Les sociétés contemporaines tout entières ressemblent à un grand bordel triste et sinistre : tout le monde y travaille et y consomme sans joie. Et tout le monde paye, avec l’argent et sur sa peau, le prix. Sans avoir besoin d’être saints, nos contemporains portent sur leurs visages les stigmates douloureux de leur soumission. Chacun, dépaysé, promène son pauvre corps, réifié par tout ce qu’on lui inflige, en arborant le cadavre de sa propre individualité crucifiée, comme s’il était encerclé par une bulle transparente d’incommunicabilité hostile et impénétrable, accompagné par une insurmontable méfiance de l’autre, par un manque de curiosité sans limites, soutenue par une passivité inlassable, une lâcheté active, dans un paysage de vulgarité et d’épouvante.
extrait de http://www.notbored.org/The-Pussy.pdf
Il semblerait que l’époque actuelle se soit donnée pour tâche de contredire ce que disait Hegel, à propos de la philosophie de l’histoire : « L’histoire du monde est le progrès de la conscience de la liberté ». Mais la liberté elle même n’existe que pour autant qu’elle est en lutte avec son contraire — ajoutait-il. Où est-elle aujourd’hui ? Lorsqu’en Italie et en France les gens dénoncent ceux qui n’obéissent pas ?
S’il a suffi d’un simple microbe pour précipiter notre monde dans l’obéissance au plus répugnant des despotismes, cela signifie que notre monde était déjà si prêt à ce despotisme qu’un simple microbe lui a suffi. (avril 2020)
Il me semble que la photo est faite avec le saisir et l'extraire.
La photo étant un art dont la matière première est le temps, comme pour la musique, l’espace et la lumière, comme pour la peinture.
Je sais bien que l'intelligentsia italienne a une quantité de raisons d'être peureuse et malhonnête, je connais même par cœur ses arguments pour se justifier, et jamais je ne songerais à lui refuser la liberté d'être méprisable.
Nous nous plaisons à nous souvenir à ce propos que, bien des années avant la traduction des Grundisse de Karl Marx, notre ami Piero Sraffa, l'éminent économiste, nous fit noter le passage de ce livre qui tranche la question : "Laisser subsister le travail salarié et en même temps supprimer le capital est donc une revendication qui se contredit elle-même, et qui s'auto-détruit."
Eh bien, oui : ce livre contient des secrets d’État. Le fait que ce soient ses propres services secrets qui organisent et tirent les ficelles du terrorisme n'est-il donc pas le principal secret de l’État italien ? Et justement, c'est cela même qui est largement démontré dans Du Terrorisme et de l’État.
Devant un pareil tableau de décomposition du vieux monde, la fausse conscience qui règne encore, mais qui ne gouverne plus, accuse sans vergogne [celui qui se révolte], qui a relancé l'offensive contre la société du spectacle, de ne pas être en mesure de résoudre les questions qui sont à l'origine de sa révolte et à la racine de la crise dans laquelle se débattent les pouvoirs constitués. C'est le contraire qui est vrai : parceque ce dont on l'accuse en réalité, c'est de poser des questions que le pouvoir ne peut résoudre, à partir du moment où c'est le pouvoir lui-même qui est mis en question.
Les syndicats, de leur coté, ne pouvaient s'exposer au péril de se couper des masses travailleuses, en désavouant toutes les grèves qu'ils n'avaient pas voulu entreprendre et qu'ils n'avaient pas pu empêcher.
Ceux qui ne comprennent pas la nécessité de demeurer libres, tout simplement n'ont pas le goût de l'être ; et il faut renoncer à la faire sentir aux esprits médiocres qui jamais n'ont connu ce goût sublime.
Ainsi les masses consomment et regardent ce qu'elles veulent de la diversité qui leur est programmée, mais elles ne peuvent vouloir que ce qui est là.