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Citation de Charybde2


Pendant une semaine, nous ne parvînmes pas à nous parler. Elle trouva la première le moyen de m’envoyer un message, par une camarade de classe. Je lui répondis. Nous commençâmes à nous rencontrer en cachette.
Nous nous jurâmes que personne ne briserait notre monde.
Et puis vint la peste.
Le vent noir souffla fort, obscurcissant le pas des portes et brisant les contes de fées.
L’épidémie s’annonça pendant l’été, sur les têtes transpirantes des ouvriers qui plantaient des piquets de bois dans la terre molle des Jardins de l’Allaro et sur le visage radieux du propriétaire de l’entreprise, entouré d’une nuée d’ingénieurs et d’amis : le progrès allait arriver, une route couperait les Jardins, la baie et la côte tout entière. Et, avec une autoroute moderne, arriveraient une aire de service et un centre commercial.
Le beau visage bronzé de mon père se rembrunit, sa gaieté, ses blagues, les balades, tout disparut, englouti par l’anxiété.
Au village, en revanche, la bonne humeur se répandit. Une grande entreprise du Nord allait venir avec du travail sûr et des paies plus élevées.
Le patron, on le retrouva mort, dans sa voiture criblée de balles, avant que les pelles mécaniques infligent une blessure contre nature à la terre, dans les Jardins de l’Allaro.
Le son du glas et les cortèges funèbres se succédaient à une cadence hebdomadaire.
La peste se répandit partout, alla de-ci, de-là, et entra dans beaucoup de foyers des parents d’Agnese. Et ce mal noir, nous deux, nous allions aussi en percevoir la présence.
La maladie emporta le vieil Alfonso Therrime.
Les Therrime étaient pour le progrès et avaient monté une entreprise de terrassement prête à s’accaparer une partie des travaux dans les Jardins. Nous rencontrer devint de plus en plus difficile, nous commençâmes à avoir peur pour notre histoire.
Le mal frappa sans pitié, il emporta le père d’Agnese et elle disparut sans même pouvoir m’avertir ; emmenée au loin par sa mère, en même temps qu’Alberto.
Les messagers que nous avions utilisés pour nos rencontres me ramenèrent mes billets, ne sachant pas à qui les remettre. Je le demandai à beaucoup de gens, je le fis sans précaution et, pour la première fois, mon père me parla d’Agnese et de moi. Il me dit que c’était impossible, qu’il fallait que j’arrête de la chercher. Mais il regarda mes yeux et n’exigea pas de promesse.
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