Le père Gleb parlait doucement. Quand il entrait dans la cellule des condamnés à mort, il parlait tellement bas que même moi, qui était dans le couloir, je n'entendais rien, et pourtant la cellule n'était pas grande; je ne tendais pas l'oreille, il est vrai. On était frappé par son calme, son assurance. Il savait qu'il avait raison, il disait ce qu'il pensait.
Souvenirs de Guennadi Nikolaevitch Orechkine, directeur de la prison des Boutyrki.
Dans ce corridor, il y a des cellules étroites où sont enfermés vingt condamnés à mort. J'ai été dans ces cellules et j'ai parlé avec les condamnés qui y étaient détenus. Quelques-uns ont été baptisés.
Avec quelle force le condamné à mort Grigori récitait par cœur le Symbole de la foi dans l'église de la prison.
En parlant avec un autre condamné à mort, je pensais : " Dima, au lieu d'être détenu ici, tu devrais être catéchèse dans le monde des gens libres," Je l'ai préparé au baptême.
Les juges condamnent un homme à être fusillé, et les bourreaux en fusillent un autre, c'est vrai qu'il porte effectivement le même nom.
Dans le couloir n°6, il n'y a pas de vaines conversations. Ici on vit de l'autre côté de la vie. Ici, dans le couloir n°6, on peut apprendre à redouter la mort.
Les moines trouveraient grand profit à travailler ici, dans le couloir n°6.