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Citation de enzo92320


"Le cœur a ses propres raisons que la raison ne connaît pas". Chez les Anglo-Saxons, il est assez courant de considérer les "raisons" du cœur ou de l'inconscient comme des forces, des impulsions, des palpitations à l'état embryonnaire, ce que Freud appelait Trieben. Pour Pascal, qui était français, la question était tout autre, et sans doute pensait-il aux raisons du cœur comme à un ensemble de règles de logique et de calcul aussi précises et complexes que les raisons de la conscience.

(J'ai remarqué que les anthropologues anglo-saxons comprennent parfois mal les écrits de Claude Lévi-Strauss pour cette raison : ils disent qu'il accorde trop d'importance à l'intellect et ignore les "sentiments" ; la vérité est qu'il suppose que le cœur possède des algorithmes précis).

Ces algorithmes du cœur, ou, comme on dit, de l'inconscient, sont cependant codés et organisés de manière très différente des algorithmes du langage. Et comme une grande partie de la pensée consciente est structurée dans les termes de la logique du langage, les algorithmes de l'inconscient sont doublement inaccessibles. Ce n'est pas seulement que l'esprit conscient a difficilement accès à ce matériel, mais aussi que lorsque cet accès est obtenu, par exemple dans les rêves, l'art, la poésie, la religion, l'ivresse et autres, un formidable problème de traduction subsiste.

[...]

Les Anglo-Saxons qui trouvent ennuyeuse l'idée que les sentiments et les émotions sont les signes extérieurs d'algorithmes précis et complexes, se voient généralement répondre que ces matières, c'est-à-dire les relations entre soi et les autres et entre soi et l'environnement, sont en fait le contenu de ce que l'on appelle les "sentiments" : amour, haine, peur, confiance, anxiété, hostilité, etc. Ces abstractions, qui se réfèrent à des structures de relation, ont malheureusement reçu un nom dont l'utilisation suppose généralement que les "sentiments" se caractérisent principalement par leur intensité plutôt que par une structure précise. Ces abstractions, qui se réfèrent à des structures de relations, ont malheureusement reçu un nom dont l'utilisation suppose généralement que les "sentiments" se caractérisent principalement par leur intensité plutôt que par une structure précise. C'est l'une des étranges contributions de la psychologie à une épistémologie déformée.
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