Citations de Gilles Ferragu (13)
L'homosexualité de Lyautey est un écueil récurrent pour ses biographes, qui soulignent à l'envi l'homophilie des rapports que Lyautey entretenait avec certains de ses subordonnés comme avec quelques amis proches. [...] De fait, dans le XIXe siècle finissant, la sexualité n'est pas un étendard, encore moins pour un officier issu d'un milieu aristocratique et catholique. Très attentif au souvenir qu'il laisse [...] Lyautey ne s'est pas exprimé sur la question.
Lyautey, héros colonial... l'expression, en soi, peut sembler datée, obsolète, voire réactionnaire : elle relève de l'imagerie héroïque de la colonisation, une imagerie popularisée par la IIIe République, au service d'une "Plus Grande France" en perpétuel chantier.
Aristocrate légitimiste et catholique dans une France fin de siècle, républicaine et plutôt anticléricale, Lyautey ne semble pas à sa place. Faut-il pour autant résumer son portrait à ces seules identités sociales ? [...] Lyautey est plus habile : il sait dissimuler ses affections, conquérir des appuis, ménager des alliances, mettre au service d'une immense ambition son immense habileté.
Les ambitions d'Action directe , ainsi que sa notoriété dépassent largement ses capacités : en effet , Action directe relève plus du groupuscule que de l'organisation. A cet égard, son exploitation médiatique des attentats est pauvre, sa communication s'avère limitée, ses effectifs plus que restreints- moins d'une dizaine d'activisres et une vingtaine de sympathisants, partagés entre un groupe parisien et une branche lyonnaise autonome.
Mais le plus troublant, dans l'expérience de cette terreur et de ses effets, c'est le traumatisme qui s'ensuit....La fin de la Grande Terreur stalinienne -secrète-laisse la société figée dans la peur. Paradoxalement, la guerre fut, pour nombre d'individus, vécue comme une libération.
Le FLN a d'abord été une entreprise de conquête et d'épuration au sein du nationalisme algérien, n'hésitant pas à éxécuter traîtres et tièdes , maniant la terreur et la persuasion dans une logique qui rappelle nombre de groupes terroristes, à commencer par le cercle de Netchaîev.... Mais la cruauté de ces éxécutions-qui passent par les mutilations et l'égorgement- a fini par indisposer, et il incombe au congrès de la Soummam, réuni le 20 août 1956, de revenir sur ces excès pour les interdire.
Aussi , les années 1990 semblent marquées par un terrorisme islamiste résurgent : il se nourrit de jeunes générations frappées par la crise, influencées par l'exemple iranien et le succès des moudjahidin afghans. Ces activistes sont parfois à peine sortis de l'adolescence, d'origine rurale et peu éduqués...un phénomène du reste commun à de nombreux groupes terroristes( tel ETA), qui recrutent de jeunes révoltés plutôt que des jeunes idéologues.
et l'Irgoun , à l'instar de la Haganah est une structure hiérarchisée, une "petite armée"(M Begin) avec un haut commandement , un état major, des sections("Armée de la révolution", "unité de choc", "force d'assaut", "force de propagande révolutionnaire"), des troupes ... en l'occurence , entre 20 et 40 clandestins et des centaines, de milliers des sympathisants.
Le Lehi ne tranche pas seulement avec l'Irgoun dans ses conceptions, il tranche aussi avec lui dans sa structure : "sans fioritures militaires : pas de hiérarchie, pas d'état-major, uniquement un comité central". Ce comité central succède à Avraham Stern en 1942. Il est formé de trois hommes(Nathan Yalin-Mor, Israel Scheib et Yizhak Yezenisky/Shamir) qui dirigent un groupe réduit (une dizaine d'activistes et jamais plus d'une centaine de partisans), lequel se répartit entre plusieurs sections (des unités de renseignement chargées du CID- la brigade criminelle-, des Arabes, des chemins de fer, une branche armée, une unité s'occupant de la radio,une autre du recrutement, une unité finançière , une unité de typographie et une section de jeunes).
Pour de nombreux Soviétiques, la terreur entraîne" la fin de la communication authentique", par crainte des dénonciations. Une inquiétude qui fige et laisse apathique face au danger.
Elle est notamment le fait d'une nébuleuse de groupuscules nationalistes armés plus ou moins soutenus par la Reichswehr, laquelle entend ainsi contourner les exigences du traité de Versailles qui limite l'effectif de l'armée allemande à 100 000 hommes. Ces formations ne reculent pas devant le terrorisme. Qu'on la définisse en bloc par l'expression de Reichschwehr noire ou qu'on en distingue les divers fragments( et, parmi les plus connus, l'organisation Consul), cette nébuleuse aurait provoqué près de 400 attentats.
Alors que les accusations de vols, de violences se multiplient à l'encontre du "bras armé du prolétariat", Lénine , tout en demandant des enquêtes et des sanctions contre les tchékistes mis en cause , en prend la défense en partant d'une règle : "A certains moments, les intérêts du prolétariat exigent l'extermination implacable de ses ennemis."
Le massacre concomitant , de près de 2 000 otages dans les prisons de Petrograd et Moscou confirme les réminiscences de la terreur révolutionnaire française , d'autant que ces tueries continuent jusqu'en octbre 1918, pour un bilan qui approche les 15 000 victimes.