Ah, ces mauvais juifs! Infidèles, menteurs, athées, cyniques…. Il y a celui qui trompe sa femme, celui qui se rend dans une orgie après des obsèques, celui qui a honte de son père…
Du sel, de l'ironie, des traits d'esprit, des vacheries façonnent les sept nouvelles. Dans Bad jews and other stories Gerald Shapiro nous sert une belle brochette de mauvais sujets qui ont la conscience lourde.
Les juifs américains de parents européens déracinés n'y sont pas à la fête, tiraillés entre anglais et yiddish, entre shtetl et villes états-uniennes. Les rabbins sont expéditifs, les donateurs férus de culture hébraïque particulièrement pénibles.
Que dire sinon que je me suis marrée pendant 279 pages. C'est Jerry Seinfeld, avec Shalom Auslander et Woody Allen.
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Deux textes pour le prix d'un dans ce Schmok à Babylone, signé du très caustique Gerald Shapiro.
Dans « Une boîte de cendres », mon préféré, Ira Mittelman, quinquagénaire restaurateur de livres anciens, est un mauvais fils. Depuis deux ans il doit se rendre dans le camp scout où il a passé son enfance afin de respecter les dernières volontés de son père: y disperser ses cendres. Non seulement Ira n'entretenait plus de relations suivies avec son géniteur, mais il n'a guère de bons souvenirs de ses anciens comparses scouts, qui se moquaient de lui et l'appelaient « le juif ». de plus sa vie sentimentale est de nouveau au beau fixe: « Pour Ira Mittelman, coucher chaque vendredi soir avec son ex-femme Pauline était le comble du raffinement. Il avait l'impression d'être le personnage d'un film d'amour français au ton désabusé. »
Dans « Un schmok à Babylone », on retrouve l'un des personnages du recueil de nouvelles Les Mauvais Juifs, Leo Spivak, alors futur père de famille qui fait ses débuts dans l'agence de publicité Bowles & Humphries. Manque de chance, on vient de lui refiler une mission quasi impossible: vendre du spray intime pour jeunes filles. En plus, la nuit, il rêve du président Ronald Reagan. Et Spivak de se retrouver à Hollywood-Babylone, comme un schmok au Château Marmont.
Shapiro a toujours la même verve, son cynisme fait mouche, son insolence aussi. Ses Little Men (titre original) obsédés par leur sexualité naissante, par leurs doutes existentiels, n'ont rien à voir avec Louisa May Alcott !
On aime son sens de la dérision dans sa manière de dépeindre l'enfance, et les hommes, maladroits, qui doutent de leur manière de faire l'amour, un peu gauches et souvent dépassés. Il y a donc du Woody Allen là-dessous.
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