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Critiques de Gérard Cartier (4)
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L'Ultime Thulé. Jeu de l'oie

Gérard Cartier publie chez les éditions Flammarion " L’ultime Thulé ".

Il puise ses références dans le voyage légendaire de saint Brendan,

en quête des îles les plus lointaines.

Il entraîne son lecteur dans des périples géographique et temporel

et porte témoignage d’investigations au plus profond de soi.



Brendan controversé personnage de légende, bénéficie d'une

biographie enjolivée par les générations qui se sont succédées.

L es premières références à Brendan datent du VIIe siècle.

On raconte qu’il naquit durant le premier quart du VIe siècle

dans le comté de Kerry au sud-ouest de l’Irlande.

Des manuscrits plus tardifs lui attribuent des parents de noble

naissance.

Baptisé et élevé l'évêque de Kerry, Erc, il a sans doute reçu une

très bonne éducation.

Devenu prêtre, puis abbé, il exerce son ministère dans son pays natal

où il fonde plusieurs maisons religieuses.

Il meurt aux environs de 570.

Depuis sa mort, on lui attribue de nombreux voyages.

Le seul voyage attesté est celui accompli en 562, pour rendre visite à

saint Colomban, fondateur d'une communauté religieuse sur une île

isolée au large de la côte nord-ouest de l'Écosse.

Quoiqu’il en soit, le saint Brendan de l’histoire appartient à cette race

d’hommes cultivés, épris d'érémitisme, qui prennent la mer pour s’ins-

taller sur quelque ilot désert.

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L'oca nera

3 lieux, 3 récits, 3 époques

63 chapitres comme 63 cases pour un jeu de l’oie

1944, 1947,2012-2013 : 3 dates et 3 récits de quêtes ou d’enquêtes parallèles.

Autant de chiffres (l’auteur est ingénieur et poète) qui ne dévoilent qu’un peu du mystère de ces 504 pages touffues, denses, empreintes parfois de nostalgie et de mélancolie, parfois de colère, toujours dans une forme littéraire très soutenue.

A priori les trois récits n’ont rien à voir entre eux, tressant « un écheveau qu’on peine à démêler », mais dont l’auteur donne, dès la préface, les clefs pour en comprendre la construction – celle d’un « jeu de l’oie, avec ses cases fastes et néfastes » - ainsi que deux modes de lecture, pour « lecteur pressé » ou non, en précisant toutefois que « toute expérience (la lecture d’un livre au même titre que l’étude de l’Histoire ou l’épreuve de la vie) est un affrontement à la complexité ; elle ne vaut pour autant qu’on en dégage soi-même le sens. »



Premier fil : 2012. Le narrateur qui tient son journal consigne sa vie dans le Val de Suse en Italie, où il a rencontré la belle Livia de Venise, avec qui il vit une aventure passionnée, malgré leur différence d’âge. Quand ils ne sont pas sur le chantier du tunnel auquel travaille le narrateur, en butte aux militants opposés à la ligne Lyon-Turin, ils parcourent l’Italie et vont même jusqu’en Autriche sur les traces du père du narrateur enfermé jadis dans un camp à Graz. C’est à Turin, que le narrateur, collectionneur, découvre un jeu de l’oie étrange parce que l’oie y est noire, ce qui est rarissime.

Il n’aura de cesse de retrouver son origine et de remonter, par une enquête minutieuse, le fil de sa genèse.

Deuxième fil : 1947. Un couple soudé par l’adversité ? – appelons-les Hélène et Joseph, ce sont des noms d’emprunt – échappent à un coup de filet et fuient la France pour l’Italie. Un lecteur averti s’apercevra que les chapitres racontant leur fuite occupent les cases de l’oie (« de neuf en neuf »), et en menant l’enquête avec l’auteur, découvrira qui se cache derrière le portrait d’un homme ayant réussi à échapper aux services secrets français.

Troisième fil : Printemps 1944. L’espionne du Vercors, nommée parfois Mireille Provence, traque les maquisards au pied du Vercors pour les livrer à son amant allemand, Oberland ; elle se venge ainsi de ceux qui l’ont un temps maltraitée et humiliée. Cette troisième enquête, sur les traces d’une collaboratrice graciée à tort par de Gaulle, fera sortir les fantômes du narrateur des placards de l’histoire où ils étaient enfouis.

On découvrira peu à peu les motifs que ces trois fils dessinent de plus en plus étroitement. Le motif le plus apparent est celui de la passion amoureuse (« Grand et Délectable Jeu de la Passion. La Joie. Les Tourments. La Douleur ») : érotique et sulfureuse chez la cruelle Mireille Provence, quasi mystique chez les fugitifs, mélancolique entre Livia et le narrateur : cette dernière histoire est la plus complète, mais aussi la plus nostalgique, car le narrateur sait que cette idylle ne durera pas et, au chapitre 31, au milieu du parcours, tout est consommé : le pion se trouve alors sur la case du puits.

Trois femmes finissent par s’enchevêtrer dans la tête du narrateur, même si, après la séparation avec Livia, le narrateur retrouvera un peu de consolation auprès de Raphaëlle, qui a en charge un musée de jeux de l’oie : « La perte de Livia, que Raphaëlle n’a pas pu remplacer malgré son esprit et sa grâce, je sens confusément que c’est elle, Mireille Provence, qui peu à peu la comble » : ironie de l’histoire que l’enquête sur cette meurtrière tourne à l’obsession, au point de prendre la place du tendre dans l’esprit du narrateur.



Outre le motif le plus mystérieux – celui du jeu de l’Oca nera – qui trouvera sa solution à la toute fin du livre, c’est le motif de la mort et de la mémoire qui traverse l’ensemble du texte : « Que reste-t-il d’une vie si l’on s’en tient à sa mémoire ? »

Qu’elle concerne l’Histoire ou les histoires, la mort des témoins ou l’absence de ceux qui les ont vécues en abolit le souvenir : « Rien ne nous empêchera de nous dissoudre. A peine si notre fantôme hantera quelque temps deux ou trois survivants, si notre ancienne apparence flottera sur quelques clichés bariolés qui bientôt pâliront, se troubleront, envahis par une brume colorée à quoi demain nous serons résumés, avant qu’elle aussi ne se dissipe et que, de nous, il ne reste plus rien. »



Tout l’art et l’effort de l’auteur consiste alors à tisser, comme l’épeire sa toile, vérité historique (la lutte anti TAV ou la collaboration), plongée dans les souvenirs familiaux (la déportation de son père ou l’assassinat de son oncle) et invention romanesque pour construire le tombeau (au sens littéraire) de sa mémoire : « Sitôt qu’on s’écarte de la vérité, même de façon minime, qu’on change un nom ou une circonstance, les mots vous entraînent irrésistiblement et, de proche en proche, ils vous inventent une autre vie. Mais, à défaut des détails, j’ai scrupuleusement restitué nos sentiments et j’ai l’espoir, si tu les lis, que mes récits transfuseront en toi » écrit le narrateur à Livia.

Que faire d’autre ? La citation d’Olivier Rolin, en toute fin, comme une sorte de postface, le dit bien : « …. Les témoins meurent, puis ceux qui ont entendu raconter les histoires, le silence se fait, les vies se dissipent dans l’oubli, le peu qui ne s’en perd pas devient roman, qui a ainsi à voir avec la mort. »

A nous, lecteurs, de conserver une trace de ce récit transfusé.



Un pari réussi.


Lien : https://remue.net/florence-b..
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L'oca nera

L’Oca nera est le premier roman d’un auteur, Gérard Cartier, qui a publié une quinzaine de recueils de poésies et obtenu plusieurs prix.

Ce livre est conçu comme un jeu de l’oie, et mêle plusieurs récits qui se répondent. Le chroniqueur, ingénieur responsable du chantier du TGV Lyon Turin, rencontre les opposants aux projets. Lorsque ceux-ci décident d’instaurer la république libre de la Maddanela, il se rappelle que les résistants du Vercors avaient déclaré la république libre du Vercors en juillet 1944. Les récits s’entrelacent et se répondent. On suit dans leur fuite un couple de collaborateurs défait et pathétique ; entre deux séances de travail l’auteur cherche à comprendre le sens des images d’un jeu de l’oie acheté à prix d’or dans une boutique poussiéreuse de Turin, ce qui l’amènera à retrouver de vieux résistants communistes italiens. Cette quête, aussi indispensable qu’inutile, structure le livre et tous les évènements et récits s’y raccrochent, les amours italiennes du chroniqueur, ses recherches sur la mystérieuse espionne du Vercors, Mireille Provence qu’il soupçonne d’être responsable de l’arrestation et exécution de son oncle en 1944. Et derrière tout cela l’image du père, prisonnier en Allemagne mais qui n’en a jamais parlé ou si peu…

Ce livre est un parcours de souvenirs personnels, une réflexion sur le sens de la vie, sur ses grandeurs et ses dérisions. Si la fiction et le rêve sont dans toutes les pages, les circonstances et déroulements des récits sont étayés par des études très fines et pertinentes qui fournissent de nombreux détails aux histoires évoquées, celles des collaborateurs comme des résistants.

On admire le travail de recherche de l’auteur, les connaissances qu’il a acquises et qu’il nous transmet. On y trouve l’anecdote –véridique– des brodequins volés à Roman par les maquisards du Vercors, au cours d’une expédition spécialement montée à cet effet et qui, à la fin, ont trahi ceux qui les portaient. On se remémore cet épisode tragi-comique de l’exil de Pétain et sa clique à Sigmaringen (dont Céline parle dans « d’un château l’autre »), on retrouve la biographie d’un célèbre normalien collaborateur et on se demande comment des intellectuels qui avaient tous les outils pour comprendre ont pu sombrer dans cette fange ? (C’est exactement pour cette raison que De Gaulle a refusé de gracier Brasillach). Mais on retrouve aussi le canard de Vaucanson, extraordinaire automate capable de digérer et déféquer des aliments, et l’auteur nous décrit même par le détail le code de Beltham utilisé pour crypter les messages pendant le dernière guerre. SI l’on ajoute que l’auteur est un amoureux de l’Italie dont il nous fait découvrir la géographie alpine, les œuvres d’art et jusqu’à la gastronomie, on comprendra toute la richesse de ce livre et les surprises qu’il nous réserve.

La construction de ce livre est savante, et si les histoires se croisent, l’auteur donne les clés pour suivre chacune et la reconstituer chronologiquement. Chaque phrase de ce livre est travaillée comme chaque ver d’un poème, avec le souci constant d’être beau à lire et d’évoquer le plus précisément possible ce qui est décrit. Dans l‘extrait ci dessous, le collaborateur en fuite se souvient des horreurs de la guerre de 14-18, qui le marquèrent au point de le rendre pacifiste, et, de façon très contradictoire, l’orientèrent peut-être dans ses choix et firent de lui un épouvantable collaborateur.



« Parmi tant de morts, il revoit ce camarade du 16ème RI découvert sur un arpent de terrain regagné après des semaines de cauchemar, étendu près de son fusil planté en terre, la crosse vers le ciel, béquille instable sur laquelle, la nuit venue, il avait tenté de regagner la tranchée, se traînant entre les lignes jusqu'à s'effondrer là, à trente mètres du salut, trouvant seulement la force de se retourner pour faire face au ciel et regarder une dernière fois glisser les étoiles. La nuit restait prise dans ses yeux, deux petites flaques sombres qui clapotèrent quand on voulut l'arracher à la boue solidifiée pour lui donner une sépulture décente, l'eau coulant de ses orbites vides, le cadavre se mettant à pleurer, toutes les larmes accumulées pendant trois ans, dont rien n'avait pu le délivrer, ni l'épuisement, ni l'effroi, ni les camarades déchiquetés agonisant entre ses bras, s'échappant d'un coup »

Je trouve ce passage, comme tout le livre, très beau, on dirait du Genevoix. L’horreur de la guerre qu’il évoque est tout à fait plausible avec le personnage réel du collaborateur (dont on découvre le nom à la fin du livre)

L’ora nera est un très beau texte, que l’on lit avec plaisir à lire, dans lequel on apprend beaucoup.



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101 poèmes dans le métro

Des poèmes très connus, des poèmes moins connus, quelques perles à découvrir. Un bel ouvrage qui revient sur une action de communication organisée par la RATP dans les années 2000. Parce que la poésie est une nécessité.
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