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Citation de ChouettedeMinerve


Le 28 juin 1919, dans la galerie des Glaces du château de Versailles, à l'endroit même où a été proclamé l'Empire allemand en 1871, Hermann Müller, ministre des Affaires étrangères, et Johannes Bell, ministre des Transports de la république de Weimar, signent le traité de Versailles. Une foule se presse pour assister à l'évènement ; on monte sur les chaises ; on se bouscule. La France a invité des mutilés de guerre pour rappeler l'horreur du conflit ; le train qui amène les plénipotentiaires allemands a été détourné pour traverser à petite vitesse les zones des combats qui témoignent des dévastations qu'a subies le pays. Le matin même, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont signé le traité par lequel ils accordent leur garantie à la France en cas d'agression allemande, contrepartie de la renonciation par Clemenceau à la revendication d'une séparation de la Rhénanie de l'Allemagne. Cent et un coups de canon concluent la courte cérémonie.
Le maréchal Foch, commandant en chef des forces alliées, est absent. Le 4 mai, lorsque le traité a été rendu public devant les alliés, il a protesté en réclamant de faire du Rhin la frontière entre l'Allemagne et ses voisins. En vain. Il explique au New York Times : "La prochaine fois, les Allemands ne commettront pas d'erreur. Ils envahiront le nord de la France et se saisiront des ports sur la Manche pour lancer des opérations contre l'Angleterre", en concluant : "Quand on est pas sur le Rhin, on a tout perdu."
Que l'Histoire ait prouvé, en mai-juin 1940, que Foch avait raison devrait justifier que personne aujourd'hui n'ose défendre le traité de Versailles parce qu'il n'accordait pas assez de garanties aux voisins de l'Allemagne, mais, paradoxalement, il est critiqué - et il l'a été quasiment depuis sa signature - au contraire pour avoir été trop dur.
La cause semble entendue : les alliés auraient imposé à l'Allemagne une "paix carthaginoise" qui aurait nourri le ressentiment durable de la population, affaibli la république de Weimar et ouvert la voie à Hitler. Dès 1919, Keynes s'insurge contre les clauses économiques du traité et annonce la ruine de l'Allemagne dans son best-seller Les Conséquences économiques de la paix. Que toutes ses prévisions soient démenties par le redressement rapide de l'économie allemande, qui retrouve dès 1925 le PIB de 1914 sur un territoire plus petit, n'a étrangement pas affaibli la portée de son argumentation qu'on répète encore aujourd'hui.

Chapitre VII, Le traité de Versailles, p158-159.
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