Georges Vigarello

Les premiers bains du XVIIIe siècle, ceux des hôtels particuliers, sont des bains chauds apparemment réservés à la propreté. Mais l'attention à une mécanique de l'eau laisse déjà deviner une plus grande complexité. La distinction de Richelet en 1728 suggère des nuances : "Les jeunes gens se baignent par plaisir et les autres prennent le bain pour se conserver en santé." Le plaisir donc est premier. Quant au rapport à la santé, il ne vise peut-être pas ici l'entretien de la peau. Les effets dynamiques de l'eau sur les organes pourraient être plus importants. Quoi qu'il en soit, le cabinet de bains est un luxe. Un luxe rare bien sûr, mais délibéré. C'est en tant que tel qu'il doit être compris. Il implique une pratique spécifique. Ce n'est peut-être pas la propreté qui, au milieu du siècle en tout cas, y est la référence dominante.