Pour le reste, l'historien (tel que je le conçois du moins) ne sait rien du christianisme « réel ». II laisse le soin aux théologiens ou aux moralistes de nous dire ce qu'il est et qui en est, s'ils l'osent. Saint Augustin au début du Ve siècle disait que les frontières de I'Église visible ne recoupaient pas celles de l'Église invisible, que certains qui étaient apparemment « dehors » étaient en réalité « dedans », et inversement, même s'il estimait malgré tout qu'il devait bien y avoir un certain rapport de proportion entre les deux, sans quoi l'institution ne servirait à rien. Pour l'historien, le chrétien est simplement celui qui se déclare tel et qui s'efforce de se mettre en règle avec ce qu'il estime être les devoirs de son état. Moyennant quoi, il me semble que les courbes de pratique à la manière de Boulard, avec leur austérité de bon aloi, continuent d'avoir des choses à nous apprendre sur notre monde et, pourquoi pas - qui sait ? -, sur nous-mêmes.