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4.08/5 (sur 19377 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bordeaux , 1976
Biographie :

Laetitia Colombani est une réalisatrice, actrice, scénariste et écrivaine française.

Après deux années de classe préparatoire Cinésup à Nantes, elle entre à l’École Nationale Supérieure Louis Lumière. Elle obtient son diplôme en 1998.

Elle écrit et réalise des courts-métrages, puis deux longs-métrages : "À la folie... pas du tout" (2002) avec Audrey Tautou, Samuel le Bihan et Isabelle Carré, qui remporte le Prix Sopadin Junior du Meilleur Scénario, puis "Mes stars et moi" (2008) avec Kad Merad et Catherine Deneuve. Elle est également comédienne à la télévision et au cinéma, dans une douzaine de longs métrages, dont "Cloclo" de Florent Emilio Siri, sorti en 2012.

Son premier roman "La tresse" paraît chez Grasset en mai 2017, il relate l'histoire de trois femmes à la destinée différente, au Canada, en Sicile et en Inde. Le roman remporte de nombreux prix dont le 40° Prix Relay des Voyageurs Lecteurs, le Trophée littéraire 2017 des Femmes de l’Économie et le Globe de Cristal 2018 du premier roman. Il s'est vendu à un million d'exemplaires en France et a été traduit en trente-cinq langues. Il a également été décliné en album jeunesse, "La tresse ou le voyage de Lalita" (2018), dessiné par Clémence Pollet. En 2022, l'adaptation cinématographique de "La tresse" a été réalisée par Laetitia Colombani.

Elle publia en 2019, son deuxième roman, "Les victorieuses", qui, comme le précédent, eu un grand succès public. Comme dans "La tresse", le féminisme est au cœur du récit. L'album pour enfant "Les victorieuses ou le palais de Blanche" parait en 2021.

Son troisième roman "Le Cerf-Volant" est publié en juin 2021 chez Grasset et se vend à 400 000 exemplaires. En 2021, Laetitia Colombani joue, au théâtre Édouard-VII, dans une pièce qu'elle a écrite, "Le Jour du Kiwi".

En septembre 2023, "Le voyage de la tresse" parait aux éditions Grasset. Journal de bord du film "La tresse", le livre est illustré de plus de 200 photos. L'auteure-réalisatrice y raconte le tournage sur les trois continents et le travail d'adaptation de la page à l'écran.

page Facebook : https://www.facebook.com/p/Laetitia-Colombani-Auteur-100049722473563/
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Source : tqtfr Wikipedia Grasset
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Entretien avec Laetitia Colombani à propos de son roman La tresse


05/05/2017

On suit, tout au long de votre roman La tresse , le parcours de trois femmes : Smita, une mère Dalit, c`est à dire une Intouchable, Julia une jeune Sicilienne, et Sarah, une avocate ambitieuse. Qu`est-ce qui réunit ces trois femmes et qu`est-ce qui vous intéressait dans leurs parcours respectifs ?

Je voulais construire mon récit autour de trois personnages féminins qui, en apparence, n’ont rien en commun. Smita, Giulia et Sarah ne vivent pas sur le même continent, elles n’ont pas la même culture, ni la même religion. Elles ne parlent pas la même langue, n’ont pas le même niveau social, ni la même situation familiale. Elles n’appartiennent pas au même type de société, mais chacune, à sa manière, est enfermée, cantonnée à un rôle qu’on lui a assigné. Chacune endure une forme de discrimination. Ce qui va les réunir, au delà de ces différences, c’est cette pulsion de vie, cet élan qui va les porter à conquérir une forme de liberté.


Smita, la première femme que l`on rencontre dans votre roman, vit en Inde et est donc une Intouchable. Sa vie, très difficile dans le roman, reflète-t-elle celle que vivent aujourd`hui des millions d`Intouchables en Inde ? Leurs conditions de vie sont elles toujours aussi difficiles au XXIème siècle ?

J’ai effectué de nombreuses recherches pour la partie indienne de mon récit. Je suis moi-même allée en Inde il y a quelques années, et ai visionné des dizaines d’heures de documentaire sur la condition des Intouchables là-bas - et des femmes en particulier. Ce qu’ils endurent est inimaginable. Pour eux rien n’a changé au fil des siècles, le système des castes les maintient dans une très grande précarité. Certes le gouvernement fixe des quotas de places réservées dans l’administration et les universités, mais malgré cela, la discrimination perdure. L’histoire de Smita est fictionnelle, mais toutes les situations décrites sont inspirées d’événements réels. C’est terrifiant.


Si Julia connaît un drame vers le début du roman, elle découvre également l`amour et le passage difficile à l`âge adulte. Selon-vous, sont-ce les chocs, les bouleversements extérieurs qui nous font grandir ?  

Je voulais peindre le portrait d’une jeune fille qui va devenir une femme. La transformation de Giulia s’effectue à travers deux événements : la perte (symbolique puis réelle) du père, et sa rencontre avec un homme étranger, porteur de valeurs différentes de la société traditionaliste et patriarcale qu’elle connait. Cette ouverture au monde, Giulia l’a en elle depuis toujours puisqu’elle est une « dévoreuse » de livres, une autodidacte qui « voyage » à travers les romans qu’elle emprunte à la bibliothèque. C’est d’ailleurs là qu’elle recroise Kamal, l’homme sikh qui va changer sa vie. Sa rencontre avec lui, et les épreuves qu’elle traverse vont la faire grandir, la révéler à elle-même.


Sarah connait également un grand bouleversement dans une vie millimétrée qui ne laissait pourtant rien ni au hasard ni aux surprises. Comprenez-vous ses choix de tout sacrifier pour le travail ? Est-ce d`ailleurs un choix ou une obligation pour elle, dans son monde professionnel où seuls peuvent briller les hommes ? 

A travers le portrait de Sarah, j’ai voulu illustrer le profond dilemme de nombreuses femmes de notre société occidentale, et l’écartèlement permanent dans lequel elles vivent. Elles doivent être des mères parfaites, des épouses modèles, assumer toutes les tâches domestiques et réussir brillamment leur carrière. C’est une position intenable. La société leur demande trop, et ne leur fait pas de cadeaux. On pardonne à un homme de délaisser son foyer pour se consacrer à son métier ; pas à une femme.  Pourtant, dans le milieu professionnel où évolue Sarah, elle n’a guère le choix. Elle porte ce corset invisible dont parle si bien Eliette Abecassis. Elle est écartelée, coupée en deux, comme de très nombreuses femmes que je connais. Je ressens une profonde empathie pour ce personnage.


Pourquoi avoir précisément choisi trois femmes comme personnages principaux ?

Je suis moi-même une femme, une épouse, une mère. En tant qu’écrivain, j’avais envie de parler de ce que c’est qu’être une femme dans le monde d’aujourd’hui. J’ai puisé mon inspiration en observant les femmes de mon entourage. Certaines d’entre elles sont de véritables héroïnes, qui livrent dans leur vie quotidienne des combats titanesques. Je les aime et je les admire. Je voulais leur rendre hommage dans ce livre.


On découvre le lien qui les unit toutes les trois à la fin du roman. Le titre de votre roman y prend alors tout son sens. L`entrelacement de la vie de ces trois femmes a-t-il toujours été au centre de votre roman et de votre écriture ? 

Oui, j’ai de suite conçu mon récit comme un entrelacement. Je ne voulais pas écrire trois nouvelles, trois récits indépendants mais bien un roman, une seule œuvre tissée de ces trois portraits. Pour moi, le lien entre ces femmes, au-delà des cheveux, est un lien de solidarité, de fraternité. Il y a quelque chose qui passe entre elles, une forme d’espoir, d’énergie. Dans Angels in America, Tony Kushner évoque « a web, a great net of souls », qu’on peut traduire par « un grand filet d’âmes » ; j’aime beaucoup cette idée que les êtres sont reliés les uns aux autres, d’une manière symbolique.


Si l’on vous connaît comme actrice, réalisatrice ou encore scénariste, La tresse est votre premier roman. Qu`est-qui vous a motivé à prendre la plume et écrire non pas un scénario mais un roman ? 

J’avais envie d’une autre forme d’écriture, qui me permettrait plus de liberté que l’écriture scénaristique. Enfant et adolescente, j’ai beaucoup écrit de poésie, j’ai même gagné un concours à l’âge de quinze ans. Cela fait vingt ans que je développe des scénarii, et je crois que la musique des mots me manquait. Un scénario n’est pas une œuvre en tant que tel, dans le sens où il n’est pas destiné à être lu mais à être filmé. Il faut entrer, au sens propre comme au sens figuré, dans un cadre. Et puis il y a les contraintes de la production, de l’industrie cinématographique… J’ai découvert dans l’écriture romanesque une très grande liberté. J’ai adoré ! Et j’ai très envie de continuer.


Laetitia Colombani et ses lectures


Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

Mon plus ancien souvenir de lecture remonte au roman Le Petit Prince, que me lisait mon père le soir. Il avait gardé une très vieille édition de son enfance. Je crois que j’ai moi-même commencé à écrire des histoires à cette période là.


Quel est l`auteur qui vous a donné envie d`arrêter d`écrire (par ses qualités exceptionnelles...) ?

J’ai eu le souffle coupé en découvrant Mrs Dalloway de Virginia Woolf. Ça a été un grand choc. Une telle virtuosité, un tel talent… Elle est dans l’invention permanente. Elle incarne pour moi le génie littéraire à l’état pur.


Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

J’ai lu L`amant de Marguerite Duras lorsque j’avais quinze ans – l’âge de l’héroïne du roman. La musique des mots de Duras m’a envoutée. « Regardez moi, j’ai quinze ans »… je connais des passages entiers par cœur, je ne m’en lasse pas. C’est comme un air de musique entêtant qui ne vous quitte pas.


Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

L`amant, pour la raison citée plus haut. Et aussi Les Heures de Michael Cunningham… Je crois que ces deux romans ont profondément marqué ma vie de lectrice.


Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Belle du Seigneur d’Albert Cohen. J’ai aimé Solal pourtant, le premier volet de la tétralogie…


Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

Elle n’est pas vraiment méconnue car le livre a eu du succès à sa sortie, c’est le premier roman d’Hugo Boris Le baiser dans la nuque… Un magnifique portrait de femme et une histoire d’amour puissante et singulière. La lecture de ce livre m’a habitée pendant des années, au point que j’ai décidé de le porter à l’écran.


Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Bonjour tristesse de Sagan… Je ne suis jamais vraiment parvenue à rentrer dedans…


Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». C’est une citation de Mark Twain que j’adore. Je l’ai d’ailleurs placée à la fin de mon livre.


Et en ce moment que lisez-vous ?

Comme beaucoup de monde en ce moment (!), je lis la saga d’Elena Ferrante  L`amie prodigieuse, tome 2 : Le nouveau nom. Et je relis La Promesse de l`aube… pour le plaisir…



Entretien réalisé par Pierre Krause


Découvrez La tresse de Laetitia Colombani aux éditions Grasset :


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"Amazone : vient du grec "mazos" : mamelle, précédé du "a" : privé de. Ces femmes de l'Antiquité se coupaient le sein droit, pour mieux tirer à l'arc. Elles formaient un peuple de guerrières, de combattantes à la fois craintes et respectées, qui s'unissaient aux mâles des peuplades voisines pour se reproduire, mais élevaient leurs enfants seules. Elles employaient des hommes pour assurer les tâches domestiques. Elles menaient de nombreuses guerres, dont elles sortaient souvent vainqueurs."
p190
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Elle sait qu'ici, dans son pays, les victimes de viol sont considérées comme les coupables. Il n'y a pas de respect pour les femmes, encore moins si elles sont Intouchables. Ces êtres qu'on ne doit pas toucher, pas même regarder, on les viole pourtant sans vergogne. On punit l'homme qui a des dettes en violant sa femme. On punit celui qui fraye avec une femme mariée en violant ses sœurs. Le viol est une arme puissante, une arme de destruction massive. Certains parlent d'épidémie.[...]
Smita a déjà entendu ce chiffre, qui l'a fait frissonner : deux millions de femmes, assassinées dans le pays, chaque année. Deux millions, victimes de la barbarie des hommes, tuées dans l'indifférence générale. Le monde entier s'en fiche. Le monde les a abandonnées.
p91-92
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Sarah se souvient de cette femme, dans l'ancien cabinet où elle exerçait, qui venait d'être promue associée et qui, à l'annonce de sa grossesse, s'était vue destituée, renvoyée au statut de collaboratrice. C'était une violence sourde, invisible, une violence ordinaire que personne ne dénonçait.
p37
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Elle évoque cette femme Dalit parvenue au sommet de l'Etat, Kumari Mayawati, aujourd'hui la plus riche femme du pays. Une Intouchable devenue gouverneur ! On dit qu'elle se déplace en hélicoptère. Elle n'a pas courbé l'échine, elle, n'a pas entendu que la mort les délivre de cette vie, elle s'est battue, pour elle-même, pour eux tous. [...] cette femme qui s'est élevée en prêchant la cause des Dalits n'en a plus rien à faire d'eux. Elle les a abandonnés.Elle vole dans les airs et eux rampent dans la merde, voilà la vérité !
p94
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Au médecin, elle ne demande pas ses chances, elle refuse de réduire son avenir à une statistique. Certains veulent savoir, elle pas. Elle ne laissera pas les chiffres s'immiscer en elle, dans sa conscience, dans son imaginaire, ils seraient capables de proliférer, comme la tumeur elle-même, de saper son moral, sa confiance, sa guérison.
p85
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Epilogue

Mon ouvrage est terminé.
La perruque est là, devant moi.
Le sentiment qui m'envahit est unique.
Nul n'en est le témoin.
C'est une joie qui m'appartient,
le plaisir de la tâche accomplie,
la fierté du travail bien fait.
Tel un enfant devant son dessin, je souris. (...)


Je dédie mon travail à ces femmes,
Liées par leurs cheveux,
Comme un grand filet d'âmes.
A celles qui aiment, enfantent, espèrent,
Tombent et se relèvent, mille fois,
Qui ploient mais ne succombent pas.
Je connais leurs combats,
Je partage leurs larmes et leurs joies.
Chacune d'elles est un peu moi. (...)
[p. 221-222]
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Les médias l'évoquent rarement, le viol des femmes sans-abri n'est pas un sujet présentable. Pas assez chic pour passer au journal de 20 heures, lorsque la France est à table. Les gens n'ont pas envie de savoir ce qui se passe en bas de chez eux lorsqu'ils ont fini de dîner et vont se coucher. Ils préfèrent fermer les yeux.
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Smita sent son coeur se serrer. Elle a aimé cet homme, s'est habituée à sa présence rassurante auprès d'elle. Elle lui en veut de son manque de courage, de ce fatalisme amer dont il a recouvert leur vie. Elle aurait tant voulu partir avec lui. Elle a cessé de l'aimer à l'instant où il a refusé de se battre.
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Pour être crédible, il faut avoir l'air occupé, tout le monde le sait.
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"Une femme libre est exactement le contraire d'une femme légère"
Simone de Beauvoir
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