre" quoi que ce soit puisque demain, tout de suite, allez, dans la fosse. Et comment mourir, sachant qu'on n'a pas vécu, ou mal, ou de travers, ou à côté, parce que justement, on a attendu. Mais attendu quoi?