Ce petit livre est une réédition récente, enrichie de notes principalement biographiques, d'une étude publiée en 1930 par Maurice Guérive, avocat dans la petite cité charentaise de Barbezieux (ville natale, entre autres, des écrivains Jacques Chardonne et Philippe Besson) et historien à ses heures. Le sujet de cette étude concernait une affaire qui défraya la chronique locale au début du XIXe siècle : la mort accidentelle d'une jeune femme de bonne famille qui se serait tuée en manipulant le fusil, malheureusement chargé, de son mari. Celui-ci fut soupçonné d'avoir assassiné son épouse mais blanchi par la justice. Plus de cent vingt ans après les fait, Maurice Guérive, persuadé de la culpabilité du mari mais respectueux de l'autorité de la chose jugée, reprit l'enquête à partir des archives disponibles sans parvenir à dénicher des preuves formelles de son intime conviction. Ses recherches lui fournirent aussi l'occasion de brosser un tableau sociologique particulièrement bien documenté de sa ville à l'époque de Napoléon, description rigoureuse mais rédigée dans un style plaisant et non dénué de traits d'humour : de l'amante du mari (car il en avait une) il dit par exemple qu'elle "avait un prénom dont les jeunes gens de notre époque trouveraient peut-être les syllabes difficiles à murmurer dans un baiser à une maîtresse : elle s'appelait Hipsipille". De même, détaillant les belles demeures bourgeoises de la rue Orgueilleuse (qui ne conserva pas ce nom donné sous la Révolution) et les boutiques bordant les rues adjacentes, il évoque cette enseigne « qu'un débitant [de boissons] avait fait mettre sur sa devanture : "Vins provenant des crues de Gironde" »...
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