AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de dourvach


— Je suis enchanté, monsieur le commissaire, de vous avoir enfin au bout du fil.
— Croyez, monsieur le juge, que tout le plaisir est pour moi.
Mme Maigret leva vivement la tête. Elle était toujours mal à l'aise quand son mari prenait cette voix-là, paisible et bonasse, et lorsque c'était avec elle que cela arrivait, elle se mettait à pleurer tant elle était déroutée.
— Voilà cinq fois que je vous appelle à votre bureau.
— Et je n'y étais pas ! soupira-t-il avec consternation.
Elle lui fit signe de faire attention, de ne pas oublier qu'il parlait à un juge, dont le beau-frère, par surcroît, avait été deux ou trois fois ministre.
— On vient seulement de m'apprendre que vous étiez malade...
— Si peu, monsieur le juge. Les gens exagèrent toujours. Un gros rhume. Et encore, je me demande s'il est si gros que cela !
C'était peut-être le fait de se trouver chez lui, en pyjama, en robe de chambre moelleuse, les pieds dans des pantoufles, bien calé au fond de son fauteuil, qui inspirait à Maigret cette humeur enjouée.
— Ce qui m'étonne, c'est que vous ne m'ayez pas fait savoir qui vous remplace.
— Me remplacer où ?
La voix du juge Coméliau était sèche, froide, volontairement impersonnelle, tandis que celle du commissaire, au contraire, devenait de plus en plus bonhomme.
— Je parle de l'affaire de la place de la Concorde. Je suppose que vous ne l'avez pas oubliée.
— J'y pense toute la journée. Tout à l'heure encore, je disais à ma femme...

[Georges SIMENON, "Maigret et son mort", chapitre 3, Presses de la Cité, 1948]
Commenter  J’apprécie          203





Ont apprécié cette citation (20)voir plus




{* *}