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Citation de sld09


- Non et non !
Valentin Lesmonnier était assis à table, la tête baissée. Onze heures sonnèrent. Sur la cuisinière, le bouillon débordait de sa casserole et tombait en grosses bulles. De la porte entrouverte, on entendait les poules caqueter. Le soleil brillait, le vent du sud apportait le printemps. Pierrette, debout, faisait face à Valentin qu'elle dominait de son corps massif à l'étroit dans un tablier bleu à fleurs blanches.- Écoute, Valentin, elle est malade, et c'est grave !- Et qu'est-ce que ça change ?- Ça change qu'il faut oublier le passé ! Grégory est ton petit-fils !- Peut-être, mais quand même...Il secoua sa grosse tête chauve entourée d'une couronne de cheveux blancs. C'était un homme sanguin, tout en rondeur, les bras lourds, un estomac volumineux tendait sa salopette bleue. Des joues pleines, un front bombé traversé de rides profondes, un nez un peu empâté sur une moustache grise, des petits yeux noirs d'animal sauvage dénotaient la détermination et l'entêtement de ceux qui n'obéissent qu'à leur volonté. Le regard toujours posé sur la nappe à carreaux jaunes, il dit d'une voix sourde :
- Moi, j'ai pas oublié !
- Mais c'est pas pour elle qu'elle demande quelque chose, c'est pour son fils, Grégory !
- Il a bien un père ! Elle n'a qu'à le lui donner !
- Enfin, son père, tu sais bien que...
Pierrette s'impatientait. Elle non plus n'avait pas oublié, mais l'appel au secours de Nathalie ne pouvait pas rester sans réponse , d'ailleurs, sa décision était prise, elle avait déjà écrit à sa fille et Valentin ne pourrait rien y changer.
- Le passé ne compte plus ! dit-elle, déterminée. Il secoua de nouveau la tête, sombre. Avec les années, le poids de ses propres torts était de plus en plus lourd, et c'était pour cela qu'il en voulait tant à sa fille.
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