Pouvez-vous m'assurer que vous ne gardez pas un souvenir attendri de vos années d'école ? ...
Qu'on ait été ou non bon élève, on s'en souvient avec émotion à l'âge où les cheveux blanchissent...ou disparaissent sans espoir de retour !
A l'évocation de ces années où le cholestérol, le stress, n'étaient que des mots vides de sens et pas encore des maux pleins de sens...
Quand il était petit, Vincent croyait que son père cachait un véritable oignon dans le tiroir du buffet. Mais en grandissant, celui-ci apprit que le mot désignait aussi une montre. Une montre que son père semblait couver comme une poule ses poussins...
"Ce midi justement, je vous ai préparé des betteraves... sans oignons !"
Le père lança d'une voie enjouée :
"Montre !"
..."Mais entre nous, mon cher confrère, vous savez, le photo... l'essentiel...est qu'elle soit carrée...ou rectangulaire !
-Tandis que pour moi, l'important est de l'écrire P-H-O-T-O!"
Il attendait les résultats dans la cour du lycée, avec les autres candidats, silencieux au milieu des bavardages de ses condisciples. Il se faisait peu d’illusion, ne croyant pas en sa réussite. Mais il espérait malgré tout. On espère toujours.
Elle ruminait ces sombres pensées en sortant de la classe un midi. Elle se dirigea vers les portemanteaux afin de prendre son vêtement et rentrer chez elle. Elle posait la main sur son manteau lorsqu’elle aperçut, accrochée au portemanteau voisin et presque à cheval sur le sien, la fameuse longe, objet de sa convoitise. La prendre était facile : elle était seule dans le couloir. Mais son honnêteté naturelle s’y opposait. Cependant, cette longe était bien tentante ! De plus, elle touchait son vêtement. Dans sa tête, les idées les plus confuses se bousculaient. Allait-elle la prendre ? La laisserait-elle ? Terrible dilemme pour une gamine de dix ans !
Chaque classe était chauffée par un poêle rustique qu’il fallait sans cesse alimenter en bois. Il s’éteignait pendant la nuit et le matin, lorsque l’instituteur venait l’allumer vers 7 heures, il avait l’impression de pénétrer dans une chambre froide… Une fois même, c’était pendant le terrible hiver 1944-1945, l’encre avait gelé dans les encriers. Quand les enfants arrivaient pour 9 heures, la température n’était pas encore très élevée, mais suffisante pour des petits ruraux habitués au froid.
Pour son premier arbre de Noël, il avait décidé d’aller inviter personnellement chacun des onze conseillers municipaux. Ils seraient certainement sensibles à cet intérêt. Et puis, cela pouvait toujours servir, se disait-il : « Si j’ai besoin de leur appui pour l’école, il me sera certainement accordé plus facilement ! » L’enthousiasme de l’instituteur n’avait d’égal que sa naïveté !
il se pencha au-dessus d’un élève qui écrivait en tirant la langue, plongeant régulièrement sa plume dans un encrier en porcelaine qui avait dû être blanche. Le chemin le séparant du cahier était jalonné de taches violettes, sans doute pour que la plume ne dévie pas de son itinéraire.