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EAN : 9782851571809
284 pages
Fernand Lanore (06/05/1999)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Ce roman est la simple histoire d'un homme. comment et pourquoi vers 1880, le docteur Henri Rodier a choisi de s'installer à Valfroide, village perdu en plein coeur de la haute montagne dauphinoise, et ce qu'y a été son existence, voilà ce qui lui-même rapportera, au cours d'un long récit émaillé de réflexions et d'anecdotes.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Georges Sonnier est un cousin de Samivel. Son amour pour la montagne est donc une affaire de famille.
Le médecin de montagne, c'était le docteur Henri Rodier. Originaire de Grenoble, il s'installa à Valfroide, tout près de la Meije, où il exerça pendant plusieurs décennies.
Georges Sonnier a recueilli ses confidences et nous raconte son histoire.
Le récit n'est pas linéaire, l'ouvrage est constitué de nombreux épisodes qui, par petites touches, dressent le portrait du docteur Rodier et nous montrent sa vie.
Pourquoi Henri Rodier, originaire de Grenoble a-t-il choisi de venir s'installer en plein coeur de la montagne ?
Comment y a-t-il été accueilli par les autochtones, méfiants, en cette fin du dix-neuvième siècle où les gens bougent relativement peu et les populations ne se mélangent pas beaucoup ?
Le lecteur le découvre au fil des pages qui mêlent anecdotes, histoires gaies ou tristes, qui composent le quotidien du médecin, le tout dans le cadre enchanteur de la montagne dauphinoise.
Ce livre nous offre une page d'histoire, de nombreuses balades alpines et surtout beaucoup d'humanité.
Arrivé tout jeune à Valfroide, le docteur Rodier y finira sa vie, une vie riche de rencontres et d'aventures.
Au fil des expériences vécues, la fougue du début cèdera la place à une sorte de sagesse apaisée.
C'est un très beau double portrait, d'homme et du milieu montagnard, que dresse Georges Sonnier, dans un récit simple mais qui ne manque pas de lyrisme.
Un texte attachant pour un personnage qui l'est tout autant.
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Revue " La Montagne et Alpinisme" - No 48, Juin 1964)

II y a quelque quarante ans, dans le cadre d'un haut refuge d'Oisans que le lecteur identifiera sans peine, un vieil homme, venu là haut retrouver encore ces sommets qui furent sa vie, narre son existence à un alpiniste de rencontre. C'est cet admirable récit qui constitue l'essentiel du livre. La vie de cet Henri Rodier fut pourtant bien peu fertile en événements. Grenoblois, il quitta la ville, ses études accomplies, pour s'installer comme médecin à Valfroide (La Grave). Les difficultés de son métier, ses courses en montagne, les quelques rencontres marquantes qu'il fit au cours des ans constituèrent la trame matérielle de sa vie. Mais cet amateur de solitude était un homme de réflexion, cherchant toujours la signification des choses vécues, tentant de comprendre lucidement ces situations fondamentales : amour, joie, souffrance ou mort dans lesquelles se débat chaque être humain, et faisant de la montagne l'objet d'une méditatation fervente.

Pour peu que l'on connaisse l'oeuvre de Georges Sonnier, on devine tout le parti que l'auteur de Meije et Terre du ciel a pu tirer d'un tel schéma. L'aventure intérieure, la recherche d'une certaine philosophie, l'incessante tentative pour conférer à la montagne un sens dans une vie humaine, composent le fond de ce roman qui est tout autant un essai. Voilà le lecteur prévenu. S'il est d'accord avec Georges Sonnier pour reconnaître que "l'alpinisme est un humanisme", et si l'affirmation que "la montagne est une réalité métaphysique" ne l'effraye pas, nous l'assurons de trouver à cette lecture de substantielles richesses. Qu'il n'aille pas croire pour autant que seules de belles abstractions y sont agitées. A ce point de rencontre de l'homme et de la montagne, nous retrouvons tout ce qui, comme naturellement, captive le pratiquant de ce domaine "où règne la lumière" : beauté de la lutte, absolu des paysages, accord profond avec le monde. La souveraine Meije est le pôle et le creuset de ces sentiments.

On ne peut parler de ce livre sans dire que l'on y trouve, vu par les yeux d'un homme qui a lu Ramuz, tout l'Oisans d'autrefois. II s'en dégage un charme pénétrant. Qui de nous, s'il n'aimât vraiment la montagne, n'a songé à ce que furent jadis ces vallées, la vie de leurs habitants, et ces sommets chargés d'un autre prestige ? Nous lisons là de fascinantes histoires, liées à l'âge d'or de l'alpinisme et à la vie quotidienne des montagnards de ces pays.

Un médecin de montagne s'inscrit d'ailleurs dans un certain cheminement de la pensée de Georges Sonnier. Il marque, sinon une réponse totale et définitive, du moins la conquête d'une sagesse sur les sentiers de la montagne et de la vie.

Nous avons été sensibles à un lyrisme contenu, chaleureux et personnel, à une qualité littéraire constante sans concession à la facilité et au simple pittoresque. Cet ouvrage, clef tout à la fois de la terre d'Oisans, d'une époque vite enfuie, et des voies du rêve et, de la recherche spirituelle, est du rang des plus hauts livres que la montagne ait jamais inspirés.

Gérard de Couyssy.
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Henri Rodier, jeune médecin quitte sa ville de Grenoble en 1880 pour s'établir à Valfroide, un village perdu en haute montagne. Sa vie se déroulera là-bas. En fin de carrière au cours d'une expédition d'alpinisme , il rencontre dans un refuge un jeune alpiniste et se met à lui raconter sa vie, ses souvenirs dans ces lieux perdus à côté de la Meije qui culmine. Un fort joli roman.
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Mon livre fétiche, il m'a accompagné dans les moments difficiles de mon internat.
Pour les connaisseurs, le roman parle d'un médecin installé à Vallefroide, il faut traduire par La Grave, au nom moins évocateur. Récit magnifique, description fabuleuse de l'ambiance du haut Oisans.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Comme vous l'aurez déjà compris, l'appel au médecin, qui est parfois une nécessité, constituait à Valfroide toujours un luxe. On ne s'y résignait qu'en dernier ressort, essayant à tout le moins de se traîner jusqu'à mon cabinet au lieu de m'appeler en visite, histoire d'économiser quinze sous. Je sais bien que le pays est pauvre − et l'était à l'époque beaucoup plus encore, en l'absence de tourisme. Mais, tant il est vrai que la misère est une seconde nature, ces gens qui ne gagnaient rien dépensaient moins encore. Vous me croirez si vous voulez, mais la plupart arrivaient à mettre de l'argent de côté ! Ils en avaient en tout cas assez pour y tenir et ne pas le gaspiller − entendez par là, en particulier chez le médecin... On préférait donc soigner le mal par le mépris, ou les remèdes de bonne femme. On attendait. Et on attendait parfois si bien que c'était le prêtre qu'il fallait appeler... Au début, du moins. Par la suite, les gens devaient s'habituer à ne plus trop se laisser mourir par souci d'économie, voire insouciance pure et simple. Sans doute est-ce là ce qu'on nomme le progrès... En ce qui me concerne, vous pensez bien que je ne m'étais pas installé à Valfroide pour y faire fortune ! Mais, tout de même, cela m'agaçait de m'y sentir parfois inutile, et pour des questions de gros sous. À tant faire que d'être là, j'aurais encore préféré soigner les gens gratis que de ne pas les soigner du tout. L'ennui est qu'ils n'auraient pas accepté cela non plus. Me payer leur arrachait le cœur, mais ils tenaient à le faire, et séance tenante. Cette apparente contradiction m'avait tout d'abord étonné, mais je ne tardai pas à voir en elle un raffinement de ladrerie. Voulez-vous que je vous dise ? Devoir inquiète. Ces gens-là voulaient être quittes.
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La fraîcheur de l'air nous surprit, et pourtant il ne gelait pas. Pas d'étoiles. Mais il y avait, dans ces ténèbres totales, des zones d'une densité singulière qui trahissaient la présence invisible de la montagne. Aussi bien cette nuit n'était-elle pas uniforme : partagée entre la terre et le ciel, elle prenait son ton à tout cela même qu'elle dissimulait dans ses plis. Le silence était parfois entrecoupé de rumeurs vagues, difficiles à identifier, plus encore à localiser. C'était, en mineur, le chant nocturne de la terre et nous nous taisions pour le laisser mieux couler au fond de nous. Ce devait être un de ces instants chargés non pas d'événements, puisque apparemment il ne s'y passe rien, mais d'un sens difficile à déceler. leur charme tient peut-être à leur immobilité même, à une sorte de pause dans le fatal écoulement du temps. On redoute alors de les briser, sachant déjà qu'on ne se les rappellera que pour les regretter − car chacun d'eux est inimitable. le froid nous pénétrant, un peu plus tard, et à regret en effet, nous rentrâmes dans le refuge.
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La science des guérisseurs se résumait à peu de choses : quelques recettes de bonne femme ; et ces fameuses herbes de la montagne, dont au surplus chacun connaît l'emploi : l'arnica pour les coups, la gentiane pour l'estomac, le génépi pour les refroidissements. Ce n'était pas bien méchant − entre certaines limites, du moins. Le jour où les gens de Valfroide eurent admis que le génépi ne suffit pas forcément à guérir une congestion pulmonaire ou une pneumonie double, je pus estimer avoir gagné la partie. Je la gagnai surtout le jour où l'un de ces fameux « guérisseurs », la mort dans l'âme j'imagine, me fit appeler discrètement à son chevet ; et où je le guéris... Ces choses-là se savent toujours. Le bonhomme n'y perdit peut-être pas tous ses clients, mais il avait perdu la face. Et son prestige ne s'en releva jamais, tandis que le mien se trouvait renforcé.
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La neige, elle, ne s'installe vraiment qu'en décembre, pour nous quitter fin avril. Mais si elle est longue à venir, elle part d'un seul coup : c'est qu'il est resté dans la terre, à travers tout le gel de l'hiver, comme une chaleur sourde qui la travaille : c'est par en dessous surtout qu'elle fond. Et un beau jour, il ne reste plus qu'une croûte, que le pied traverse. Elle s'écaille en taches, en flaques qui s'amenuisent d'heure en heure, on la voit remonter à vue d'œil vers les glaciers, vers les sommets, remplacée par des champs de fleurs blanches. Oui, chez nous, le printemps, s'il vient plus tard qu'ailleurs, éclate comme une fête, une fanfare de couleurs. La longueur des jours, la splendeur encore dure de la lumière concourent à faire de chaque heure un enchantement. C'est la saison glorieuse de la montagne.
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Couché sur le dos, mon compagnon dormait encore paisiblement. Je l'observai avec attention : il me semblait que ce sommeil me le livrait mieux encore que ses confidences ; ou, plus exactement, achevait de me livrer de sa vérité profonde précisément cette part que ses propos, toujours choisis, laissaient dans l'ombre. Il respirait doucement, régulièrement. Ayant dépouillé le masque, son visage au repos, entièrement détendu et sans défense, m'offrait quelque chose de nouveau, et presque d'enfantin, qui ne laissait plus nulle place à la pose ou à la réserve volontaire. je découvris ainsi que des yeux fermés peuvent être plus révélateurs que des yeux ouverts ; l'absence dans le sommeil, plus que la présence du regard, dont on joue. Cet homme abandonné me disait donc tout ce qu'avait tu l'homme en état de veille − ou à peu près.
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