Pour sauver l’honneur – le sien – ma mère expliqua à nos proches que je n’étais pas comme les autres, que mon enfance avait été fertile en maladies, en bizarreries… Bref, qu’il était inutile d’espérer un compromis de raison. Problème réglé, Gisèle ne servirait plus ses frères. « Ni à table, ni dans la chambre, ni jamais ! » avais-je exigé en élevant la voix. L’accord conclu, et un premier potage avalé, je me jetai sur les makrouds – semoule frite farcie de dattes et enrobée de miel – spécialement confectionnés par ma grand-mère pour briser ma grève.