C'est dans l'encadrement de la porte de la cuisine que surgit Cora, l'épouse du taulier. Une blonde oxygénée qui respire une vulgarité de bon aloi, sanglée dans un pull angora qui moule ses seins 95-D, les jambes nues émergeant d'un short de vinyle blanc.
Le facteur sonne toujours deux fois, Tay Garnett, 1946.
Certes, le fantasme n'est pas une construction purement imaginaire, il ne part de rien. En général, c'est une extrapolation, un enjolivement, voire une sublimation.
Dans le domaine de l'érotisme, les vacillements, incertitudes et confusions sont plus flagrants que partout ailleurs.
Les mécanismes de la mémoire restent des plus mystérieux. Comment distinguer les souvenirs vécus des souvenirs fabriqués comme ceux des "répliquants" de Blade Runner?
La mémoire du cinéphile est malléable, extensible, souvent trompeuse.
Les films dont nous nous souvenons ne ressemblent pas toujours à ceux que nous avons vus.
Ce n'est pas Alain Resnais qui dira le contraire, le cinéma est affaire de mémoire.
En Angleterre, le fantastique n'a pas survécu, et c'est peut-être tant mieux. Une fin brutale est préférable à une dégénérescence
"Il avait la tête du monsieur qu'on croise dans la rue sans se retourner", tel est le leitmotiv de la presse au lendemain de sa mort." Il était un peu notre cousin à tous, précise dans Le Journal du Dimanche le romancier Barjavel. Le cousin marrant chez qui nous avions passé nos vacances à la campagne." Seulement, il pousse ce mimétisme à l'extrême, mine de rien. "Simple comme Bourvil" titre le Figaro, et même "Le génie de la simplicité". Et si cette facilité est si sympathique au grand public, c'est qu'il en perçoit la formidable sincérité, à l'instar d'un Marcel Aymé qui, longtemps réticent, sera conquis : "Sa force provient d'une lacune, il n'a pas appris à tricher."
D'autres films achèvent de distinguer l'homosexualité de la monstruosité à laquelle on l'assimilait jadis. Dans "Je t'aime, moi non plus", de Serge Gainsbourg, c'est une passion amoureuse entre deux éboueurs (Joe Dalessandro et Hugues Quester) qui se séparent pour une jeune barmaid androgyne (Jane Birkin), avant de se réconcilier aux dernières images. Plus tard, on aboutit à la fureur de vivre néoromantique des années 90, celle des "Nuits fauves" de Cyril Collard (1992), dont le discours douteux repose sur la bisexualité assumée du héros. Vivant avec une fille et amoureux d'un fils d'émigrés espagnols, Jean ne peut s'empêcher d'aller draguer sur les quais pour des accouplements sauvages avec des garçons...
Depuis Le Lotus bleu, Tchang Tchong-jen est le meilleur ami de Tintin. Mais ses lecteurs ont longtemps ignoré que le petit Chinois n’était pas seulement un personnage de fiction. Étudiant aux Beaux-Arts à Bruxelles, au début des années 30, il fut le conseiller occulte d’Hergé.
Puis les deux amis se perdirent. Longue séparation que le grand maître de la bande dessinée tenta d’exorciser avec sa quête imaginaire de Tintin au Tibet.
Leurs émouvantes retrouvailles, en 1981, furent un quasi-événement historique.
D’une sérénité inaltérable, ce grand sculpteur se livra au journaliste Gérard Lenne pour raconter sa vie au pays du Lotus bleu. Ses premiers pas de créateur, les soubresauts de la République chinoise, l’agression japonaise, la guerre civile, l’avénement de la République populaire, le tohu-bohu de la Révolution culturelle... Avec lui, nous reparcourons un siècle d’histoire avec le sentiment, partagé par Hergé, de mieux connaître la Chine de cette époque