Citations de Gilles Modica (254)
Impossible de ne pas remarquer dans ce groupe conduit par un accompagnateur espagnol, une jeune Suédoise, longue, frêle, aux jambes fines, blonde évidemment, silhouette attendrissante de légèreté dans la caillasse, sous cette chaleur de plomb.
La Corse des montagnes vieillit et se dépeuple en hiver.
Le lac de Nino est le plus grand des lacs corses après le lac du Rotondo : 400 mètres d long, 225 mètres de large, 1 000 mètres d'un périmètre difficile à cerner à cause des pozzines, 6 mois de gel.
Mais ici, au lac de Nino, on respire l'air du Cézallier, ce plateau d'Auvergne réputé pour son froid et ses tourbières.
Sous la neige de novembre qui masquait les pozzines, le lac de Nino m'avait paru moins insolite qu'en ce soir de juin, dans la fraîcheur de ses herbages et le vert intense de ses pozzines.
Les pozzines, ce sont des pelouses tourbeuses, au gazon ras, mou, élastique.
La neige en Corse est aussi dangereuse qu'ailleurs. On l'oublie vite, on l'oublie trop en Corse plus qu'ailleurs.
Les coups de vent nettoient le ciel de la Corse. Les jours et les nuits d'altitude y sont purs de poussière et de pollution, d'une limpidité exceptionnelle.
Il y a des orages secs en Corse, des orages purement électriques, sans tonnerre, aussi dangereux que des orages ordinaires.
Bien boire, c'est bien marcher. Avec le poids du sac, l'eau est le grand souci du marcheur, sa hantise.
L'appel d'un petit duc, cristallin, monte vers les étoiles. Ce hibou petit duc, si souvent écouté dans les nuits en forêt, sous les chênes verts, sous les pins, entre deux sommeils, dans le silence de la nuit, dans la confusion du dernier rêve, c'est le chant profond de la Corse.
Le poids de ce livre dans mon sac me semble insignifiant dès qu'il s'agit de meubler la vacuité d'une attente.
Je me reconnais dans le scepticisme et l'éclectisme de Montaigne, dans sa façon sentencieuse de philosopher, de réfléchir sans jargon, de mêler des arguments, des exemples concrets et des anecdotes, de mobiliser l'histoire au service de ses réflexions, de beaucoup citer, de dire les autres pour mieux se dire et s'affirmer.
La datte a de l'énergie et du goût.
En montagne, plus on marche, moins on mange.
La Corse, c'est la mer et le choix d'un port où ancrer ses premières impressions avant de gagner le coeur de l'île.
La Corse, c'est le sel de la Méditerranée, et ce vent du large qui gagne brusquement les hauteurs de l'île en changeant de sens et de force.
La Corse : arbousiers, chênes verts, chênes-lièges, pins, bruyères arborescentes, cistes de Montpellier aux feuilles minces, et baveuses avec l'arrivée du printemps.
Le vent souffle dans les Alpes.
En Corse, je sens sa colère, je sens qu'il rage.
En Corse, il faut penser au vent avant d'enfoncer la première sardine d'un emplacement apparemment idéal à l'enfourchure d'un col, ou sur une ligne de crête.