AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Nastie92


Comme vous l'aurez déjà compris, l'appel au médecin, qui est parfois une nécessité, constituait à Valfroide toujours un luxe. On ne s'y résignait qu'en dernier ressort, essayant à tout le moins de se traîner jusqu'à mon cabinet au lieu de m'appeler en visite, histoire d'économiser quinze sous. Je sais bien que le pays est pauvre − et l'était à l'époque beaucoup plus encore, en l'absence de tourisme. Mais, tant il est vrai que la misère est une seconde nature, ces gens qui ne gagnaient rien dépensaient moins encore. Vous me croirez si vous voulez, mais la plupart arrivaient à mettre de l'argent de côté ! Ils en avaient en tout cas assez pour y tenir et ne pas le gaspiller − entendez par là, en particulier chez le médecin... On préférait donc soigner le mal par le mépris, ou les remèdes de bonne femme. On attendait. Et on attendait parfois si bien que c'était le prêtre qu'il fallait appeler... Au début, du moins. Par la suite, les gens devaient s'habituer à ne plus trop se laisser mourir par souci d'économie, voire insouciance pure et simple. Sans doute est-ce là ce qu'on nomme le progrès... En ce qui me concerne, vous pensez bien que je ne m'étais pas installé à Valfroide pour y faire fortune ! Mais, tout de même, cela m'agaçait de m'y sentir parfois inutile, et pour des questions de gros sous. À tant faire que d'être là, j'aurais encore préféré soigner les gens gratis que de ne pas les soigner du tout. L'ennui est qu'ils n'auraient pas accepté cela non plus. Me payer leur arrachait le cœur, mais ils tenaient à le faire, et séance tenante. Cette apparente contradiction m'avait tout d'abord étonné, mais je ne tardai pas à voir en elle un raffinement de ladrerie. Voulez-vous que je vous dise ? Devoir inquiète. Ces gens-là voulaient être quittes.
Commenter  J’apprécie          161





Ont apprécié cette citation (14)voir plus




{* *}